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Que diantre trafiquent vraiment les Américains à Mossoul ?

Auteur : Ruslan Ostashko | Editeur : Walt | Vendredi, 21 Oct. 2016 - 13h11

À en juger par ce qui se passe actuellement en Irak et Syrie, dans une situation désespérée, les USA ont recours aux méthodes les plus radicales pour empêcher la Russie de remporter une victoire décisive en Syrie. L’assaut sur la fameuse « capitale d’ISIS », la ville irakienne de Mossoul, semble être simplement un grand coup de maître dans la lutte contre ISIS. En réalité, c’est plutôt une manœuvre sournoise destinée à forcer ISIS à faire un dernier saut désespéré dans la bataille pour le contrôle de la Syrie.

Ces derniers mois, un changement psychologique radical, ne convenant pas aux Étasuniens, s’est produit dans le conflit en Syrie. Rappelons-nous ce dont a parlé John Kerry avec les terroristes modérés syriens à New York. Ils ont dit combien il leur était pénible que les USA ne se soient pas encore impliqués eux-mêmes ouvertement dans la guerre en Syrie, car personne n’ira jusqu’à crever pour les intérêts US. Les terroristes modérés aimeraient diriger la Syrie après le rasage de Damas par les Tomahawks US, mais une raison a fait que ces derniers ne sont jamais venus raser. Puis est arrivée la funeste armée de l’air russe. Jour après jour, elle a réduit le nombre de terroristes modérés. Mais les terroristes pensent que les Étasuniens les ont trompés de façon éhontée. Par ailleurs, les Étasuniens sont aussi devant des difficultés. La négociation avec la Russie sur le départ de Assad n’a de sens que si les terroristes modérés se battent et mettent littéralement en pièce l’armée arabe syrienne fatiguée et démoralisée.

En fin de compte, les milliards de dollars dépensés pour armer et former les terroristes modérés peuvent être considérés perdus. Même si les forces pro-US en Syrie peuvent encore s’agripper d’une manière ou d’une autre à leurs positions, il est inutile de s’attendre à ce qu’elles lancent des attaques véritablement sérieuses.

Les terroristes modérés refusent de se sacrifier pour les intérêts US au Moyen-Orient. Et, chose la plus bouleversante pour eux, depuis le début de l’intervention militaire russe, le rôle de terroriste d’ISIS a considérablement perdu de son charme. Pour ISIS, il est bien plus aisé de battre le rappel dans la pauvre jeunesse arabe aigrie quand le job offre la possibilité d’égorger des Européens, noyer des enfants dans des cages, et violer des otages. Or maintenant, l’avenir principal guettant la jeune recrue, c’est le rétamage sous un bombardement russe. Très peu trouvent cela affriolant.

Nous devrions nous souvenir que les terroristes modérés pro-US ne sont pas une armée au sens strict du mot, et qu’ils ne sont pas totalement à la botte des Étasuniens. L’instinct de conservation est un truc puissant, surtout chez les anciens officiers de l’armée de Saddam Hussein, qui constituent une partie importante des commandants islamistes radicaux.

Du fait de l’instinct de conservation, personne ne s’essaye à détourner l’armée arabe syrienne du siège d’Alep. Réduite par des années de guerre, l’armée arabe syrienne ne peut guère amasser des forces prêtes à se battre sur plusieurs fronts à la fois. Il ressort de cela que les Étasuniens voient un moyen unique de sauver Alep : amener, d’une manière ou d’une autre, des renforts terroristes dans une autre partie du front syrien.

Le hic étant qu’il n’y a nulle part des renforts sur lesquels compter. Personne n’a envie de sauver Alep. Personne ne veut claboter pour Alep. Personne ne veut se tapir sous les bombes russes afin qu’instructeurs et coordonnateurs étasuniens puissent s’enfuir d’Alep avec leurs sous-fifres. C’est ce qui arrive toujours avec les vassaux et les marionnettes US. Des combattants d’ISIS aux bandits, tous croient se servir des Étasuniens, et non les Étasuniens d’eux. C’est un point de vue insensé et dangereux.

Malgré tous leurs problèmes, les Étasuniens ont une grande expérience dans la manipulation des diverses forces locales. Ils ont trouvé cette fois-ci une solution élégante. Les terroristes modérés d’Irak n’étant pas très désireux de sauver Alep en mettant leur propre vie en jeu, il faut donc les forcer de le faire. Ce que nous voyons en ce moment à Mossoul, c’est l’opération destinée à obliger les terroristes d’accepter de crever héroïquement sous leadership US.

Les forces gouvernementales irakiennes donnent l’assaut sur la ville, mais le rôle clé de l’opération est joué par 5000 soldats et des avions de chasse US. Les Étasuniens ne se soucient guère des pertes au sein de la forte population de deux millions de gens de cette ville, car les enfants ensanglantés tués par les bombes US ne seront pas montrés sur CNN. Les miliciens seront chassés de la ville par les bombardements et l’artillerie, mais ce faisant, ils seront forcés de partir à travers le corridor vers la frontière syrienne. C’est comme si les Étasuniens leurs montraient le chemin.

Chassés de la ville, les miliciens ne seront certes pas au mieux de leur forme, mais il y en aura beaucoup. Et chaque combattant compte désormais en Syrie. Cette manœuvre sournoise des USA ne résoudra probablement pas le problème d’Alep, mais elle fera gagner quelques mois aux Étasuniens. C’est juste ce dont a besoin l’administration Obama. Le nombre de civils morts à cause de la catastrophe syrienne est sans importance, ça ne ternira pas la fin du mandat d’Obama.

Sergey Lavrov a fait remarquer que l’arrivée en Syrie de miliciens venant d’Irak pourra être résolue à la manière militaire. Ce sera dur, mais possible. Les Étasuniens n’ont pas appris la leçon déjà apprise par le commissaire à la sécurité de l’UE, Julian King. Réalisant qu’ils ne veulent pas laisser leur peau en Syrie, il se pourrait que les nombreux miliciens chassés de Mossoul se mettent en route pour continuer leurs joyeusetés en Europe.

J’aimerais conseiller les responsables politiques européens, mais ne le puis. Ayant créé eux-mêmes ce problème, laissons-les maintenant s’en occuper. Mais peut-être la crainte du terrorisme incitera quelques politiciens européens à revoir leur attitude à l’égard de l’opération russe en Syrie.

Traduit du russe en anglais par J. Arnoldski pour Fort Russ

Traduction Petrus Lombard


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