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Jeudi, 28 Mars 2024

De Pavlensky au groupe terroriste «Set» : pour l’Occident, les prisonniers politiques n’existent qu’en Russie

Auteur : Karine Bechet-Golovko | Editeur : Walt | Mercredi, 19 Févr. 2020 - 09h23

L’Occident et l’Internationale des droit-de-l’hommistes semblent particulièrement aimer les prisonniers russes ... tant qu’ils sont en Russie. L’absolu de la liberté d’expression, sans responsabilité possible, s’arrête irrémédiablement aux frontières russes. Comme l’illustre le cas (pathologique) de Pavlensky, prisonnier politique sous Poutine, malade criminel sous Macron, voire agent de Poutine en France. Comme il faut renouveler l’objet de la compassion, la France a choisi de nouvelles "victimes", un groupe de jeunes anarchistes armés, qui viennent d’être condamnés à des peines lourdes. Comme ils sont encore en Russie, leur condamnation par la justice est injuste. C’est évident.

Le nouvel émoi de notre société bien-pensante est lancé pour un groupe de jeunes anarchistes ayant prévu des actes terroristes lors des élections présidentielles de 2018 et de la Coupe du monde de football en Russie. Se faisant appeler le groupe Set ("réseau" en russe), basé à Penza, ils ont fédéré des groupes terroristes à Saint-Pétersbourg et à Moscou à partir de 2015. En octobre 2017 et dans les mois qui suivent, certains de leurs membres sont interpellés par le FSB, avec l’arsenal nécessaire, heureusement avant de n’avoir pu commettre les attentats prévus contre les bâtiments publics, afin de provoquer une désorganisation de la société visant à un changement de régime constitutionnel. Bref, l’on appelle ça vouloir mettre en place un régime de terreur pour préparer un coup d’Etat.

Certes, ils sont jeunes et une dizaine de personnes ne va pas réussir à faire tomber un pays, mais pour commettre des attentats meurtriers, comme l’expérience nous l’a tristement souvent démontré, c’est largement suffisant. Après un long procès, ils furent condamnés, en fonction de leur degré de responsabilité dans le groupe, à des peines allant de 6 ans à 18 ans de réclusion.

N’importe quel procès en Russie semble provoquer désormais une vague bien structurée dans la société civile.

La bonne société civile russe, libéraux bon ton en tête, reprend le modèle Golounov - ce journaliste inconnu interpellé pour trafic de drogue et relâché après une pression politique très forte des journalistes de tous bords. La politisation de la pression dans cette affaire est reconnue, notamment par le journal Libération, qui y voit le seul moyen de rendre en Russie la "justice" (manifestement de la rue), dans un article de propagande d’un niveau indicible. Cette fantasmagorie des "procès staliniens" semble être le fer de lance de l’Internationale droit-de-l’hommiste, dont les frères de tous les pays sont unis dans un même chant. En Russie, Lev Ponomarev, un des défenseurs professionnels des droits de l’homme, fonctionnant sur financement américain et, par exemple, ayant rencontré des diplomates japonais au moment où la question de la négociation de l’abandon d’une partie des Iles Kouriles contre un traité de paix Russie/Japon était à l’ordre du jour, se met en avant du combat pour la libération de ce groupe terroriste "trop lourdement condamné" et évidemment torturés. What else ? Une pétition est en ligne, moyen de pression très pratique puisqu’incontrôlable.

Bref, la bonne société mondiale a trouvé ses nouveaux héros (il faut bien changer régulièrement de visages, sinon c’est lassant). Et pour citer l’incomparable Libé, dans son combat pour le professionnalisme et l’objectivité journalistique, digne d’une mauvaise copie de la Pravda :

