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L’insurrection des Gilets-jaunes et la nouvelle société qui vient

Auteur : Jean-Yves Jézéquel | Editeur : Walt | Mercredi, 07 Août 2019 - 18h48

En octobre 2018, une femme de Seine-et-Marne, Priscillia Ludosky, en prenant l’initiative d’une pétition contre la hausse du prix des carburants, signait l’acte de naissance du mouvement de révolte des « Gilets-jaunes » relayé par Éric Drouet appelant, quant à lui, à une mobilisation générale le 17 novembre suivant. Cette mobilisation allait, comme une traînée de poudre, flamber sur toute la France jusqu’aux Départements d’Outre-Mer et Territoires d’Outre-Mer, avant de provoquer des répliques identiques successives sur d’autres pays et continents. Cette annonce de la hausse importante du prix des carburants par le Gouvernement n’était en soi que la « goutte qui allait faire déborder le vase ».

Cette révolte était déjà très attendue, par un certain nombre d’entre nous, depuis au moins le 4 février 2008.

Bien entendu, seules les « élites » du Pouvoir en place ont été « surprises et décontenancées » par cette flambée soudaine de contestation venue de nulle part et s’avérant incontrôlable, les réseaux sociaux ayant été l’unique instrument de la coordination d’une révolte dont le caractère informel était d’emblée déroutant pour l’Exécutif habitué et entraîné depuis 40 ans à identifier les têtes et à les neutraliser aisément par les arrangements financiers et politiciens bien connus par chacun d’entre nous. Nous avons tous encore à l’esprit l’histoire exemplaire d’ArcelorMittal, à Florange en octobre 2011 et des suivantes tout aussi exemplaires…

Si cette explosion de la colère présente a pu se faire si vite, c’est parce qu’elle couvait sous les cendres des mouvements sociaux répétitifs précédents qui s’étaient vus anéantis par la surdité politique des castes du Pouvoir en place, ayant imposé à toutes les Nations Européennes le silence absolu, par la dictature constitutionnelle de l’Union Européenne (les peuples n’ont pas écrit la Constitution et n’ont pas voté unanimement son adoption).

Cette grande colère était là tapis dans l’ombre depuis le jour où Sarkozy avait décidé au Congrès de Versailles le 4 février 2008, la modification de la Constitution française pour imposer aux Français la Constitution Européenne déguisée en « Traité de Lisbonne », alors qu’ils avaient massivement voté « non » à ce projet européen, dévoyé de son objectif d’origine, au referendum du 29 Mai 2005.

Depuis les accords de la Jamaïque en 1976 se sont succédées, de manière ininterrompue, les décisions politiques arbitraires des « élites », se traduisant dans le concret pour les plus modestes d’entre nous, par les violences sociales extrêmes infligées sans ménagement aux populations dépouillées de leur souveraineté. 

Une cascade de lois liberticides votées sous le bon prétexte de « la lutte contre le terrorisme », allaient compléter ce tableau des injustices sociales incluant les injustices fiscales répétitives et allant toujours en s’aggravant avec le temps. Dans la logique du « Traité de Lisbonne » qui est la Constitution Européenne, l’État français allait en réalité transférer la souveraineté nationale à Bruxelles. Un Pouvoir supra national dominait désormais toute la vie politique des pays européens sans jamais demander leur avis aux peuples européens. Pour obéir aux directives de Bruxelles, et se voulant une « locomotive » de l’Union Européenne, l’État français, quant à lui, allait adopter la seule manière de dresser les Français à « l’amour de leur soumission », en rendant permanent, c’est-à-dire « constitutionnel », « l’état d’urgence » ainsi décrété ad vitam aeternam pour les citoyens de la Patrie des Droits de l’Homme et donnant raison à un autoritarisme ignorant l’idée même de démocratie, cet État policier macronien qui pratique actuellement tous les abus spécifiques des dictatures, avec la suppression quasi intégrale des libertés publiques essentielles. Depuis « l’affaire des Gilets-jaunes », nous constatons, en effet, que nos libertés fondamentales ont été vigoureusement anéanties par une pratique de l’arbitraire particulièrement déconcertante pour un pays comme la France des droits de l’homme!

Pour comprendre les motivations et le fond des revendications essentielles prenant forme actuellement en France à travers la révolte soudaine et prolongée des Gilets-jaunes, il faut revisiter toute l’histoire politique française et européenne sur quelques années en arrière et dégager de cette histoire des faits marquants passés qui expliquent la révolte présente: les raisons fondamentales de la colère. La révolte nationale des gilets-jaunes commencée en octobre 2018 avait déjà été annoncée par la révolte des Bonnets-rouges localisée en Bretagne à partir d’octobre 2013. 

