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Syrie : les Etats-Unis ont prévu de rebaptiser les groupes terroristes affiliés à Al-Quaïda en groupe de rebelles « modérés »

Auteur : Moon of Alabama | Editeur : Walt | Lundi, 09 Mars 2015 - 18h46

Les rebelles «modérés» équipés et soutenus par la CIA en Syrie sont en train de perdre contre le groupe Jabhat al-Nosra affilié à al-Qaïda. Le dernier groupe «modéré» actif dans le nord de la Syrie, Harakat Hazzm, a dû céder son Quartier général – y compris un entrepôt plein d’armes US – à Jabhat al Nosra et s’est alors auto-dissous. Beaucoup de ses membres ont rejoint ensuite al-Nosra.

L’armée étatsunienne prévoit de recruter, de payer et de former de nouveaux rebelles «modérés», mais cet effort semble commencer très lentement. Seulement 100 personnes ont été jugées suffisamment « modérées » pour être recrutées jusqu’ici dans ce programme. Il y a tout simplement trop peu de rebelles et de seigneurs de guerre non-djihadistes disponibles prêts à mourir pour des dollars US.

Une solution alternative face à cette absence de personnel suffisamment qualifié « modéré » est le changement de nom des groupes non modérés en «modérés». James Clapper, le directeur du renseignement national étatsunien, a récemment envisagé de prendre cette direction :

La définition du « modéré », ces derniers temps, a plus à voir avec ceux qui ne sont pas affiliés à l’Etat islamique. Et oui, vous savez, nous essayons de nous engager auprès d’eux, et c’est là tout l’intérêt de la proposition de former et d’équiper – projet auquel le Département de la Défense se prépare – une opposition de taille suffisante avec la capacité de réellement faire une différence sur le plan militaire.

Et l’un de nos défis est, encore une fois, ce qui concerne le recrutement et l’évaluation. Nous avons donc choisi des gens qui non seulement sont « modérés », quels qu’ils soient, mais aussi nous devons être sensibles à respecter les règles du droit international, qui dans cet environnement est assez difficile.

L’utilisation du terme « modéré », avec des guillemets alarmistes, fait partie de la gestuelle de Clapper pour désigner toute personne qui ne fait pas partie de l’Etat islamique (EI). Ce serait, paraît-il, inclure Jabhat al-Nosra qui il y a trois ans se sépara d’EI et a maintenu son allégeance à al-Quaïda. Jabhat al-Nosra a été en lutte contre l’État islamique depuis.

Ce que Clapper pense de Jabhat al-Nosra et des groupes djihadistes similaires comme Ahrar Al-Sham, a évidemment à voir avec la référence au droit international. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a classé Jabhat al-Nosra comme une organisation terroriste internationale. Le soutenir, comme le fait Israël dans le sud la Syrie, est une violation des résolutions du Conseil de sécurité. En tant que membre disposant du droit de veto les États-Unis ne souhaiteraient pas être attrapés à faire cela.

Jabhat al-Nosra est un groupe djihadiste affilié à al-Quaïda. C’est évidemment un des groupes non modéré, mais comme il se bat contre l’État islamique, il est maintenant, en vertu de la nouvelle définition des «modérés» par Clapper, qualifié pour recevoir le soutien des États-Unis. Il reste encore la question de cette maudite loi internationale qui doit être contournée.

Actuellement, au bon moment, une entité fantoche étatsunienne dans le golfe Persique, qui a déjà silencieusement soutenu et payé Jabhat al-Nosra, arrive avec une solution à ce problème : les leaders du front d’Al-Nosra en Syrie envisagent de couper leurs liens avec Al-Qaïda pour former une nouvelle entité soutenue par certains pays du Golfe qui tentent de renverser le président Bachar al-Assad, selon des sources.

Des sources à l’intérieur et à proximité du groupe terroriste al-Nosra disent que le Qatar, qui entretient de bonnes relations avec le groupe, encourage le groupe à aller dans ce sens, ce qui donnerait un coup de pouce au financement d’al-Nosra.

Les responsables du renseignement des États du Golfe, y compris le Qatar ont rencontré le chef d’al-Nosra, Abou Mohamad al-Golani, plusieurs fois au cours des derniers mois pour l’encourager à abandonner Al-Qaïda et discuter du soutien qu’ils pourraient apporter, selon les mêmes sources.

Ils ont promis de le financer une fois que cela sera mis en place.

Le Front al-Nosra est répertorié comme un groupe terroriste par les Etats-Unis et a été sanctionné par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Mais pour le Qatar au moins, changer l’image d’al-Nosra permettrait d’éliminer les obstacles juridiques pour le soutenir.

« Changer l’image » de Jabhat al-Nosra permettrait encore de se battre contre le gouvernement syrien comme principal ennemi. Détruire le gouvernement syrien est également l’objectif principal du gouvernement wahhabite du Qatar. Le nouvel al-Nosra ne se battrait contre l’État islamique qu’après avoir pu bénéficier d’assez de ressources et avoir sécurisé suffisamment de territoires pour pouvoir se développer davantage. Son essence idéologique ne changerait pas et son objectif à la fin serait de créer sa propre version d’un Etat islamique.

Si al-Nosra est dissoute et qu’elle abandonne al-Quaïda, l’idéologie de la nouvelle entité ne devrait pas changer. Golani a combattu avec al-Quaïda en Irak. D’autres dirigeants ont combattu en Afghanistan et sont proches d’al-Quaïda Ayman chef Zawahri.

« Rebaptiser » Jabhat al-Nosra pour le déclarer alors «modéré» dans la nouvelle définition de Clapper pourrait être une solution. Cela a marché en Libye. Mais je doute de sa faisabilité dans le long terme lors du conflit en Syrie. Ce serait très difficile à vendre, même pour les puissantes brigades de propagande étatsuniennes. Cela signifierait également que l’organisation Jabhat al-Nosra, tel qu’elle existe actuellement, s’effondrerait. Beaucoup de combattants de al-Nosra ont rejoint cette organisation terroriste pour des raisons idéologiques afin d’être membres d’al-Quaïda. Al-Nosra devrait révoquer son serment d’allégeance à al-Quaïda et ces combattants risqueraient de le quitter et très probablement de rejoindre l’Etat islamique.

La seule raison de rester avec la nouvelle forme d’al-Nosra serait l’argent et l’équipement en provenance du Qatar et des États-Unis qui afflueront. Mais la disparition des groupes de rebelles « modérés » soutenus plus tôt par les Etats-Unis montrent que l’argent et les armes ne sont pas le facteur décisif pour gagner les combats sur le terrain.


- Source : Moon of Alabama

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