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Dimanche, 05 Mai 2024

Quand les intégristes laïques se lâchent : une collégienne exclue pour une jupe trop longue…

Auteur : Guillaume Borel | Editeur : Walt | Jeudi, 30 Avr. 2015 - 20h11

Le ministère de l’éducation nationale se distingue une nouvelle fois par sa bêtise crasse et son intégrisme laïque.

Une collégienne de 15 ans résidant à Charleville-Mézières a été interdite de cours le 25 avril dernier parce qu’elle portait une jupe noire jugée comme étant un « signe religieux ostentatoire d’appartenance religieuse ».

Le rectorat a indiqué dans un communiqué qu’«Il est parfois difficile de distinguer simplement ce qui relève du port ostentatoire de signes religieux, de la provocation ou de la tentation d’éprouver les limites des règles communes».

Dans le monde paranoïde et ultra sécuritaire post #jesuischarlie, la jupe longue apparaît donc aux petits kapos « de gôche » de l’éducation nationale comme une provocation insupportable.

Les enseignants se distinguent une nouvelle fois par leur fondamentalisme anti-religieux et islamophobe, et leur esprit de meute face aux directives ministérielles visant à traquer tous les réfractaires aux « valeurs républicaines » imposées par le gouvernement le plus impopulaire de l’histoire.

Selon l’élève, qui porte le voile et le retire à l’entrée du collège, sa jupe «n’a vraiment rien de particulier, elle est toute simple, elle n’a rien d’ostentatoire. Il n’y a aucun signe religieux du tout».

Après avoir massivement réprimé les manifestations d’élèves qui ne se « sentaient pas Charlie » en déférant notamment au commissariat des enfants de 8 ans, l’éducation nationale semble poursuivre dans la voie de la répression de toute expression jugée contraire aux « valeurs de la république ». Alors que les fondamentalistes républicains ne trouvent rien à redire aux jeans taille basse qui laissent voir les fesses des élèves ou au port du string, il semblerait donc que la jupe longue soit considérée par les fonctionnaires de l’éducation nationale comme un signe inadmissible de prosélytisme religieux, attentatoire à la marchandisation des individus et au culte du libre marché.

Il est vrai qu’à notre époque de « mariage pour tous » et de dissolution de l’identité nationale dans la globalisation consumériste, des jeunes ayant des valeurs religieuses constituent in fine un danger subversif bien plus grand que les gauchistes ou anti-fas de base qui restent mobilisables à la première vente privée. Dans le contexte actuel de chômage de masse, d’impuissance et de soumission du pouvoir politique aux autorités « fédérales » de Bruxelles ou aux diktats de la finance et du capital transnational, il ne reste en réalité aux élites plus que le champ sociétal pour imposer leur autorité. Alors que les domaines de l’économie ou de la diplomatie internationale ont été délibérément abandonnés par le pouvoir politique dans le cadre de l’UE, des traités de libre échange ou encore de l’OTAN, les élites françaises apparaissent de plus en plus comme les administrateurs d’un pays redevenu un protectorat américano-germanique. Leur abandon de leur rôle traditionnel d’acteur de l’histoire les confronte aujourd’hui à une crise de légitimité dans l’opinion publique qui perçoit de mieux en mieux leur impuissance et leur trahison de l’intérêt comme de la destinée nationale.

Face à cette crise de légitimité, que l’on peut observer notamment avec la multiplication des ZAD, à Notre Dame des Landes, Roybon, ou encore Sivens, le pouvoir politique a enclenché, sous le prétexte des attentats de janvier et de la « guerre au terrorisme » (qu’il a d’ailleurs largement contribué a créer en soutenant les djihadistes en Libye et en Syrie), une séquence sécuritaire et coercitive, qui vise littéralement à terroriser la population française, en ciblant toutes les expressions divergentes aux valeurs sociétales libérales portées par les partis de gouvernement. La répression brutale des manifestants pacifiques de la « manif pour tous » qui s’opposaient à la marchandisation de la reproduction humaine est à cet égard tout à fait symptomatique du fait que le pouvoir actuel trouve dans l’imposition de valeurs sociétales qu’il juge « progressistes », sa dernière forme d’action politique. Pour comparaison, le mouvement d’opposition violent à l’écotaxe a connu un niveau de répression policière plus mesuré et s’est soldé par le retrait du dispositif, avec un coût qui pourrait avoisiner 1 milliards d’euros pour les contribuables.

La crise de légitimité du pouvoir politique, qui découle de l’abandon de la souveraineté nationale et de ses capacités à être acteur de l’histoire, débouchera donc logiquement sur des crispations autoritaires de plus en plus violentes et coercitives. Cette dérive autoritaire du pouvoir est la manifestation de sa perte de légitimité croissante et s’appuie sur les derniers leviers de puissance qui restent en sa possession, comme l’embrigadement idéologique de la population à travers le ministère de l’éducation nationale et les médias, ou encore les forces répressives traditionnelles de toute dictature, le ministère de l’intérieur et l’armée. Ce n’est ainsi pas un hasard si l’enseignement civique et moral a fait son retour dans les programmes officiels de l’éducation nationale en même temps qu’était présenté le projet de loi sur le renseignement intérieur destiné à instaurer une surveillance de masse.

L’affaire de la « jupe longue » est donc un symptôme parmi d’autres de cette dérive totalitaire qui vise en réalité à réprimer toute expression divergente par rapport au volet sociétal du projet néolibéral, la dissolution des identités traditionnelles, communautaires et religieuses, et l’atomisation sociale dans le consumérisme sans limites, institué en « valeurs de la république ».


- Source : Guillaume Borel

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