La contestation actuelle s’explique par des causes bien identifiées. Nous allons parcourir un certain nombre de ces causes pour comprendre la légitimité de la mobilisation actuelle et les revendications qui lui sont associées.

Pour atteindre cet objectif, nous allons reprendre la chronologie des faits liés aux Gilets-jaunes, dates après dates, et voir où cette révolte nous conduit finalement…

Aujourd’hui le mouvement insurrectionnel se poursuit et il n’est pas prêt de s’arrêter, compte tenu de la surdité politique totale des « élites » au pouvoir. On peut même dire que la violence extrême d’une guerre civile latente couve sous les cendres de la répression policière et judiciaire démesurée et illégitime…

Dès que l’incident de trop aura éclaté, et tout semble indiquer que cet « incident » est volontairement préparé, la colère ne sera plus maitrisable et la France, à l’image de Notre Dame de Paris, se mettra à flamber dans toute sa largeur et dans toute sa longueur avant même qu’on puisse parvenir à éteindre l’incendie allumé depuis si longtemps et couvant sous des cendres brûlantes.

Toutes les mutations majeures de l’histoire se sont faites à travers les crises et les guerres, les destructions et les reconstructions.

Nous sommes arrivés à un point de rupture dans lequel l’entropie et la néguentropie sociétales ont mis en route la réorganisation suivante pour une nouvelle civilisation se dessinant déjà, bien au-delà de la simple volonté des hommes. Les Gilets-jaunes sont le « symptôme » de cet instant « T » advenu, le « doigt tendu » indiquant la nouvelle voie qui est là.

Ce qui se passe donc du côté des « élites » au pouvoir, c’est qu’elles ont les yeux rivés sur le doigt tendu et ne voient pas ce que ce doigt s’évertue à indiquer pourtant clairement. Le Pouvoir aurait dû ouvrir les yeux sur ce qu’il ne voulait surtout pas voir et c’est pourquoi il a voulu crever les yeux de ceux qui l’obligeaient à regarder dans la bonne direction! 

Les Gilets-jaunes ne sont pas une fin en soi, ils sont le signe, la manifestation d’un accouchement qui se fait en ce moment, celui de la nouvelle société qui vient. Nous allons voir ce que sera cette nouvelle société qui est déjà là mais qui va entraîner l’ancienne dans un raidissement défensif désespéré, car le monde du capitalisme parasitaire financier dominant n’est celui que d’une minorité, alors que les Gilets-jaunes représentent les 80% de tous ceux qui galèrent en permanence pour avoir le droit de vivre ou simplement qui tentent de vivre décemment en s’éloignant d’une survie chronique organisée pour le grand nombre par les privilégiés du système qui ne veulent en rien partager les fruits du travail de tous.

Tout est désormais en place pour la guerre civile en France (et sans doute en Europe), puisque les « profiteurs d’en haut » minoritaires, veulent camper sur leurs positions ultra libérales pendant que l’écrasante majorité qui souffre depuis 40 ans en silence, a désormais cessé de se soumettre au joug des dominants et des prédominants. Ce signe fort et déterminé a été envoyé aux oligarchies totalitaires de l’Union Européenne, à travers les actes courageux et répétés des Gilets-jaunes. Compte tenu de la surdité exceptionnelle des Pouvoirs, il va de soi que l’issue sera fatalement la guerre, les massacres en perspective, la répression par les milices du fascisme ultra libéral déjà bien engagées et approuvées par les Castaner et Cie, félicitées par Macron. Face au comportement de mépris affiché par ce Pouvoir en place, il faut donc s’attendre à la réplique naturelle des maltraités, si le pas suivant était malheureusement franchi comme Thiers l’avait fait contre les insurgés de la Commune de Paris, entre le 21 et le 28 mai 1871…

Les observateurs sentent bien que c’est l’étape suivante qui se profile, compte tenu du comportement « collabo » du pouvoir judiciaire et celui criminel des milices de Macron, condamnées par les instances internationales. Même Jacques Attali qui a fabriqué Macron, a pris la parole dans l’Express du 11 mai 2019 pour avertir son poulain que la dérive totalitaire engagée allait prochainement avoir des conséquences désastreuses « violentes » pour les Français et le reste de l’Union Européenne.

Le sujet des « Gilets-jaunes » ne s’arrête donc pas à ce mouvement insurrectionnel franco français: il annonce la mutation en cours et la fin du modèle unipolaire occidental et capitaliste.

Introduction du nouveau livre de Jean-Yves Jézéquel qui paraîtra dans quelques jours en France.


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