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Washington veut démembrer les pays du Moyen Orient

Auteur : Amin Hotheit | Editeur : Walt | Jeudi, 04 Juin 2015 - 19h57

Selon l’analyste libanais, Amin Hotheit, les Etats-Unis appliquent un complot néocolonialiste, pour démembrer les pays du Moyen-Orient. Dans un article, publié dans le journal syrien, « As-Sora », l’analyste libanais, Amin Huteit, étudie les conséquences des projets néocolonialistes des Etats-Unis, dans la région. Nous reproduisons ici un extrait de cet article.

Le gouvernement français a, récemment, adopté une position curieuse, pour prévoir que l’Irak et la Syrie avancent sur le chemin qui les conduira, sans aucun doute, vers la division et le démembrement territorial. Or, auparavant, le gouvernement américain avait parlé, aussi, de la possibilité de la division de l’Etat irakien, de sorte que Washington aurait dû établir des liens avec les trois prochains Etats, qui apparaîtront, en Irak, en dépit de la volonté du gouvernement central de Bagdad, qui s’efforce de sauvegarder l’intégrité territoriale du pays et son unité. Autrement dit, l’application du projet des Etats-Unis, pour démembrer, effectivement, l’Irak, a, déjà, commencé.

Les déclarations et les prises de position des responsables des puissances européennes et des autorités de l’ONU indiquent, aussi, qu’il y a des courants qui croient que le feu qui brûle au Moyen-Orient vise, directement, la survie des Etats , et ne sera éteint que lorsque ces Etats seront divisés et démembrés.

Ces prises de position indiquent, très clairement, à quel point les puissances occidentales se servent de tous leurs leviers régionaux et locaux pour démembrer les Etats du Moyen-Orient. Mais pourquoi les Occidentaux préconisent-ils que la division des Etats serait la seule voie qui existe pour rétablir la paix et la sécurité au Moyen-Orient ? Est-ce une réalité ? Quels en sont les arguments ? Pourquoi l’Occident défend-il cette idée ? Est-il pratiquement possible de réaliser ce projet au niveau des pays de la région ?

Là, il faut rappeler que le projet de la restructuration politique du Moyen-Orient avait été proposé, pour la première fois en 2006, à l’époque de l’agression militaire d’envergure du régime israélien contre le Liban. A cette époque-là, les Etats-Unis ont avancé la théorie du «chaos constructif» pour la création d’un «Nouveau Moyen-Orient». Ce que les dirigeants américains entendaient par le «chaos constructif», c’était la destruction des structures politiques existantes, par la propagation du chaos, afin que les frontières politiques du Moyen-Orient soient tracées de nouveau sur une «terre brûlée», de sorte que la carte de ce nouveau Moyen-Orient soit compatible avec les plans et les intérêts que les Etats-Unis qui se définissent dans cette partie de la planète.

Mais, en 2006, l’armée israélienne a été obligée de se retirer du Liban, face à la résistance des combattants du Hezbollah. Par conséquent, les Etats-Unis ont changé de tactique et ont décidé d’appliquer autrement leur projet d’instaurer le chaos dans les pays arabes du Moyen-Orient. Aujourd’hui, plus de quatre ans après les événements, connus sous le nom du «Printemps arabe», et malgré les destructions très vastes qu’ont subies notamment deux pays arabes, (Irak et Syrie), les Etats-Unis et leurs alliés sont presque sûrs qu’il leur serait impossible de prendre entièrement en main le contrôle des événements au Moyen-Orient. Ils ont compris que les mouvements de la résistance face à ce projet néocolonialiste sont très forts, en dépit du taux tragique des destructions et des massacres dans divers pays de la région. Ces forces de résistance n’ont pas perdu l’initiative sur le terrain, et gardent leur puissance de manœuvre, de sorte qu’ils rendent impossible la victoire totale des ennemis des peuples de la région. Cette résistance a amené les Etats-Unis et leurs alliés à vouloir appliquer le plan de démembrement des pays de la région d’une autre manière.

Dans les premiers plans, la division du Moyen-Orient devait s’appliquer, par l’apparition de petits Etats faibles, qui devaient se soumettre tous d’une manière ou d’une autre à la domination des dirigeants américains. Mais le nouveau plan consiste à créer des discordes, parmi les gouvernements inféodés aux Etats-Unis d’une part, et de l’autre leurs adversaires régionaux, de sorte qu’un conflit permanent s’installe au niveau de la région. Cela permettra aux Américains de justifier très facilement leur présence constante dans toute la région, sous le prétexte du soutien qu’ils veulent apporter à leurs alliés régionaux, et pour empêcher l’augmentation de l’influence de leurs adversaires.

Ce nouveau plan du démembrement du Moyen-Orient s’appuie sur une logique simple : les Etats-Unis avouent qu’ils n’ont pas assez de forces pour vaincre définitivement, et une fois pour toutes, l’axe de la Résistance dans la région du Moyen-Orient. Cette impuissance avouée signifie que les dirigeants américains ne veulent plus, comme avant, dominer entièrement la région, mais qu’ils préfèrent que cette région incontrôlable soit divisée entre des adversaires régionaux : les alliés des Etats-Unis et les adversaires de la domination américaine.

