Les Nations unies lancent une enquête. En plus de cela, on vient d’apprendre que seulement un pour cent des informations à la disposition de Snowden ont été révélées. Enfin, le père du journalisme d’investigation Carl Bernstein, celui même qui a révélé le scandale du Watergate menant à la démission du président Nixon, s’est adressé dans une lettre ouverte aux autorités américaines et britanniques en demandant de mettre fin aux persécutions des journalistes du quotidien londonien The Guardian.

Ben Emmerson, rapporteur spécial des Nations unies sur le contre-terrorisme et les droits de l'homme, a promis non seulement ne pas laisser l’affaire dans loubli, mais aussi d’en révéler de nouveaux détails. Il a l’intention d’établir dans quelle mesure les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont violé les normes onusiennes en mettant en place des programmes de surveillance des citoyens et de dirigeants de 35 pays du monde. En annonçant l’ouverture de l’enquête, Ben Emmerson a déclaré que les articles publiés par The Guardian et d’autres journaux répondaient aux intérêts de la société.

A Londres le rédacteur en chef du Guardian Alan Rusbridger a annoncé que seulement un pour cent des informations du « dossier Snowden » avaient été publiées. Rusbridger a alors été convoqué au comité spécial de la Chambre des communes qui devait déterminer si les publications du quotidien avaient porté atteinte à la sécurité nationale de la Grande-Bretagne. Un député conservateur a même accusé Rusbridger de ne pas aimer son pays. Voici ce qu’a répondu le rédacteur en chef du Guardian :

« Nous vivons dans une société démocratique. La majorité de ceux qui ont travaillé sur ce dossier (révélations de Snowden – ndlr) sont les Britanniques qui vivent dans ce pays avec leurs familles et qui l’aiment beaucoup. Je suis surpris par cette question. Oui, nous sommes patriotes. Nous sommes notamment patriotes en ce qui concerne la nature de notre démocratie, la nature de la presse libre et le fait que chacun dans ce pays peut parler et révéler ce genre de choses (surveillance de masse – ndlr). »

Enfin, c’est le vétéran du journalisme américain, Carl Bernstein du Washington Post, celui qui, avec son collègue Bob Woodward, avait révélé le scandale du Watergate, qui a publié une lettre ouverte dans laquelle il qualifie de « dangereusement pernicieuse » l’intimidation des journalistes du Guardian. Selon Carl Bernstein, il s’agit d’« une tentative par les plus hautes autorités du Royaume-Uni de détourner le débat sur les choix politiques et la volonté de secret des gouvernements américain et britannique vers un débat sur la conduite de la presse, qui a été admirable et responsable dans le cas du Guardian. »

L’année prochaine, le roman 1984 de Georges Orwell fêtera ses 65 ans. L'occasion de relire ce livre qui est toujours d’actualité.