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Samedi, 27 Avr. 2024

La deuxième partie du printemps arabe arrive

Auteur : FIRIL Center for Studies | Editeur : Walt | Samedi, 20 Oct. 2018 - 18h08

Ils l’ont appelé printemps, et il s’est avéré être un automne meurtrier, sanguinaire, rétrograde. Est-il fini pour toujours cet automne, ou balise-t-il le chemin vers un « printemps arabe 2.0″ ? Quelles sont les caractéristiques du nouveau printemps ? Comment et où peut-il commencer ?

La première partie de la série « Printemps arabe, première partie » a commencé à être tournée en Tunisie à la fin de l’année 2010 : corruption au sein du gouvernement, répression des libertés, puis mesures économiques d’austérité « obligatoires » entreprises par le gouvernement du président Zine El Abidine Ben Ali, en exécution des exigences de la globalisation imposées par la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), comme conditions pour l’obtention d’aides dans le cadre de la « stratégie d’assistance par pays ». Ces aides ont été mentionnées en 2001 par le lauréat du prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz, principal conseiller économique du président Bill Clinton et ancien Directeur économique de la Banque mondiale, et comportent cinq étapes.

La première étape est la privatisation

La deuxième étape est la libéralisation des marchés financiers

La troisième étape est la tarification en fonction des exigences du marché

L’étape trois et demi est ce que Stiglitz appelle  » les émeutes du FMI « .

« Manifestations pacifiques dispersées par du gaz lacrymogène, des balles et des chars », autrement dit des manifestations et des troubles dans le pays ciblé.

La quatrième étape est le libre-échange

Retour sur la Tunisie, après huit années de printemps arabe, la situation économique en Tunisie s’est-elle améliorée?

Selon le ministère des Finances tunisien, le taux d’endettement public en 2010 était de 40,3% du PIB, contre 52,7% en 2015 ; Le taux de chômage en 2011 était d’environ 13%, il est de 15,4% en 2018 ! La croissance économique en 2011 était d’environ 4%, elle est de 2,5% en 2018. En résumé :

La situation économique contre laquelle des manifestations ont éclaté en Tunisie s’est aggravée. Les libertés politiques et sociales se sont-elles améliorées ? C’est au peuple tunisien de répondre à cette question.

En Égypte : La même méthode appliquée en Tunisie a été appliquée en Egypte, pour les mêmes raisons, de la même manière, pour le même résultat : le remplacement de personnages par d’autres, mais les marchés se sont largement ouverts et les gens sont passés d’un état de frustration et de pauvreté à un autre ; la situation est pire qu’en Tunisie…

Le point commun entre l’Egypte et la Tunisie est la propagation du terrorisme et la montée en puissance des mouvements fondamentalistes islamistes et leur accession au pouvoir.

En Libye : l’application de la même méthode n’était pas possible du fait que le régime au pouvoir tenait le marché économique et le pays avec une mainmise sécuritaire forte, et les mauvaises conditions économiques n’avaient pas atteint un degré explosif. Il était donc nécessaire d’utiliser l’intervention militaire extérieure conjointement avec l’agitation de troubles à l’intérieur. L’invasion de la Libye est la réplique de celle de l’Irak en 2003… La pauvreté, la criminalité, le chaos, le terrorisme, ainsi que les mouvements djihadistes islamistes se sont répandus ; et c’était le but…

En Syrie : Avant 2011, l’ouverture économique était rapide ; une partie a été arbitraire et irréfléchie et une autre partie menée par des fonctionnaires ayant des liens avec des partenaires commerciaux étrangers et syriens, donc des intérêts communs.

