En France, la menace est interne au régime lui-même. Elle est celle du glissement progressif du pouvoir vers la dictature. Depuis Joseph Fouché, nous savons que la République n’a rien à envier à la monarchie absolue sur le plan de la répression policière. Pire, c’est elle qui a inventé l’État policier. C’est elle qui a crée des camps d’internement sous la IIIe République pour les anarchistes et les apatrides. C’est elle qui a prostitué la France à Pétain en 1940.
C’est elle qui aujourd’hui s’accommode parfaitement des crises (attentats terroristes, gilets jaunes, coronavirus) pour éteindre pas à pas nos libertés fondamentales. Par simples décrets. Quand il n’y a pas de juges et de tribunaux, il n’y a plus de justice, plus aucune garantie des libertés. On maintient de plein droit les détentions provisoires. On laisse la police agir sans aucun garde-fou. Alors, elle fait ce qu’elle fait toujours, quand elle agit librement, avec la bénédiction de l’État et sans le contrôle des juges.
Elle réprime durement et abuse systématiquement de son pouvoir. Elle verbalise partout et surtout à la gueule. Elle intimide ceux qui oseraient émettre une opinion critique, à travers notamment des banderoles accrochées aux balcons. Elle nous signifie férocement que nous ne sommes plus dans un État libre, mais dans une dictature virale, qui nous entraîne demain vers une dictature tout court.
Car bien sûr, viendra le temps d’après. Les tribunaux reprendront leur office et nous pourrons à nouveau circuler librement. Cependant, et les épisodes précédents l’ont déjà démontré, notre Etat de droit ne s’en remettra pas pleinement. Nous aurons glissé, car notre droit, nos lois et règlements auront normalisé l’exceptionnel, normalisé l’état d’urgence. Nous aurons appris à nous soumettre et à endurer, car nous vivrons sous la menace permanente de nouvelles crises graves, dont le pouvoir politique saura jouir pour nous maintenir dans cet état d’apathie démocratique et de peur des flics.
Un jour il faudra dire le nom de tout cela, car il est bien plus difficile de combattre une dictature travestie en démocratie, un spectacle de la démocratie, qu’une dictature qui s’assume et porte le nom saisi par tous d’ennemi mortel du peuple.