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Deux nouvelles provocations du clan de l’hégémon globaliste néo-libéral euro-américain dans l’espace de l’ex-URSS

Auteur : Rostislav Ichtchenko | Editeur : Walt | Samedi, 29 Juin 2019 - 17h13

Deux évènements, à savoir, la désignation de « coupables » dans la catastrophe du MH17 par la Commission d’enquête internationale (JIT) chargée de l’affaire et la violente réaction d’une partie de la population géorgienne à Tbilissi contre la tenue de l’Assemblée parlementaire orthodoxe dirigée par un Russe, sont parfaitement imbriqués. Ils nous montrent que le clan occidental mondialiste dont le méga-projet est d’asseoir sa suprématie sur toute la planète avec sa vision du monde néo-libérale et mercantile se poursuit, voire prend de l’ampleur alors que le « clan du multilatéralisme » semble attirer de plus en plus peuples et nations divers en quête de souveraineté.

Ci-après vous pouvez prendre connaissance de ces deux évènements pour les comprendre à travers la traduction d’un article de Rostislav Ichtchenko écrit en russe et paru sur le site ukraina.ru le 21/06/2019.

L’article original en russe : https://ukraina.ru/opinion/20190621/1023981131.html

La traduction s’inscrit dans la lutte nécessaire à mener contre « l’information bullshit (expression du philosophe américain Harry Frankfurt désignant l’information délivrée par les médias mainstream à partir de l’Euro-Amérique absolument éloignée de la vérité, utilisant le mensonge et l’approche virtuelle pour perdre les esprits. Nous sommes parfaitement entrés dans le monde orwellien de 1984).

L’auteur de l’article, Rostislav Ichtchenko, est ukrainien. Il a décidé de vivre à Moscou en 2014 suite au coup d’Etat de Maïdan. Il est Président du « Centre d’Analyse Systémique et de Pronostics ». Il est journaliste, politologue, publiciste, diplomate et historien.

L’article est traduit par mes soins.

Marc Barnovi

Traducteur littéraire, spécialiste des relations internationales et de la Russie-Eurasie

***

L’affaire du MH17 et l’imitation du coup de Maïdan en Géorgie : provocations des globalistes

La Commission d’enquête internationale (JIT : Joint Investigation Team) créée aux Pays-Bas s’est chargée pendant cinq ans d’enquêter sur la catastrophe du vol MH17 survenu dans le ciel de l’Ukraine en 2014.

Chaque été, la veille de l’anniversaire de cette tragédie, la commission en rend compte de manière peu enthousiaste, chaque fois en soupçonnant très fortement les miliciens du Donbass d’avoir (avec l’assistance de la Russie) abattu le « Boeing » malaisien. En 2016, il est parfaitement clair que même si les Etats-Unis abattaient tous les « Boeings » dans le monde et accusaient de cela la Russie, les positions de Moscou ne changeraient absolument pas.

©InoSMI

Cela explique d’ailleurs pourquoi une partie de l’élite américaine s’est réorientée après la politique globaliste d’Obama-Clinton vers celle, nationale, de Trump. Cette élite a poussé sa candidature aux élections présidentielles. Cela explique également que les Hollandais ont fait en sorte de ne pas trop se presser et de ne pas trop en faire dans  « l’enquête » sur la catastrophe.

Ils ont clairement fait durer le temps dans le but, à terme, de pouvoir enterrer la provocation américaine, « pour prescription » de l’affaire. Ils ont également tardé à remettre les résultats des investigations à la Malaisie qui est scandalisée depuis longtemps que les enquêteurs malaisiens ne soient pas admis au sein de la commission d’enquête, bien que c’est un de ses avions qui a été abattu.

Missiles Bouk sur un lanceur

Et puis voilà que soudain, cette année, de manière inattendue, l’équipe hollandaise « internationale » identifie des suspects en chair et en os, à savoir quatre personnes, des Russes et des ukrainiens, qui auraient acheminé en RPD (République populaire de Donetsk) (1) le « Bouk » (2) russe qui a abattu l’avion. On a tout de suite commencé à évoquer les préparatifs du tribunal pour juger les « coupables » de l’affaire même si des soupçons ne sont pas des preuves. On peut soupçonner n’importe qui alors qu’un juge a besoin, lui, de faits.

Néanmoins, il paraît évident qu’après avoir dit « A », la commission dira ensuite « B », après avoir auditionné les « suspects », ce qui est formellement obligatoire.

