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Sanctions : la Slovaquie ne suivra pas l'UE comme un « mouton qu'on conduit à l'abattoir »

Auteur : Gaïané Khanova | Editeur : Walt | Samedi, 30 Août 2014 - 00h57

La guerre commerciale déclenchée par l’Union européenne contre la Russie divise le monde politique slovaque y compris celui du plus haut échelon.

Les journaux locaux affichent à la une : « Président Kiska versus premier ministre Fico ». Les intérêts économiques ne doivent pas primer les valeurs fondamentales que sont la liberté et la démocratie, insiste le chef de l’Etat alors que son premier ministre charismatique ne mâchent pas ses mots pour défendre une position contraire. La Slovaquie ne suivra pas l’Union européenne comme un « mouton qu’on conduit à l’abattoir », déclare le chef du gouvernement. Et d’ajouter qu’adopter des sanctions sans en analyser les conséquences est suicidaire et que les sanctions sont déjà revenues en boomerang.

Ce sont les petits et moyens agriculteurs slovaques qui seront les premiers touchés, estime l’économiste, professeur de l’Université paneuropéenne de Bratislava Vladimir Batchichine.

« La surabondance des marchandises que connaît le marché européen se répercutera sur celui slovaque, conduira à l’effondrement des prix (le prix d’achat des pommes est déjà en train de baisser), mettra sur la paille les petites et moyens entreprises, explique le professeur Batchichine. Il y avait de fortes craintes quant à la filiale de la banque russe Sberbank à Bratislava qui est le premier établissement de crédit au pays. La Slovaquie et l’Autriche ont conjugué leurs efforts pour éviter que les filiales de Sberbank à l’étranger tombent sous le coup des sanctions. Et c’est formidable ! Parce que cette banque a accordé un énorme prêt d’un montant de 870 millions d’euros à la société Slovenske Elektrarne. Si elle avait cessé ses activités en Slovaquie, cela aurait été une véritable catastrophe ».

Les opposants aux sanctions évoquent également le préjudice direct que celles-ci pourraient porter à la défense nationale la collaboration russo-slovaque étant très poussée dans le domaine militaire. Il y a aussi le préjudice indirect que les sanctions portent à l’économie slovaque. Si, par exemple, l’Allemagne, l’Italie ou la France limitent leur commerce avec la Russie, les entreprises de ces pays réduiront leurs commandes passées aux entreprises slovaques. Le troisième paquet de sanctions antirusses aura par ailleurs pour l’effet de faire baisser le taux de croissance jusqu’à 1% en 2015 contre 3,1% prévus.

« La Slovaquie, bien qu’elle soit Etat membre de l’Union européenne, essaye de mener une politique étrangère relativement autonome, explique Vladimir Batchichine. Tous ne sont pas d’accord, le monde politique slovaque est divisé. Il y a beaucoup de ceux qui se trouvent sous l’influence de l’interprétation limitée des événements en Ukraine. Les médias sont transformés en instruments de propagande. C’est toujours ainsi lorsqu’une guerre oppose deux parties. Mais les hommes politiques, ce ne sont pas sur les spéculations qu’ils doivent s’appuyer mais sur les faits. La meilleure solution de toutes est celle diplomatique. Toutes les parties doivent toutefois afficher leur volonté de négocier. On voit pourtant que l’Ukraine privilège la solution militaire de la crise dans les régions de Donetsk et de Lougansk. Je ne sais pas comment elle veut adhérer à l’Union européenne, si elle rejette la volonté de sept millions de ses habitants qui constituent la minorité russe ? On ne comprend pas comment elle entend respecter les standards européens dans ses affaires intérieures qui prévoient qu’une minorité doit se voir garantir les mêmes droits que la nation constitutive de l’Etat. Est-ce par la force de ses armes qu’elle compte assurer le respect de ces standards-là ? »


- Source : Gaïané Khanova

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