Coupables, tous. Evidemment, coupables. Pouvait-il réellement en aller autrement en Russie, où la justice condamne quasi systématiquement les accusés, qui plus est dans une affaire instruite par le FSB, le tout-puissant service de sécurité ? (...) En réalité, le dossier repose entièrement sur la déposition de certains accusés ayant rapidement reconnu leur culpabilité en échange d’une peine réduite, et sur les aveux ultérieurs de tous les autres, obtenus en prison. Des aveux arrachés sous la torture (...). Le verdict rendu ce lundi a soulevé l’indignation de la société civile russe, qui dénonce unanimement un « procès stalinien ». Trop peu, trop tard. Les accusés n’ont pas l’aura et les relais d’opinion d’un Ivan Golounov (...). Ils n’ont pas de clan pour les soutenir, politiser leur cas et organiser une campagne médiatique, condition sine qua non pour échapper à la machine à broyer qu’est la justice russe. Interpellé sur l’affaire, le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov s’est contenté d’un laconique « le Président ne peut pas interférer avec le cours de la justice ».

Ils sont jeunes, les pôv’ petits. D’ailleurs, ils n’ont rien fait. Des lettre de soutien en ce sens ont été signées en Russie. Et c’est vrai qu’ils n’ont finalement rien fait, mais pas parce qu’ils ne voulaient rien faire, parce qu’ils en furent empêcher avant. La vision Bisounours du monde est très pratique, personne n’est responsable - sauf les organes de défense de l’ordre. Les délinquants sont éternellement des enfants, ils jouent. Jusqu’à ce qu’ils tuent. Et alors commence la valse en trois temps des fleurs, des bougies et des lamentations. La question finalement est simple : vous avez, ou non, confiance en la justice ? L’Internationale droit-de-l’hommiste n’a pas confiance et travaille la société en ce sens. Tel est sa principale activité. C’est pour cela qu’elle est financée.

Pour les russophones, à regarder :

En effet, ces derniers temps, la justice russe a pris la mauvaise habitude de plier sous la pression politique d’une partie intéressée de la société. Et comme cela a marché par le passé, plusieurs fois, pourquoi ne pas encore essayer ? Pour cela toute la fantasmagorie des années 30 est ressortie et dépoussiérée, mise en scène, pour l’occasion. Ce qui est tout à fait dans l’air du temps.

Tous les Etats ne peuvent pas se permettre une justice. Tous n’y sont pas autorisés. Manifestement, la Russie n’en a pas le droit. Car, lorsque ses "prisonniers politiques" arrivent en France et brûlent la porte de la Banque de France ou diffusent des vidéos très intimes dans lesquelles "jouent" leur propre rôle des personnalités politiques, ils sont interpellés. Pavlensky découvre que la justice est là pour réprimer les violations des normes juridiques ... et protéger la sérénité publique, dans la mesure de l’acceptable. Et aucun défenseur russe des droits n’est là pour soutenir leur ancien héros déchu, pas de publication accusant dans la BBC ou sur radio Liberty, l’Internationale a pudiquement détourné les yeux, juste un léger soupir. Pavlensky n’est pas à l’ordre du jour, car la France n’est pas à cet ordre du jour-là. Donc, il n’intéresse finalement plus personne. A tel point que le très sérieux journal Le Monde se demande même à demi-mots s’il n’est pas un agent russe. Eh oui, le gentil Griveaux a bien dû quitter la course politique ... Donc, ce doit être un coup des Russes. Quand le journalisme manie sans pareil l’art de la suggestion :

Ces Russes sont décidément infréquentables. Quand ils sont chez eux, ce sont des victimes de Poutine et dès qu’ils passent une frontière, ils se transforment, sans que l’on sache comment, en agent de Poutine. Absolument, in-fré-quen-ta-bles.

***

Piotr Pavlensky : « Je pensais que la France était un pays de liberté d'expression... » (Le Parisien)

L'artiste russe Piotr Pavlenski, au cœur du scandale des vidéos à caractère sexuel ayant poussé Benjamin Griveaux à renoncer à la mairie de Paris, déclare à sa sortie du tribunal avoir voulu dénoncer l'« hypocrisie » de l'ex-candidat.

Lui et sa compagne Alexandra de Taddeo ont été mis en examen par un juge d'instruction parisien et placé sous contrôle judiciaire.

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- Source : Russie politics

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