D’autre part, la liste des « personnes suspectes » peut être élargie à volonté en remontant jusqu’à la haute direction russe. En effet, faire passer une frontière à un « Bouk » nécessite obligatoirement toute une opération au niveau de différents ministères. Seule, la partie militaire peut prendre une telle décision. Il s’agit du Ministère de la défense. Le missile doit s’approcher de la frontière par la route en traversant différents lieux d’habitation. Le Ministère de l’Intérieur est ici concerné. Il doit donner sa permission au déplacement de cet engin singulier sur le territoire national.

Enfin, surveiller les frontières est une prérogative du FSB (Service Fédéral de la Sécurité Russe, anciennement KGB). Il est évident qu’aucun officier de l’un de ces ministères ne participera à une telle opération sans l’autorisation préalable de sa plus haute hiérarchie.

Ensuite, les responsables ne s’occuperont pas d’un travail aussi complexe et dangereux sans l’accord de la plus haute autorité, à savoir le Président de la Fédération.

Ainsi, en accusant des personnes en toute apparence peu importantes, la commission inculpe en fait la Russie de terrorisme international. En effet, un « Bouk » n’est pas une « Lada ». Ça ne se vole pas sur le parking d’une station-service.

Les Hollandais, bien qu’ils autorisent la vente publique de drogues, n’ont pas encore tout à fait atteint l’état de nirvana et doivent comprendre que Moscou voit parfaitement tout le scénario de l’affaire. De plus, la veille de l’accusation lancée par la commission, le Premier Ministre de Malaisie a déclaré publiquement qu’il avait été informé des accusations portées contre la Russie et qu’elles ne lui convenaient pas. Après la publication officielle des accusations, il a indiqué que l’enquête était politiquement truquée, préétablie et que ses résultats ne convenaient pas à la partie malaisienne.

Les Hollandais savent également que l’Union Européenne dont ils sont partie intégrante n’est pas prête à retirer les sanctions « de Crimée » et « du Donbass » (ici, « l’ouverture » hollandaise ne changera rien), mais, dans le même temps, on ne soutient plus l’Ukraine et on note que Kiev ne suit pas l’exécution des accords de Minsk (3) et que la délégation russe doit réintégrer ces jours-ci l’APCE (4).

Je veux souligner qu’on parle ici de la politique concertée de l’UE, qui plus est après renouvellement de la composition du Parlement européen et de la Commission européenne prévu en fin d’année (ces institutions voient la position des globalistes s’affaiblirent alors que celle des eurosceptiques se renforce). La tendance à la réconciliation avec la Russie doit peu à peu s’affirmer au sein de l’Union Européenne (UE (5)).

Enfin, Trump a de nouveau déclaré qu’il souhaitait « se mettre d’accord avec la Russie » et a obtenu une rencontre avec le Président russe au prochain G20 (6). Je dis ici qu’il « a obtenu » non pas parce que Poutine s’y soustrairait ou que la Russie inventerait quelques machinations pour l’en empêcher mais seulement à cause des problèmes que connaît Trump en politique intérieure. Les opposants-globalistes ont déjà fait échouer à trois reprises une rencontre prévue et annoncée avec le Président russe.

Il semble que la commission « internationale » n’ait eu aucune raison d’aggraver la situation. D’autant plus que, bien qu’elle soit formellement dominée par des Hollandais, elle est en fait sous contrôle américain. Le Kremlin est parfaitement conscient de cela également. Quant à Trump, comme ses prédécesseurs, il a eu le temps de se persuader que menacer Moscou avec des accusations gratuites, « l’opinion de la société occidentale » et des sanctions ne fonctionne pas, qu’ils en paient, au contraire, le prix.

Comme je l’ai déjà indiqué, on croît difficilement au  « courage du désespoir » des Hollandais que l’abus de drogue douce aurait provoqué. D’autant moins qu’un nouveau cas est apparu ces derniers jours.

A Tbilissi (7), les russophobes radicaux issus des groupes supportant Saakachvili (8) ont fait irruption au Parlement où se tenait l’Assemblée interparlementaire orthodoxe, ont tenté de passer à tabac les représentants de la délégation russe qui a très vite du quitter Tbilissi. Après avoir provoqué l’incident, ils ont commencé à réclamer la démission du Président du Parlement, du Ministre des affaires intérieures et d’autres figures-clés du pouvoir en place.

En Géorgie a lieu, si ce n’est un Maïdan, alors la copie de la tentative du Maïdan. A ce sujet, la forme que cela prendra finalement dépendra de la politique que les pouvoirs géorgiens vont mener. Sont-ils prêts à défendre l’Etat que le peuple a élu des organisateurs des violents incidents ?

