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Un 11 septembre à la française ? Les services se disent impuissants à le prévenir

Auteur : NOVOpress | Editeur : Walt | Samedi, 03 Oct. 2015 - 13h59

Ce n’est pas la première fois que la sonnette d’alarme est tirée. Cette fois, c’est l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic qui nous avertit : l’État islamique envisage une attaque en France de grande envergure. « Le pire est devant nous ». Des propos corroborés par les professionnels du renseignement. Tous sont très inquiets de l’indigence des moyens de lutte antiterroriste.

Dans un entretien accordé à Paris Match, Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste n’y va pas par quatre chemins :

La menace est à un niveau maximal, jamais atteint jusqu’alors. D’abord, nous sommes devenus pour l’État islamique [EI] l’ennemi numéro un. La France est la cible principale d’une armée de terroristes aux moyens illimités.

L’attaque sur Charlie Hebdo filmée en direct

La France est une cible de choix, toujours en pointe dans le combat contre le djihad, prônant laïcité et/ou revendiquant des racines chrétiennes, livrant des armes à des pays « mécréants » et soutenant Israël… les prétextes ne manquent pas.
C’est de plus une proie facile, explique Trévidic, du fait de la simplicité opérationnelle de renvoyer de Syrie en France des volontaires aguerris, des Européens, membres de l’organisation, qui peuvent revenir légalement dans l’espace Schengen et s’y fondre avant de passer à l’action.

Il est de plus clair pour lui que les escarmouches que nous avons subies ne sont que le début. Les frères Kouachi étaient « en route » pour une campagne d’attentats, qui n’a été stoppée que par la perte de la carte d’identité de l’un d’eux, déclenchant une chasse à l’homme qui leur a été fatale. Des propos confirmés par un responsable de la lutte antiterroriste, s’adressant de manière anonyme à l’AFP :

seules la chance et la maladresse opérationnelle des auteurs des dernières attaques, comme celles de Villejuif ou du train Thalys, ont permis l’arrestation des apprentis-djihadistes

explique-il.

Marc Trévidic raconte de son côté qu’il a démantelé une filière menaçante l’an dernier : « J’ai fait neutraliser un réseau de djihadistes très dangereux qui voulait créer un commando de dix “Merah” autonomes, opérant simultanément sur l’ensemble du territoire. » Des affaires comme celles-ci, les services en ont plein les cartons, mais pour eux comme pour l’ancien juge antiterroriste, le pire est à venir.

Le thermomètre grimpe. Pour l’instant, nous avons eu des attentats de cour de récréation, s’inquiète le professionnel du renseignement.

Pour Trévidic la crainte est celle d’une attaque de grande ampleur :

Et puis, il reste « le prix ­Goncourt du terrorisme » à atteindre, et je fais là référence aux attentats du 11 septembre 2001 [...]. Je n’imagine pas un instant qu’un homme tel qu’Abou Bakr ­al-Baghdadi et son armée vont se satisfaire longtemps d’opérations extérieures de peu d’envergure. Ils sont en train de penser à quelque chose de bien plus large, visant en tout premier lieu l’Hexagone.

Des policiers du RAID en intervention.

Les professionnels du renseignement ont d’autres craintes. Ils estiment que des commandos de tireurs aguerris pourraient faire de vrais massacres dans les lieux publics.
« Les modes opératoires ont changé : avant on mettait des bombes. Aujourd’hui il faut tenir dans le temps, pour que les médias puissent s’accrocher à l’événement, le diffuser en direct pour un maximum de publicité »
Leur plus grande crainte : une attaque dans un grand magasin, à l’instar de celle du centre commercial Westgate à Nairobi, en septembre 2013, qui a fait 68 morts au terme de quatre jours de siège.

Un autre professionnel du renseignement parlant sous couvert d’anonymat confirme

Jusqu’à aujourd’hui, on a eu les peintres en bâtiment. Ce qu’on craint vraiment, ce sont les professionnels qui vont suivre.

Pour l’expert Yves Trotignon, ancien de la DGSE, même son de cloche : « le danger peut venir d’une équipe plus ou moins grosse de gars qui viennent de théâtres d’opérations où ils se sont aguerris, peut être la Syrie, peut être la Libye […] Face à ça, il faut bien le dire, les services sont submergés.

Un avis partagé par tous, mais c’est Marc Trévidic qui apporte l’analyse la plus glaçante : « Nous ne sommes plus en mesure de prévenir les attentats comme par le passé. On ne peut plus les empêcher. Il y a quelque chose d’inéluctable.» La raison :

Les moyens affectés à la lutte antiterroriste sont clairement devenus très insuffisants. On frise l’indigence à l’heure où la menace n’a jamais été aussi forte. Sentinelle, Vigipirate [ne résolvent] rien […] ils se déplacent la menace.

Bref, les professionnels confirment ce que tout un chacun pressentait : on ne fait pas une politique à coups d’effets d’annonce et de dispositifs de communication. Vigipirate est de ceux-là, avec de plus l’effet négatif d’épuiser les forces de sécurité en tâches stériles. Et on ne pourra pas éternellement compter sur la chance, l’amateurisme des terroristes ou le courage des citoyens pour nous protéger.


- Source : NOVOpress

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