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Samedi, 18 Oct. 2025

L’administration Trumpanyahou sabote déjà le cessez-le-feu

Auteur : Caitlin Johnstone | Editeur : Walt | Vendredi, 17 Oct. 2025 - 15h26

Je ne sais pas qui a inventé l’expression selon laquelle un cessez-le-feu israélien signifie «vous cessez et nous tirons», mais elle s’avère à chaque fois d’une justesse redoutable.

Les forces de défense israéliennes auraient tué neuf Palestiniens qui tentaient de rentrer chez eux aujourd’hui, sous le prétexte habituel qu’ils se déplaçaient dans une zone non autorisée d’une manière qui faisait se sentir les troupes menacées, bla bla bla. Ils ont fait cela tout le temps pendant le précédent «cessez-le-feu» au début de l’année, en utilisant exactement les mêmes excuses.

Comme nous l’avions spéculé l’autre jour, Israël a annoncé qu’il allait réduire de moitié l’aide qu’il accorde à Gaza et interrompre les livraisons de carburant et de gaz parce que le Hamas n’a pas rendu les corps de tous les otages israéliens morts. Israël savait parfaitement, lorsqu’il a signé l’accord, que le Hamas ne serait pas en mesure de livrer immédiatement les corps de tous les otages en raison des décombres et du chaos causés par la campagne de bombardements israéliens à Gaza.

Le 9 octobre, CNN a publié un article intitulé «Israël estime que le Hamas pourrait ne pas être en mesure de restituer tous les corps des otages restants», qui rapportait que «le gouvernement israélien est conscient que le Hamas pourrait ne pas connaître l’emplacement des restes de certains des 28 otages décédés restants, ou être incapable de les récupérer».

La Croix-Rouge affirme que retrouver tous les corps des otages sera un «défi colossal» dans les décombres laissés par les frappes aériennes israéliennes dans les zones où les otages étaient détenus.

Jeremy Scahill, de Drop Site News, explique que «lors des négociations à Gaza, Israël avait compris qu’il faudrait du temps pour récupérer tous les corps des otages décédés. Un mécanisme spécifique pour la récupération des corps avait été convenu. Aujourd’hui, Israël fait comme si cela n’avait jamais eu lieu afin de pouvoir violer l’accord et réduire de moitié les livraisons d’aide humanitaire convenues».

Mondoweiss a rapporté la semaine dernière que les médias israéliens en langue hébraïque avaient affirmé qu’une «clause secrète» de l’accord de cessez-le-feu permettrait à Israël de reprendre ses attaques si les corps des otages décédés n’étaient pas rendus dans un délai de 72 heures.

Il semble donc que cela ait été prévu dès le début. Créer des obligations dont Israël savait que le Hamas serait incapable de les remplir, puis s’en servir comme excuse pour reprendre le massacre.

Et le président Trump semble être d’accord avec cela, postant sur Truth Social que «Un lourd fardeau a été levé, mais le travail N’EST PAS TERMINÉ. LES MORTS N’ONT PAS ÉTÉ RESTITUÉS, COMME PROMIS !»

«On nous a dit qu’ils avaient 26, 24 otages morts… et il semble qu’ils ne les aient pas, car nous parlons d’un nombre bien inférieur», a déclaré Trump à la presse mardi, ajoutant : «Je veux qu’ils soient rendus».

 

Trump a également déclaré à la presse que le Hamas allait devoir être désarmé de force, ce qui revient à admettre ouvertement que tout ce spectacle de «cessez-le-feu» est une imposture.

«S’ils ne désarment pas, nous les désarmerons, et cela se fera rapidement et peut-être violemment», a déclaré Trump mardi.

Cette déclaration correspond aux récents commentaires de Benjamin Netanyahou, qui a déclaré que le Hamas serait désarmé «de manière facile» ou «de manière difficile».

Le président et le Premier ministre indiquent clairement que pour que les négociations de cessez-le-feu aboutissent à une paix durable, le Hamas devra se rendre complètement et Israël devra remporter une victoire totale. Ils présentent cela comme un accord de cessez-le-feu alors qu’il s’agit en réalité d’un accord de capitulation totale, et le Hamas a clairement indiqué qu’il ne se rendrait pas.

Comme l’explique Drop Site News, «en réalité, les hauts responsables du Hamas, du Jihad islamique et d’autres factions de la résistance ont rejeté à plusieurs reprises le désarmement tout au long des négociations, notamment dans de multiples interviews accordées à Drop Site au cours de l’année écoulée».

Une grande partie de la confusion qui entoure aujourd’hui le cessez-le-feu dans le discours public tient au fait qu’il existe deux idées contradictoires sur ce qu’est le cessez-le-feu et ce qu’il signifie. Les partisans d’Israël pensent que «cessez-le-feu» signifie «victoire totale et capitulation complète du Hamas», tandis que tous les autres pensent que «cessez-le-feu» signifie cessez-le-feu.

C’est pourquoi les partisans d’Israël célèbrent l’accord tandis que les partisans de la Palestine sont beaucoup plus inquiets. Les partisans de la Palestine comprennent qu’un cessez-le-feu et une capitulation sont deux choses différentes, et voient Trump et Netanyahou déclarer que le Hamas devra se désarmer complètement si les négociations de «cessez-le-feu» doivent aboutir à une paix durable. Ils comprennent que les positions intransigeantes et mutuellement exclusives de l’administration Trumpanyahou et du Hamas risquent de s’exacerber, ce qui pourrait entraîner la reprise de l’holocauste de Gaza.

Ainsi, malgré tous les applaudissements et le tapage médiatique autour du cessez-le-feu, la situation actuelle ne semble pas avoir beaucoup changé. Depuis le début de ce génocide, la position officielle de l’État des États-Unis et d’Israël est que les tueries ne cesseront pas tant que le Hamas n’aura pas déposé les armes et capitulé, et cette position reste inchangée aujourd’hui. Il y a certes une pause bien nécessaire dans le massacre, mais l’équipe Trumpanyahou indique clairement qu’elle va reprendre sous prétexte que le Hamas refuse de désarmer.

Et cela en supposant que les négociations aillent aussi loin ; Israël fait déjà tout ce qu’il peut pour saboter le cessez-le-feu en assassinant des Palestiniens et en réduisant considérablement l’aide qu’il avait promise.

À moins d’un changement significatif dans un avenir proche, même cette faible réduction des atrocités commises par Israël à Gaza ne devrait pas durer.


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