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Climat, réchauffisme, mondialisme : Hacène Arezki répond au questions du magazine Nexus

Auteur : Hacène Arezki | Editeur : Walt | Vendredi, 22 Mai 2020 - 11h43

En 2018, la journaliste Marielsa Salsilli m’interrogeait dans le cadre d’un dossier consacré au réchauffement climatique, paru la même année dans le numéro 118 du magazine Nexus. Voici l’interview brute, c’est-à-dire ses questions initiales et mes réponses.

• Quand on étudie en détail la thèse dominante du réchauffement climatique d’origine anthropique, on rencontre des erreurs, des arguments fallacieux, des oublis, des biais méthodologiques… Parmi cette liste impressionnante de raisons de douter, quels sont, selon vous, les éléments les plus significatifs pour se faire sa propre opinion sur le sujet ? Qu’est ce qui vous a conduit personnellement à remettre en question cette thèse qui semble largement admise ?

Je crois qu’il est possible d’aborder le sujet de bien des manières, en fonction de sa formation ou de ses centres d’intérêt. Pour ma part, il y a déjà au départ un vif intérêt pour la climatologie, qui s’est développé il y a environ 25 ans. C’est-à-dire après la création du GIEC, mais bien avant que ses thèses ne soient partout reprises comme un marronnier médiatique, lors de chaque raout onusien, mais aussi dès qu’un aléa météorologique survient quelque part sur le globe. La compréhension de la machine climatique à l’aune du travail fondamental de feu le professeur Marcel Leroux a été une étape importante, permettant de comprendre l’inanité d’une partie des prévisions faites par le GIEC. Car la plupart des calamités que l’on nous annonce pour les décennies à venir à cause d’un réchauffement présenté comme certain sont au contraire le corollaire de tout refroidissement.

L’intérêt pour le passé climatique est aussi une bonne porte d’entrée sur un sujet entièrement tourné vers le futur. On ne peut avoir que du recul sur le discours du GIEC quand on sait que les glaciers alpins ont été moins étendus qu’actuellement durant plus de la moitié des dix derniers millénaires (depuis le début de l’Holocène, l’actuel interglaciaire), que des cols qui furent empruntés à l’époque romaine sont de nos jours encore sous la glace. Ou encore que les tempêtes en Europe occidentale ne sont ni plus fréquentes, ni plus violentes qu’autrefois, et même moins que lors du Petit âge glaciaire, époque durant laquelle on peut recenser la plupart des grandes inondations aussi, par exemple. Autant de faits établis que le travail de Marcel Leroux permet de relier aux mécanismes d’évolution du climat, qui par nature change à toutes les échelles de temps et d’espace.

• Votre livre recense de façon très complète et sourcée, avec à la fois beaucoup de prudence et de clarté, les raisons scientifiques de douter du Climate Change. Il se positionne comme un ouvrage de référence sur le sujet. Qu’est ce qui a évolué depuis, dans la situation de « l’alarme climatique » : – dans le message alarmiste : sous quelle forme et par quels moyens se maintient t-il en dépit des preuves ? – dans l’argumentaire des sceptiques et le rapport de force (autocensure suite aux attaques ad hominem, accusations de complotisme…) – dans les mesures politiques nationales et internationales (élection Trump, position Chine Russie, taxes, marché du carbone…)

Je crains que, fondamentalement, rien n’ait changé. Le dogme réchauffiste, appelons-le ainsi, est devenu ce qu’il devait devenir : une sorte d’évidence qu’il n’est pas besoin de questionner, un cadre dans lequel doit s’inscrire tout discours environnementaliste. Le rôle des médias, mais aussi de l’école, est central. Comme sur d’autres sujets, il convient avant tout de savoir si l’interlocuteur se situe dans le camp du Bien, ou s’il n’y est pas. C’est évidemment le meilleur moyen de déconsidérer quiconque s’inscrit en faux contre les conclusions du GIEC. Au point que parmi ceux qui les critiquent, certains nient farouchement être des climatosceptiques, comme si ce terme, certes pas choisi par ceux ainsi désignés, impliquait nécessairement d’être malhonnête et stipendié. Les médias, qui apparaissent de plus en plus pour ce qu’ils sont – des « troupes d’occupation mentale » au service du pouvoir, servant à informer, c’est-à-dire mettre en forme, l’opinion publique –, sont à l’origine d’un véritable terrorisme intellectuel. Dans ces conditions, pas étonnant qu’on y réfléchisse à deux fois avant d’entrer dans le débat. Rares sont ceux qui n’attendent pas la retraite, quand ils ne choisissent tout simplement pas le silence, du moins dans la sphère publique. On parle même dorénavant, pour ceux qui contestent le réchauffement (sous-entendu anthropique et catastrophique), de crime contre l’humanité et de la nécessité d’un futur tribunal international. On semble en plein délire, mais pour certains c’est très sérieux.

L’accession de Donald Trump à la présidence américaine exacerbe encore un peu plus les tensions chez ceux qui se considèrent dans le camp du Bien. Il est ouvertement contre une participation de son pays à cette mascarade. Jusqu’à présent, rien de tel n’apparaissait : la Russie est entrée dans la danse en échange de son adhésion à l’OMC, à un moment où cela ne lui coûtait rien (à cause de l’effondrement industriel post-soviétique) ; la Chine se dit très concernée et a promis de stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, précisément quand elle estime que son développement industriel aura atteint un palier ; les pays du Sud ont bien compris l’intérêt financier qu’ils avaient à en tirer ; quant à l’Europe, elle a été modelée par des décennies de propagande pour porter n’importe quel fardeau, réel ou fictif, qu’on voudra bien lui coller sur le dos. Trump, en retirant les États-Unis de l’accord de Paris (COP21) a porté un coup bien réel à l’agenda climatique, même si toutes les autres parties sont là pour continuer à distiller un semblant de consensus sur les raisons de s’entendre, en dépit des difficultés à s’entendre de fait. La mésentente avec Trump est d’un autre calibre.

