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Lundi, 29 Avr. 2024

Dette souveraine de la France : appelons un chat, un chat

Auteur : Jean-Pierre Palazo | Editeur : Walt | Samedi, 30 Mars 2024 - 14h33

La dette chronique

L’objectif de la loi de finances pour 2024 était de ramener le déficit à 4,4% du PIB (après 4,9% en 2023), le gouvernement avait décidé de faire des économies d’un montant de 10 milliards d’euros en réduisant le budget 2024. Pourtant, malgré tous ces effets d’annonces, le déficit semble une fois de plus, plus élevé que prévu et supérieur à 5% en 2023.

Cela fait plus de 50 ans que le budget de la France n’est plus à l’équilibre :

À la fin du dernier trimestre 2023, la dette publique de notre pays se montait à 3.088,2 milliards d’euros selon l’INSEE, soit une augmentation de 41,3 milliards d’euros (après une augmentation de 34,5 milliards d’euros au trimestre précédent).

La loi de finances 2024 passée grâce au 49.3 et donc sous la seule responsabilité de la majorité actuelle prévoyait que le besoin prévisionnel de financement de l’État atteindrait 295,8 milliards d’euros, du fait principalement d’un déficit budgétaire de 144,4 milliards d’euros et de 156,4 milliards d’euros d’amortissement de dette à moyen et long terme venant à échéance en 2024.

Et l’UE dans tout cela

La France est également bien au-dessus de la moyenne des déficits des vingt-sept (82,6%) de l’UE, avec une dette qui atteint 111,9% de son PIB, soit plus de 3 000 milliards d’euros. À l’inverse, l’Estonie (18,2%) et la Bulgarie (21%) présentent actuellement les taux d’endettement les plus faibles au sein de l’UE.

Droite Gauche ou Centre

Pourtant certains me diront que tout cela est lié à une gestion de la droite ou de la gauche. En êtes-vous bien sûr ? ce diagramme montre le contraire :

Aujourd’hui, fin mars 2024, Bercy avoue que pour 2024 le déficit sera à 5,6% du PIB au lieu de 4,9%, donc alourdi de quelques 20 milliards d’euros, remettant en cause sa trajectoire de réduction.

Comparer des choux à des carottes

Alors si la dette de la France est égale à la différence cumulée des budgets de l’État et donc une différence entre les dépenses et les recettes perçues grâce aux impôts et taxes, pourquoi alors comparer notre déficit ou notre dette au PIB de la nation.

N’est-il pas stupide d’ainsi mettre dans l’équation des choux face à des carottes ?

En effet, le PIB, soit le produit intérieur brut aux prix du marché, vise à mesurer la richesse créée par tous les agents, privés et publics, sur un territoire national pendant une période donnée. Il représente le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes. En deux mots l’état français n’en dispose pas à son gré. Soyons donc plus rigoureux et comparons le déficit et la dette à nos recettes fiscales.

Les recettes fiscales

Voici les chiffres des recettes de l’État par type d’impôts en France pour l’année 2023 :

Recettes fiscales brutes : 470,6 milliards d’euros

  • Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) : 176,3 milliards d’euros
  • Impôt sur le revenu : 113,4 milliards d’euros
  • Impôt sur les sociétés : 86,8 milliards d’euros
  • Enregistrements, timbres, autres contributions et taxes indirectes : 40,2 milliards d’euros
  • Autres impôts directs et taxes assimilées : 31,4 milliards d’euros
  • Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques : 18,3 milliards d’euros
  • Autres impôts directs perçus par voie d’émission de rôles : 2,4 milliards d’euros
  • Contribution sociale sur les bénéfices : 1,6 milliard d’euros

En somme, les recettes totales nettes du budget général (après déduction des remboursements et dégrèvements) sont projetées à 349,4 milliards d’euros en 2023, avec une augmentation de 5,2% par rapport à l’année précédente.

Il est important de noter que ces chiffres sont des évaluations révisées pour l’année 2023 (source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381416)

Tout ceci signifie donc que si nous consacrions la totalité de nos recettes fiscales au remboursement de la dette il nous faudrait : 3088,2 milliards € / 349,4 milliards € = 8 ans et 10 mois pour la rembourser en nous privant de tous les services de l’état.

Capacité à prélever l’impôt et consentement à l’impôt de nos citoyens

Le fort niveau de recouvrement de l’impôt et, pour l’instant, un bon consentement à l’impôt de nos concitoyens rassurent nos investisseurs étrangers et les incitent toujours à racheter notre dette. Les trois agences de notation n’ont pas encore dégradé la note de la France.

Toutefois avec un taux de prélèvement obligatoire de 45,7% en 2022 selon l’INSEE et malgré l’instauration tambour battant du prélèvement à la source au 1er janvier 2019 , il faudra certainement s’attendre à quelques grincements de dents.

Même si nos classes moyennes supérieures ont encore les moyens de se résigner bon gré mal gré à payer davantage, les faux prétextes liés à la transition climatique, l’aide à l’Ukraine ou les conséquences liées aux sanctions contre la Russie auront du mal à convaincre la France périphérique et des territoires.

Il nous faut toutefois considérer que les deux derniers occupants de l’Élysée on fait très fort en termes d’augmentation de nos prélèvements obligatoires :

Conclusion

Alors, pour parodier une célèbre émission de radio : «Stop ou encore» ?

Bien sûr personne ne niera ces chiffres et tout le monde espère que l’argent miracle existe !

Néanmoins les responsables qui nous gouvernent, des plus stupides aux plus instruits, savent qu’un jour le système craquera et que la crise emportera sur son passage vos liquidités, vos pensions de retraite, votre pouvoir d’achat avec un impôt et une inflation impitoyables.

Tout le monde fait semblant de regarder ailleurs en espérant un miracle. Que voulez-vous, comme dirait Bossuet : «Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes».


- Source : Stratpol

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