Il est évident qu’en adoptant cette stratégie, les Etats-Unis avouent un échec et l’abandon d’un ancien rêve, pour se résigner à réaliser seulement une partie de leurs projets dans la région. Mais ce n’est pas tout, car l’Occident ne veut pas laisser les pays et les peuples qui sortent de sa domination vivre en paix et en sécurité pour longtemps. Par contre, ces pays et ces peuples qui sortent de la sphère de l’influence et de la domination américaines, devront être régulièrement punis, afin qu’ils se rendent eux aussi à long terme.

Si nous y ajoutons l’arriération des régimes politiques, qui proviendront du processus de démembrement, et leur incapacité à créer de véritables structures étatiques dignes de ce nom, nous pourrons conclure que le résultat de ce nouveau projet de démembrement sera l’apparition des pseudo-Etats, qui seront éternellement en conflit les uns contre les autres, pour défendre leurs nouvelles frontières, leurs richesses ou leur valeurs. Ainsi, la guerre sera permanente dans la région, et cela permettra aux puissances occidentales d’y intervenir sous divers prétextes, pour piller les richesses des nations, processus qui sera facilité en raison des conflits interminables entre les pays du Moyen-Orient.

Quand nous parlons du démembrement des pays de la région, tel que les Américains l’imaginent, il faut éviter de croire qu’il s’agirait de l’apparition de nouveaux Etats, plus ou moins indépendants, qui seront entièrement autonomes de leurs voisins, ou qu’il s’agirait d’une illusion de fédéralisme des entités plus ou moins autonomes, dans le cadre d’un Etat central. Par contre, le démembrement de la région, tel que les Etats-Unis le préfèrent, correspond à deux modèles différents :

– Il y a d’abord le modèle du Kurdistan irakien, c’est-à-dire une entité qui garde apparemment ses liens avec un gouvernement central. Mais en réalité, il faut admettre que le Kurdistan irakien est, de facto, un petit Etat indépendant, qui n’est privé que de deux choses, c’est-à-dire la reconnaissance de son indépendance par la communauté internationale et le pouvoir de prendre certaines décisions de manière tout à fait autonome.

– Il y a ensuite le modèle du Liban, c’est-à-dire la transformation de l’Etat national en un Etat sectaire et ethnique, à l’intérieur duquel les différents groupes s’opposent constamment. Cela signifie que l’Etat a des personnalités et des dirigeants multiples. En ce qui concerne le Liban, les interventions américaines et saoudiennes paralysent pratiquement le processus politique normal à l’intérieur de ce pays. Il est évident que ce modèle libanais peut avoir des variantes différentes les une des autres.

Pour réaliser ce projet dans la région, les Etats-Unis profitent d’un instrument efficace, c’est-à-dire Al-Qaïda et ses branches très multiples, comme le Front Al-Nosra, Daesh, et les autres organisations terroristes extrémistes.

Il faut dire en passant que les groupes terroristes, comme Daesh et le Front Al-Nosra, ne sont pas des organisations qui soient capable de créer un Etat, dans le sens habituel du terme, capables d’obtenir la reconnaissance de la communauté internationale. Leur mission et leur fonction se définissent ailleurs : le massacre, la destruction, la haine et le chaos, pour que le terrain devienne favorable au parachèvement des projets régionaux des Etats-Unis et des puissances occidentales, dont le rêve est passé de la «domination totale» à la «domination partielle» d’une région, où les peuples doivent rester dans un état permanent de conflits interminables.

Les peuples du Moyen-Orient doivent savoir que le combat contre cette partition de la région n’est pas moins important que la lutte contre le projet impérial de la domination occidentale sur l’ensemble des pays de la région, comme cela a été le cas à l’époque du colonialisme. Car le but final du projet du démembrement des pays du Moyen-Orient est d’y instaurer une guerre éternelle et une destruction intérieure.

Il est vrai peut-être que les Etats-Unis ont échoué dans leur projet initial, qui consistait à se servir de leurs forces armées pour établir leur domination directe et totale sur les nations du Moyen-Orient. Mais après cet échec ils n’ont pas abandonné leur projet et ils ont eu recours à l’instrument du terrorisme et de l’extrémisme, pour assurer le même but. C’est dans ce cadre que l’on peut définir la fonction des groupes extrémistes, comme Daesh et le Front Al-Nosra.

Cela dit, la région se trouve aujourd’hui devant un plus grand danger, mais il est toujours possible de déjouer ce nouveau complot satanique des puissances occidentales grâce à la vigilance et la puissance des peuples.

Si, aujourd’hui, nous voyons les forces de l’axe de la Résistance adopter la stratégie de vaincre les terroristes dans une zone et de se retirer d’une autre région, il faut savoir que ces tactiques correspondent à la logique du combat des forces de la Résistance pour neutraliser l’ennemi et empêcher la réalisation des complots des puissances occidentales qui veulent démembrer les pays de la région et briser toutes les résistances qui y existent.

Il faut donc éviter de juger hâtivement la décision de l’axe de la Résistance de se retirer devant l’ennemi sur un front, pour se concentrer ensuite sur un autre front pour combattre l’ennemi.


- Source : Amin Hotheit

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