• Pour qu’une théorie s’impose ainsi, en dépit du faisceau de preuves convergentes et indépendantes les unes des autres quant à son invalidité, il faut donc qu’elle soit nécessaire. Au delà des bénéfices secondaires qu’en retirent certains médias, scientifiques et secteurs économiques, quels sont les enjeux réels, idéologiques et/ou financiers, sous-jacents au dogme climatique ? Vous abordez rapidement la question démographique, démocratique notamment.

Réfuter le dogme carbocentriste ne peut se faire que sur le terrain de la science. Et l’on peut s’en satisfaire et s’arrêter là. Si c’est faux, c’est faux, et nul besoin d’autre explication. On peut néanmoins s’interroger sur les conditions d’existence de ce dogme. Comment se fait-il qu’il ait pu si bien s’installer et perdurer ? La somme des intérêts convergents permet d’apporter des réponses. Mais l’énorme machine internationale mise en branle peut et doit laisser perplexe. Si l’on aborde directement la question sous cet angle, on ne peut que se dire que c’est tellement énorme que c’est forcément vrai. Si en revanche les choses ont été prises dans le bon sens et que l’on a d’abord été en mesure intellectuellement de rejeter le dogme du réchauffement climatique, anthropique, inédit et catastrophique, alors la suite logique, c’est de s’intéresser aux arcanes de cette affaire soi-disant scientifique. Et là, le sujet devient diablement scabreux, mais aussi bigrement intéressant. Pourquoi des instances internationales pousseraient-elles des nations à s’entendre sur un non-sujet typiquement transnational à propos duquel il leur est très difficile de trouver un accord ? Cette incapacité des nations à se mettre d’accord ne nourrit-elle pas l’idée que le cadre national est inadapté à la gestion des problèmes globaux, dans un monde justement globalisé ? Et si le but de tout cela était, justement, de ne pouvoir s’entendre… Le mondialisme a plus d’un tour dans sa besace.

• Comment voyez vous la suite ? Le dogme « carbocentriste » peut il s’effriter au point de s’écrouler ? Quelles nouvelles formes prendra l’alarmisme, climatique ou non ? Qu’est ce qu’un citoyen éclairé peut apprendre de cette situation ? En quoi découvrir que le réchauffement climatique, tel qu’il est présenté aux masses, est un mythe mensonger peut-il être fondateur d’un nouveau paradigme scientifique et citoyen ?

Le simplisme du discours du GIEC tient dans une courbe, sujette à toutes les manipulations. Celle de la température moyenne globale. Depuis une vingtaine d’années, la tendance est quasiment stable (avec les données satellitaires, car avec les stations au sol, les données sont tellement torturées qu’elles finissent par avouer un léger réchauffement). Or, pendant ce temps, nous avons envoyé dans l’atmosphère environ 40 % de tout le CO2 émis par les activités humaines depuis le début de la révolution industrielle. Quand ce fait n’est pas nié, on appelle la variabilité naturelle à la rescousse, lors même que le réchauffement était censé la surpasser allègrement et donc être inexorable. Le discours sur le réchauffement climatique porté par les médias et certains scientifiques s’est totalement affranchi de la réalité. Presque depuis le début. Il suffit de s’intéresser réellement au sujet pour le constater et prendre ses distances face au dogme carbocentriste. La levée du voile a parfois lieu dès lors qu’on se contente d’ouvrir les yeux. Mais, comme l’écrivit La Fontaine, « L’homme est de glace aux vérités, – Il est de feu aux mensonges ». Alors il se peut que le discours scientifico-médiatique sur le réchauffement ait encore de beaux jours devant lui. Les différents glissements sémantiques sont là pour s’adapter aux discordances trop visibles face à la réalité, car celle-ci risque toujours de se manifester, même auprès de ceux qui ne s’entretiennent avec elle que par l’entremise d’un médiateur. Le passage du réchauffement au changement, puis au dérèglement climatique, n’est pas anodin. Même en cas de refroidissement, cette mascarade pourrait bien perdurer. Mais l’outrance des propos servis au public, ainsi qu’une certaine usure de celui-ci, peuvent contrarier l’ingénierie sociale mise en place. Le tout dans le cadre d’une défiance croissante vis-à-vis des médias dominants et des cercles du pouvoir en général. Internet a permis jusqu’ici l’existence de voix dissidentes et dissonantes. Raison pour laquelle on tente de le corseter. Il faut être aveugle pour ne pas constater que la liberté d’expression se porte de plus en plus mal. J’ai en fait l’impression qu’un nombre croissant de personnes voyant clair côtoient une autre fraction de la population dont le lavage de cerveau n’a jamais été aussi efficace. Bien que n’étant pas d’un optimisme à toute épreuve, je m’efforce de penser que de plus en plus de gens auront à l’esprit cette phrase de la philosophe Simone Weil : « Croire à l’Histoire officielle, c’est croire des criminels sur parole ».


- Source : Hacène Arezki

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