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Vendredi, 17 Mai 2024

Si on laissait « vraiment » parler Poutine ?

Auteur : Thibaut Ronet | Editeur : Walt | Dimanche, 08 Juin 2014 - 01h36

L’interview de Vladimir Poutine réalisée par TF1 et Europe 1 est un magnifique exercice de censure et de désinformation.

Cette petite exclusivité qui se voulait un temps fort du journalisme et un événement attendu s’est transformée en révélateur des maux qui frappent notre système d’information au point de devenir totalement contre-productive. Car nos médias traditionnels n’ont toujours pas compris une chose : internet est un formidable outil de réinformation et il est loin le temps où des journalistes figés dans le formol pouvaient asséner tout et son contraire. Les citoyens s’approprient l’information, recherchent les sources, débattent et comparent.

Il paraissait inimaginable que des Russophones ne s’emparent de cette interview, d’autant plus que les médias Russes ont mis cet échange en ligne, dans sa version intégrale. La première faute de TF1 se situe donc ici. En expurgeant des passages entiers où Monsieur Poutine parle d’humanisme, de droits de l’homme et d’autodétermination des peuples, la première chaîne a clairement voulu construire son programme à charge.

La traduction approximative ensuite, volontaire ou pas (malhonnêteté dans un cas, incompétence dans l’autre), a fini de fournir des gros titres au journaux. Selon TF1, Poutine aurait déclaré qu’il ne “valait mieux pas débattre avec une femme” alors que la traduction exacte de ce proverbe Russe est “il ne vaut mieux pas se chamailler avec une femme”. Cela change tout, surtout en replaçant la phrase dans son contexte, à savoir sa réaction aux propos de Hillary Clinton qui le compare à Adolf Hitler. Une réponse somme toute extrêmement mesurée comparée à la véhémence de ces insultes à l’encontre d’un chef d’État.

Je ne peux que conseiller la lecture intégrale de cette interview qui est aux antipodes de la mascarade diffusée par TF1. Une interview qui permet de nous éclairer quant aux défis que doit affronter la Russie, son état d’esprit et la redéfinition nécessaire des alliances dans ce nouveau monde.

Au-delà de ça, et pour pousser un peu plus loin la réflexion, il serait intéressant de se poser les bonnes questions. Sans être un russophile acharné, force est de constater que plus le temps passe moins nous partageons de valeurs communes avec notre cousin naturel, les États-Unis d’Amérique. A contrario, nous avons en face de nous une Russie qui tente de protéger un certain mode de vie, une culture et des traditions. Nous partageons la plupart de ces valeurs. Nous aussi nous sommes un peuple qui refuse de disparaitre, sacrifié sur l’autel d’un multiculturalisme débridé. Celui que l’on a désigné comme “ennemi” a fait avancer la situation en Syrie, quand nos dirigeants jouaient les va-t-en-guerre face à Bachar Al Assad. Or aujourd’hui, les Djihadistes qui reviennent sur notre sol ne sont pas du côté de Bachar Al Assad…
Ce pays est en train de redevenir un acteur incontournable sur la scène internationale et pour des raisons pseudo-idéologiques nous nous détournons de ce partenaire indispensable.

Il nous faut sortir de cette parodie de géopolitique.

Nous nous sommes beaucoup moqués de Gerard Depardieu demandant un passeport russe mais prenons garde à ne pas être obligés de faire de même dans quelques années…


- Source : Thibaut Ronet

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