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Samedi, 27 Avr. 2024

L’Union Européenne à genoux devant la Turquie d’Erdogan

Auteur : Gilles Devers | Editeur : Walt | Mardi, 08 Mars 2016 - 21h30

La semaine dernière, tout était simple : Erdogan était un dictateur qui voulait imposer la charia à la Turquie, et ce pays ne méritait que l’opprobre pour combattre sans réserves les Kurdes, gérer en sous-main le passage des djihadistes vers la Syrie, organiser le trafic du pétrole de DAECH, briser l’opposition politique et bafouer la liberté de la presse, jusqu’à prendre le contrôle du principal journal d’opposition.

Je pars quelques jours sous les tropiques, et là changement de décor : la Turquie du sympathique Ahmet Davutoglu, le Premier ministre, est devenue notre meilleure amie, et dès cet été, les ressortissants turcs seront libérés de la charge du visa. Les discussions pour l’adhésion de la Turquie sont relancées, cette fois-ci sur des bases crédibles. Et pour ce qui est des atteintes aux droits de l’homme, elles ont disparu. C’est magique…

Un deal immoral qui se joue sur le marché de la misère humaine – une denrée inépuisable – mais surtout de l’égoïsme maladif des Européens : « Nous sommes le représentant des valeurs chrétiennes, mais de là à accueillir les pauvres, faut quand même pas exagérer ».

C’est donc la Turquie qui devient le douanier de l’Europe, le gardien de ses principes humanistes, et c’est en fonction de son action que l’espace Schengen sera préservé ou non. L’avenir de l’Europe dépend de la Turquie, c’est un fait. Euh, je rectifie : les « élus par erreur » qui dirigent l’Europe, et qui ne redoutent rien de plus que leur opinion publique, tentent de gagner quelques années d’exercice de plus au pouvoir en dégageant les pauvres.

Le schéma est simple : la Turquie est embauchée comme garde-frontière de l’Europe. Les dirigeants européens abandonnent leurs évidentes responsabilités, alors que l’Union Européenne reste la première puissance économique dans le monde, et que par ses amours irraisonnés avec le radicalisme étasunien, elle a entériné la destruction du Moyen-Orient, de l’Afghanistan à la Libye.

La Turquie devient donc que la tête de pont de l’Europe et de son attachement aux droits fondamentaux, tendance 2016 : payer des milliards pourvus que les pauvres dégagent.

La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde, avec trois millions de réfugiés, et les conditions sont plus que rudes. Amnesty International résume : « Il est inacceptable d’attendre d’un pays qui accueille déjà trois millions de réfugiés qu’il assume entièrement la responsabilité des réfugiés et demandeurs d’asile. » La Turquie avait obtenu 3 milliards d’euros, mais elle en demande 3 milliards de plus d’ici 2018.

Payer pour ne pas avoir à gérer les réfugiés, et bloquer la route des Balkans, ce serait une démission absolue devant les règles de droit. L’heure est grave.


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