La libéralisation des marchés et du commerce, la suppression partielle ou totale des subventions, des relations économiques et des accords en masse… ont été réalisées sur la base des recommandations de la mission de consultation annuelle du FMI, conformément à l’article IV de la Charte de coopération (2008 et 2009). Tout a été accompli et accompagné par la négligence des aspects sociaux et économiques touchant de larges couches du peuple syrien. Les taux de chômage et de pauvreté ont augmenté et l’écart économique, social et « religieux » s’est élargi dans chaque zone géographique, entre la campagne et la ville, entre les provinces, et même à l’intérieur de la même ville ou du petit village. Une classe de riches et une classe de pauvres ont émergé, alors que la classe moyenne commençait à se disloquer … Le marché local a été inondé par les biens étrangers, turcs surtout, ce qui a nui aux productions locales et aux petites et moyennes entreprises. Les gens préféraient acheter des « biens importés » que des produits nationaux, même s’ils étaient plus chers mais de même qualité.

Jusqu’en 2006, la croissance économique syrienne était très positive, s’ils avaient poursuivi sur la même voie et combattu plus ouvertement et plus efficacement la corruption, mais… Après 2007, le graphique commençait à décroitre. La croissance économique globale a atteint 4%, tandis que l’inflation est restée en dessous de 5%, et le déficit de la balance commerciale est passé de 2,8% à 3,3%…

En mai 2008 et suivant les recommandations du Fonds monétaire international, le gouvernement syrien a augmenté les prix des dérivés du pétrole de  33% à 240%, tout en offrant aux citoyens des bons de carburant au prix de 9 lires par litre.

Pour un pays en voie de développement, les conditions économiques restaient acceptables, malgré les carences sociales dans l’application de l’économie sociale de marché. C’est pourquoi les choses ne prenaient pas d’ampleur jusqu’à atteindre l’explosion. Contrairement à la Tunisie et à l’Egypte, la situation économique du citoyen syrien n’était pas aussi mauvaise qu’elle l’inciterait à s’immoler et à organiser des manifestations suivies de violences et de sabotages.

L’aspect économique et social de la Syrie a contribué à la persistance de la crise et non à sa création, et continue à accentuer cette crise aujourd’hui et demain…

Dans l’avenir, la véritable menace pour la Syrie réside dans les solutions aléatoires et l’incapacité à trouver des solutions scientifiques aux causes des problèmes. A ce jour, au Centre d’études FIRIL, nous ne constatons pas de planification claire pour l’après-guerre, et cela comprend des solutions économiques, sociales et politiques, et assurément la lutte contre la corruption.

La Syrie était censée être le premier pays arabe à être atteint par le printemps arabe dans sa première version, mais à défaut de conditions appropriées, les choses ont quelque peu tardé, comme nous l’avons mentionné, de sorte qu’il était nécessaire de fabriquer des événements supplémentaires et de mettre à contribution une propagande médiatique plus importante. Et advint ce qui fût.

Ce qui s’est passé et continue n’est certes pas arbitraire ou spontané, comme en témoigne la déclaration de Roland Dumas, le vétéran politique et ancien ministre français des Affaires étrangères, dès le début des événements :

« J’étais en Angleterre en 2009 et j’ai appris l’existence d’un plan pour lancer des troubles en Syrie et pour longtemps … des troubles où des luttes idéologiques et le terrorisme interviendraient pour atteindre les objectifs, avec l’obligation d’utiliser des facteurs économiques, sociaux et politiques pour appliquer ce plan ».

Le ministre français était en direct dans un débat politique lorsqu’il en avait parlé. Il n’était ni devin ni dieu, mais parlait de ce qu’il savait.

L’odeur du printemps arabe dans sa deuxième partie s’est répandue partout depuis 2011 et à ce jour. Lorsqu’on examine les rapports du FMI sur le monde arabe après le début du printemps arabe, on constate qu’il se concentre toujours sur :

La suppression graduelle des subventions sur les produits alimentaires et les dérivés du pétrole, les politiques d’austérité libérale (libéralisation de l’économie) et la privatisation.

