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Vendredi, 17 Mai 2024

Israël courtise les chrétiens arabes face au monde musulman

Auteur : L'Orient Le Jour | Editeur : Stanislas | Jeudi, 22 Mai 2014 - 15h36

Israël, qui s'apprête à recevoir le pape François, cultive sa minorité arabe chrétienne pour la convertir à sa cause face aux musulmans, majoritaires dans un Moyen-Orient en proie à des conflits confessionnels. Cette offensive de charme s'est récemment cristallisée sur les appels à la conscription volontaire lancés pour la première fois par l'armée auprès des jeunes Arabes chrétiens. Les chrétiens seulement, pas les musulmans.

Elle s'est aussi traduite par une loi controversée qui, initiative sans précédent en Israël, établit une subdivision entre citoyens arabes de confession musulmane et chrétienne face aux discriminations à l'emploi. « Nous avons beaucoup en commun avec les chrétiens. Ils sont nos alliés naturels, un contrepoids aux musulmans qui veulent détruire le pays de l'intérieur », a expliqué le parrain de cette législation, Yariv Levin, député du parti Likoud de Benjamin Netanyahu. Un discours qui s'inspire de la rhétorique néoconservatrice du « choc des civilisations », à laquelle est sensible « Bibi l'Américain », proche de la droite républicaine aux États-Unis et ami des évangélistes sionistes.

« Il y a de fait une dégradation significative de la condition des chrétiens au Moyen-Orient », remarque le professeur Gabriel Ben-Dor, directeur du Centre d'études de sécurité nationale à l'Université de Haïfa. « C'est donc le bon moment pour Israël d'améliorer le sort de sa minorité chrétienne, car celle-ci est aujourd'hui davantage motivée à coopérer avec l'État juif. Et cela améliorerait grandement la réputation internationale d'Israël », a-t-elle précisé.

Diviser pour régner
La réaction des Églises ne s'est pas fait attendre, au moment où le Saint-Père – soucieux du sort des chrétiens d'Orient – accomplit son premier pèlerinage, œcuménique mais aussi politique, en Terre sainte. L'Église grecque-orthodoxe a révoqué un de ses prêtres de Nazareth, principale ville arabe d'Israël, le père Gabriel Nadaf, qui avait encouragé très publiquement les jeunes Arabes chrétiens à s'enrôler dans l'armée afin de « servir le pays où ils vivent, qui les protège et dont ils sont citoyens à part entière ».

Au nombre de 1,4 million de personnes, dont 130 000 chrétiens, la minorité arabe représente 20 % de la population. En butte à des discriminations, notamment en matière d'emploi et de logement, à l'exception d'une classe aisée, elle descend des 160 000 Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948. Le patriarcat latin de Jérusalem est également monté au créneau contre la décision de l'armée qui espère attirer bientôt un millier de recrues chrétiennes dans ses rangs, contre une centaine actuellement.

« Le principal problème, c'est que ces chrétiens sont palestiniens », a souligné le patriarche émérite Mgr Michel Sabbah, premier Palestinien à diriger l'Église catholique de Jérusalem (1988-2008). « Si on s'accepte comme palestinien, on ne va pas dans une armée qui maintient l'occupation ou qui tue des Palestiniens », a jugé Mgr Sabbah.

« Il s'agit clairement d'une tentative de diviser la minorité arabo-palestinienne en Israël », déclare l'analyste politique Wadie Abou Nassar, qui prédit « un succès très limité » de cette politique. Quant à la « stabilité dans un Moyen-Orient agité » que fait miroiter Israël aux chrétiens, tentés par l'exil, elle repose sur une fausse sécurité, argue cet ancien porte-parole de l'épiscopat catholique de Terre sainte. « Faire la paix avec les Palestiniens et offrir la pleine égalité à tous ses citoyens sont les meilleures garanties pour l'avenir d'Israël dans la région », plaide M. Abou Nassar.


- Source : L'Orient Le Jour

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