La Géorgie est en quelque sorte la deuxième bille à rentrer dans la même poche du jeu de billard. Tbilissi n’est pas amie avec Moscou mais n’est pas particulièrement non plus son ennemi (comme c’était le cas avec Saakachvili). La guerre du 08.08.2019 (9) fait désormais partie du passé. La Géorgie qui s’intéresse aux marchés et aux touristes russes est passée depuis à des relations pragmatiques. La question territoriale a de facto été reléguée hors des relations bilatérales. Et soudain, cette explosion qui accroît forcément la tension entre les deux pays

Si les « saakachvilistes » arrivent à mettre à mal le pouvoir (et encore plus, à organiser un nouveau coup d’état), alors les relations russo-géorgiennes reviendront à leur état d’août 2008. Pour la Géorgie, ce serait évidemment très mauvais, comme ce serait peu agréable pour la Russie, d’autant plus que les « Saakachvilistes », pour peu qu’ils reviennent au pouvoir, peuvent à tout moment provoquer une nouvelle guerre.

Bush Jr main dans la main avec Saakachvili

Ainsi, on accuse d’une part la Russie (pas les quatre « personnes suspectées » mais bien la Russie) d’avoir détruit un avion civil dans l’espace aérien ukrainien il y a cinq ans, d’autre part, on essaye d’organiser un nouveau conflit militaire avec Moscou (ou au moins de faire se tendre les relations) dans le Caucase (10).

A qui et à quoi cela peut-il bien servir ?

Premièrement, les opposants à Trump pourront une nouvelle fois faire pression sur la Maison Blanche pour faire avorter la rencontre avec Poutine. Ça ne fait ni chaud ni froid à Moscou mais pour Trump, les élections s’approchent (novembre 2020) et sans la normalisation des relations américano-russes, son combat avec le candidat démocrate sera très difficile.

Si la Russie est de nouveau diabolisée comme Etat-terroriste (elle a abattu un avion et elle cause de nouveau du tort à la Géorgie), il est pratiquement certain que l’électeur américain, effrayé par le « danger russe », coulera « l’agent du Kremlin » Trump.

Deuxièmement, ces mêmes globalistes (j’insiste, pas l’UE, par l’administration des Etats-Unis, pas l’Occident unifié (11), mais précisément les globalistes qui conservent pour le moment un pouvoir politique très important aux Etats-Unis et en Europe, quand bien même il s’estomperait,) sont stratégiquement intéressés pour casser le projet « Nord Stream-2 » (12).

Non pas parce qu’ils veulent aider l’Ukraine ou satisfaire aux ambitions de la Pologne, non plus pour épurer le marché européen au profit de leur propre gaz naturel liquéfié (GNL) (bien que cette raison soit également valable). La réalisation du projet « Nord Stream-2 » renforce fortement les positions des élites nationales pragmatiques dans les pays européens et sape fondamentalement la position des globalistes.

Donald Trump à Helsinki en 2018

En s’appuyant sur la livraison assurée par l’infrastructure énergétique russe, l’UE (à travers les élites étatiques pensantes) pourrait s’extirper du contrôle des globalistes, ce qui, d’ailleurs, faciliterait beaucoup également la situation de Trump aux Etats-Unis. Ce ne serait alors plus possible de l’accuser de compromettre l’union transatlantique du fait que l’UE (si elle existe alors toujours) occuperait une position analogue de celle de Trump.

Au total, si, pour ce qui concerne les affaires intérieures américaines, accuser la Russie n’avantage que les opposants à Trump, pour ce qui concerne la lutte pour la domination économique globale et pour une UE partie du projet globaliste occidental, les opposants à Trump sont expressément intéressés à casser le « Nord Stream-2 ». Trump en retirerait lui des avantages comme des inconvénients.

Sergueï Gouneiev

Cependant, aux vues du travail que mène l’équipe Trump, toute la Maison Blanche est également prête à lutter contre le « Nord Stream-2 » mais il y a peu de chance que cela se fasse à n’importe quel prix. Il est clair que  Trump ne veut pas particulièrement risquer de compromettre la prochaine rencontre avec le Président russe (qui serait en fait la dernière car une prochaine tentative pourrait ne plus se présenter).

On peut tirer de tout cela une simple conclusion. Les globalistes américains s’apprêtent aux prochaines élections à dénuer du pouvoir l’administration Trump qui est orientée sur le national. De même, leurs collègues européens non seulement se perdent dans les dédales du  pouvoir de l’Union Européenne mais se trouvent en plus confrontés au possible prochain éclatement de l’unité européenne. Tous  sont intéressés à diaboliser une nouvelle fois la Russie, en la déclarant Etat-terroriste et ses autorités inamicales.

