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Les monarchies du Golfe déclarent officiellement "terroriste" le Hezbollah

Auteur : OLJ | Editeur : Walt | Jeudi, 03 Mars 2016 - 14h23

La crise s'est aggravée mercredi entre le Hezbollah et l'ensemble des monarchies arabes du Golfe qui ont classé comme "terroriste" le mouvement chiite proiranien, acteur-clé au Liban et soutien du régime de Bachar l-Assad en Syrie.

Cette mesure est intervenue au lendemain d'un virulent discours du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a accusé l'Arabie saoudite, chef de file du Conseil de coopération du Golfe (CCG), d’œuvrer pour une "sédition entre musulmans sunnites et chiites".

"Les Etats du CCG ont décidé de classer organisation terroriste la milice du Hezbollah, y compris tous ses dirigeants, factions et associations", a annoncé Abdellatif Zayani, secrétaire général du groupement régional formé de l'Arabie saoudite, du Qatar, de Bahreïn, du Koweït, des Emirats arabes unis et d'Oman.

M. Zayani a justifié dans un communiqué cette mesure par "la poursuite des actions hostiles de cette milice qui recrute les jeunes (du Golfe) pour perpétrer des actes terroristes". Il a accusé le Hezbollah de "trafic d'armes et d'explosifs, de sédition et d'incitation au chaos et à la violence, ce qui constitue une flagrante violation de la souveraineté et de la sécurité" des monarchies arabes.

Cette mesure, la première du genre prise collectivement par les pays du CCG, intervient dans un contexte de forte tension entre ces monarchies sunnites et le Hezbollah, accusé de servir de tête de pont à l'Iran chiite et de s'ingérer dans les affaires des pays arabes.
La tension s'est cristallisée autour du conflit en Syrie où l'Iran et le Hezbollah soutiennent M. Assad, combattu par une rébellion appuyée par les monarchies du Golfe.

Mesures de rétorsion

L'Arabie saoudite a été pendant longtemps un grand allié et bailleur de fonds du Liban avant que le Hezbollah ne s'y impose sur la scène politique à partir de 2005. Ce dernier est désormais accusé par ses détracteurs de mainmise sur le pays et d'utiliser son arsenal comme moyen de pression pour contrôler toutes les décisions du gouvernement. Sa participation à la guerre en Syrie est fustigée par plusieurs forces politiques libanaises.

"Les exactions du Hezbollah dans les pays du CCG et ses actes terroristes et d'incitation en Syrie, au Yémen et en Irak (...) sont une menace pour la sécurité nationale arabe", a dit M. Zayani, en annonçant de prochaines mesures "appropriées" contre le mouvement sans préciser lesquelles.

Les monarchies arabes ont jusqu'ici réagi individuellement au Hezbollah, soupçonné d'ingérence à Bahreïn, théâtre de troubles sporadiques depuis le soulèvement chiite de 2011, mais aussi de complicité avec les minorités chiites en Arabie saoudite, au Koweït et au Yémen.

Hassan Nasrallah accuse lui l'Arabie saoudite de commettre des "crimes" au Yémen où elle dirige depuis près d'un an une coalition arabo-sunnite contre des rebelles proiraniens. Le saccage le 2 janvier de l'ambassade saoudienne à Téhéran par une foule en colère après l'exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr al-Nimr a accéléré les mesures de rétorsion.

Réagissant à la décision du CCG, le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, a estimé mercredi que "le Hezbollah exerce des activités dans la région qu'il ne devrait pas exercer. Tout cela a abouti à la classification du parti en tant que « terroriste » par les pays du CCG". Et d'ajouter: "Personnellement je n'ai pas à approuver une décision du CCG. Il faut se rappeler que depuis longtemps, le Hezbollah est classifié « terroriste » par les Etats-Unis et l'Union européenne (sa branche militaire dans ce cas). Mais cela n'a pas d'impact sur la scène locale". Ahmad Fatfat, député haririen, a lui estimé que "celui qui commet des actes terroristes sera classifié comme tel".

Relations avec l'Iran

Avant de le classer groupe "terroriste", le royaume saoudien avait demandé en février à ses ressortissants de quitter le Liban, déconseillé tout voyage dans ce pays, suspendu des programmes d'armements de 4 milliards de dollars au profit de Beyrouth et sanctionné des sociétés liées au Hezbollah.

Par solidarité, les autres monarchies du CCG, à l'exception d'Oman, ont également demandé à leurs citoyens de quitter le Liban. Les Emirats ont réduit leur personnel diplomatique à Beyrouth. Ces riches monarchies pétrolières, qui comptent d'importantes communautés libanaises de différentes confessions, y compris chiite, avaient dès juin 2013 pris des sanctions contre des membres du Hezbollah en représailles à l'intervention armée du mouvement en Syrie.

Au-delà des tensions avec le Hezbollah, c'est le grand rival iranien qui est dans la ligne de mire de l'Arabie saoudite qui a rompu ses relations avec Téhéran après le saccage de sa chancellerie.

Le Hezbollah, ou parti de Dieu, a été créé par les Gardiens de la révolution iraniens dans les années 1980. Financé par Téhéran, il est le seul parti libanais à ne pas à avoir déposé les armes après la guerre civile (1975-1990). Les Etats-Unis, le Canada et l'Australie considèrent ce mouvement comme une organisation "terroriste". Sa branche armée a été classée comme telle par l'Union européenne.


- Source : OLJ

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