Au Centre d’études FIRIL, nous voyons que le tournage de la deuxième partie a commencé, et ses épisodes seront projetés consécutivement, probablement avant le début de 2019. Nous avons vu une « répétition » en Jordanie et en Irak.

Où et comment ? Les conditions économiques, sociales et politiques sont similaires dans la plupart des pays arabes : un ravage et même un effondrement social, une immoralité sans précédent, un déclin économique, une réduction des subventions gouvernementales, une propagation de la pauvreté, même dans les pays riches du Golfe, un niveau élevé du chômage accompagné par une hausse du taux de la criminalité qui envahit la région, et le plus évident, une prolifération de la drogue, mais… par une supercherie commerciale :

La légalisation de la culture des drogues à des fins médicales !

Briser la jeunesse et dénaturer ses intérêts culturels en inculquant le goût du divertissement, des défis et des aventures absurdes, plutôt que l’intérêt pour la science et le travail. L’intérêt du diplômé universitaire se réduit à fuir son pays et à partir en Europe ou en Amérique, après avoir échoué à trouver du travail même comme « plongeur » dans sa patrie.

Au Centre d’études FIRIL, bien que nous soyons très réservés quant à la théorie du complot, et que nous ne prenons en considération qu’une partie de ce qui a été avancé à condition qu’il y ait des preuves irréfutables, nous ne pouvons admettre que ce qui se passe depuis 2011 était arrivé par pur hasard.

Oui, ils ont planifié depuis des décennies et planifient pour des décennies pour la poursuite du chaos et de la destruction, parce que leur économie est largement basée sur la « reconstruction »… et la règle d’or maintenant est :

« Subversion, puis reconstruction, puis subversion… »

Comment mettre fin à la crise et prévenir du printemps – Partie 2 ?

Ceux qui attendent que l’armée seule arrête la crise commettent une grave erreur. Le chaos a des aspects économiques, politiques, sociaux, culturels, administratifs et éducatifs.

Aspects politiques : Leur succès peut être combiné avec d’autres succès sur d’autres facteurs, avec la victoire militaire, de véritables réformes politiques avec des libertés réfléchies. Concéder des régions autonomes ou renoncer au pouvoir central entraînera la destruction et la fragmentation de la Syrie et d’autres pays.

Aspects économiques : ils sont les plus dangereux et les plus incitateurs pour les populations, mais sont aussi les plus faciles à traiter ; il suffit de lutter contre la corruption financière et économique pour relancer l’économie.

Aspects administratifs : leur résolution pourrait être facile ou compliquée, selon la méthode d’approche et la complexité recherchée, dont la lutte contre la corruption endémique et sans limites.

Aspects éducatifs : le développement de l’éducation, sa diffusion et son soutien est l’un des facteurs les plus importants de prévention du deuxième printemps, mais ce que nous voyons en Syrie, en Tunisie, en Egypte et ailleurs, c’est un déclin de l’éducation et même une déliquescence au sens propre du terme… Les programmes d’enseignement sont médiocres et le niveau d’instruction est inférieur à la moyenne, quels que soient les taux de réussite. Les systèmes d’enseignement n’ont pas changé, au contraire, ils sont devenus plus séditieux et plus asservissants, comme nous l’avons constaté dans les programmes scolaires et universitaires syriens, les classiques et les modernes… Malgré les critiques et les preuves fournies, les ministères d’État n’ont rien fait et les méthodes du terrorisme sont restées immuables.

Les aspects culturels et les conflits idéologiques sont le facteur le plus dangereux de tous et ne doit pas du tout être sous-estimé. Le contrôle du courant religieux sur les appareils de l’État, même le sécuritaire, rend la solution plus complexe et fait du sectarisme religieux, régional, tribal et ethnique, la tendance dominante jusqu’à nouvel ordre. Toute divergence d’opinion peut conduire au meurtre, avec la prolifération des armes détenues par tout le monde. Dans le meilleur des cas, l’accusation de « trahison ou d’apostat » et le principe de « trahison ou d’apostat » se confondent, et l’idéologie de Daech n’est plus l’exclusivité de l’organisation terroriste, mais une idéologie répandue même dans le cœur des non-pratiquants… Ici, nous rappelons ce que nous avons publié au Centre FIRIL à propos du concept de la « loyauté à la patrie » car, lorsque le religieux est le vrai gouvernant, la loyauté va à ses préceptes et non à la patrie.