Sur le plan politique, cela leur donne la possibilité de s’accaparer la stratégie informationnelle des eurosceptiques et des trumpistes, en accentuant l’attention sur leurs « liens dangereux avec la Russie » qui « abat des avions » où ça lui plaît et qui « se jette continuellement sur ses voisins ».

Sur le plan économique, rompre au dernier moment le contrat « Nord Stream-2 » rend l’Europe tributaire de ces mêmes globalistes qui, après avoir coupé l’Union Européenne des approvisionnements russes en matière énergétique, créent leur entière dépendance à la politique globaliste menée au Proche Orient et dans l’Océan pacifique.

On peut voir que le pauvre Danemark est totalement accablé, seul depuis un an a lutter en tête contre les forces cumulées de la Russie, de l’Allemagne et de l’Italie (à côté d’une France se disant « neutre »). Copenhague n’a plus les moyens de bloquer la construction du « Nord Stream-2 » dans sa zone économique exclusive sauf alors d’en subir des conséquences catastrophiques pour lui. Les Belges, les Autrichiens et les Tchèques ont même commencé à le prévenir de ce point.

C’est totalement une autre histoire si l’on parle du projet de « l’Etat-terroriste ». Il est alors difficile pour les lobbyistes européens cherchant la coopération avec la Russie de faire valoir leurs idées.

Donc, ce n’est pas tout à fait un hasard si, au bout de cinq ans de « travail », la Commission d’enquête internationale a « soudain » découvert les « suspects » que l’on désignait déjà ainsi dans les réseaux sociaux ukrainiens dès l’été 2014. Sachant que la Commission n’a rien trouvé qui puisse venir appuyer ses « soupçons » si ce n’est des posts diffusés dans ces réseaux sociaux.

Ce n’est pas la marijuana qui fait tant d’effet. C’est la grande politique et les très gros billets.

Rostislav Ichtchenko

Traduit par Marc Barnovi

Notes:

(1) : RPD : République Populaire de Donetsk. Une des deux républiques ukrainiennes de la région du Donbass avec la République Populaire de Lougansk (Ukraine orientale) à s’être déclarées indépendantes de Kiev en 2014 après le coup d’Etat de Maïdan et aujourd’hui attachées à respecter le protocole de Minsk pour solutionner le problème avec Kiev.

(2) ; « Bouk » :  (Russe ??? – hêtre) est un système antiaérien polyvalent mobile russe de moyenne portée entré en service en 1998 (missile). Il n’est plus produit ni utilisé en Russie. Des unités du système sont toujours utilisées en Ukraine.

(3) :     https://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_de_Minsk

            https://fr.wikipedia.org/wiki/Minsk_II

(4) : APCE : Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe

(5) : UE : Union Européenne

(6) : G20 2019, Osaka (Japon). Se tient les 28 et 29 juin 2019.

(7) : Tbilissi : capitale de la Géorgie

(8) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikheil_Saakachvili

(9) : Guerre russo-géorgienne de 2008 : guerre de 5 jours provoquée par la partie géorgienne et le gouvernement Saakachvili dans la nuit du 7 au 8 août 2008 avec le bombardement (tirs de mortiers principalement) notamment de la capitale d’Ossétie du Sud Tskhinvali et des forces de maintien de la paix qui y stationnent (comprenant des Russes).

La réaction russe est immédiate. Le conflit est soldé au bout de quatre jours.

L’Ossétie du Sud forme une république avec l’Ossétie du Nord en Fédération de Russie (peuple Ossète). Elle demande le rattachement à la Fédération de Russie depuis la fin de l’URSS.

L’autre région géorgienne séparatiste est l’Abkhazie. Ces régions sont reconnues indépendantes et soutenues par Moscou qui a fourni des passeports russes à leurs citoyens.

(10) : Caucase : Il s’agit d’une région montagneuse qui sépare aujourd’hui la Fédération de Russie des Etats de Transcaucasie (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan). Cette région d’une relative petite superficie est extrêmement riche en termes de populations, d’ethnies et de cultures diverses, sans compter une situation géopolitique et diplomatique complexe impliquant essentiellement la Russie, la Turquie, l’Iran ainsi que l’OTAN. Pour cette dernière, il s’agit d’une porte d’entrée au démantèlement recherché de la Fédération de Russie.

(11) : Occident unifié : expression utilisée en Russie pour se référer aux institutions et organisations rassemblant un « Occident » se différenciant, par exemple de la Russie. Cela peut être principalement l’OTAN, l’Union Européenne ainsi que les autres organisations olympiennes occidentales que sont le FMI, l’OMC, la Banque mondiale…

(11) : Nord-Stream-2 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nord_Stream


- Source : Ukraina (Russie)

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