Comment se déroulera le deuxième printemps ?

Prenons l’Irak comme exemple du deuxième printemps,  et ce sera le cas de tous les pays, soit des « États instables et agités »… Une corruption dominante, un pays riche en ressources et un peuple souffrant de chômage et de pauvreté, des partis et des dirigeants luttant pour des sièges, des troubles politiques, de l’insécurité, des zones contrôlées par des groupes fondamentalistes terroristes, des séparatistes qui exigent la sécession, en raison de la faiblesse du pouvoir central, et l’adoption de la gouvernance autonome destructrice. Mais est-ce tout ? Bien sûr que non….

 Chaque fois qu’il y a de la stabilité, elle doit être ébranlée, et le plus grave est que :

« Il est interdit qu’un homme patriote et honorable occupe une position importante, » les postes sont monopolisés par les corrompus assujettis à des pays étrangers.

La déstabilisation consiste à créer les conditions nécessaires pour un soulèvement populaire ; et c’est ce qui s’est produit dernièrement dans le sud de l’Irak.

Tous les pays, sans exception, sont susceptibles d’être  comme l’Irak, l’Afghanistan, la Libye et pire encore, tant que les traitements se font avec la même méthode stérile, que la négligence et les solutions arbitraires continuent dans tous les pays arabes, et que les chaises musicales sont pratiquées par les mêmes « mafias », avec des fonctionnaires qui changent juste de tête.

Le deuxième printemps, dont le Centre FIRIL a déjà averti, sera, en bref :

Une prospérité urbaine et technologique virtuelle et un déclin scientifique, culturel et intellectuel, soit un intérêt pour les apparences sans tenir compte du fond.

Du calme, puis une tempête et puis du calme… des manifestations permanentes ponctuées par des actes de violence, évoluant vers des actions armées, puis se calment temporairement pour reprendre à nouveau…

La multiplicité des partis politiques et avec eux les leaders, à tel point que chaque individu a son leader ! Là, les mouvements séparatistes deviennent actifs et nous assisterons à des revendications pour l’autonomie ici ou la formation de cantons là. La raison ? Préserver la culture et la civilisation d’une ethnie.

Un taux de criminalité élevé, la prolifération de la drogue et la formation de gangs criminels.

La division de la société en une partie religieusement fondamentaliste, haineuse, menaçante et qui vit à l’âge de pierre, et l’autre partie est immorale et n’a aucun sens des valeurs et de l’éthique. La partie modérée devient rare et se perd entre les deux camps.

La généralisation de la corruption et pas seulement parmi les privilégiés, mais dans toutes les couches sociales de la population pour que la fin justifie les moyens, même chez les petits salariés.

L’anesthésie du peuple avec la religion …. C’est une arme qui n’a pas été et ne sera pas délaissée par les gouvernements arabes et islamiques, parce qu’elle est la plus facile et la plus expéditive pour réduire les gens au silence. Dieu a ordonné et ceci est la volonté de Dieu…. Le contrôle du courant religieux se poursuit et va se renforcer, la construction de lieux de culte et leur décoration de dorures sont perpétuelles, alors que les gens sont à la recherche d’un pain ou d’un hôpital pour soigner un patient ou une école pour leurs enfants, ou même une tombe pour enterrer les morts. Ils ne trouveront qu’un religieux pour leur ordonner de donner pour construire un nouveau lieu de culte en leur disant que c’est la volonté de Dieu… et ils le croiront.

Traduit par Rania Tahar


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