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« Les USA ont déclenché la guerre directe, la Russie n’a d’autre choix que de répondre »

Auteur : Press TV (Iran) | Editeur : Walt | Mercredi, 05 Févr. 2020 - 13h42

Ce qui se passe en ce moment autour de la Russie n’a rien de moins qu’une déclaration de guerre totale US et Cie : en l’espace de quelques heures, le président Erdogan est revenu à ce qu’il est depuis 2011, soit depuis le début de la guerre contre la Syrie à savoir le pantin outre-Atlantique : il en est désormais à tuer les soldats russes et syriens et à réclamer le retour de la Crimée à l’Ukraine !

À la grande surprise générale, la Biélorussie de Loukachenko a tourné la veste renversant la table russe et se mettant à menacer de rompre avec la Russie pour intégrer le camp de l’ouest. L’Ukraine de Zelinsky demande à Pompeo de lui ramener la Crimée par la voie des armes… il semblerait que la nouvelle stratégie de confrontation US contre l’axe Iran-Chine-Russie qui s’est illustrée le 3 janvier par le lâche assassinat du haut commandant iranien Soleimani en plein Bagdad se tourne vers la Russie pour la pousser à la confrontation. Dans ce contexte que peut être la réaction russe ?

Plus d’un analyste estime qu’il est grand temps pour la Russie de faire passer un savon en bonne et due forme aux Américains et ce, à l’appui des alliés. Car si les États-Unis en sont arrivés au point d’opter pour la confrontation directe contre la Russie au Moyen-Orient, c’est qu’ils s’y sentent réellement menacés : après de « retentissantes gifles militaires » subies de la part de l’Iran, les États-Unis ont bien prouvé qu’ils ne comprennent que le langage de la force. Tout recul signifierait pour la Russie la perte de sa place d’acteur géopolitique émergent en Asie de l’ouest. Une contre-stratégie d’endiguement anti-US exige que Moscou rajuste sa doctrine militaire de guerre régulière à celle de son allié iranien, dominée par le principe asymétrique.

Lors d’une récente réunion en présence des attachés militaires étrangers, le contre-amiral Habibollah Sayyari, commandant adjoint de l’armée iranienne a fait souligner que « L’armée iranienne tire une extrême fierté de ce que les principes de guerres asymétriques et non-conventionnelles, conçus depuis 4 décennies, pour faire face à la puissance hégémonique qu’est l’Amérique commencent à porter leurs fruits et qu’à l’épreuve de fait, ils parviennent à faire replier à chaque étape l’Amérique : que ce soit le tir de la DCA iranienne en juin dernier contre le Global Hawk US ou encore la frappe au missile balistique du 8 janvier contre la base US à Ain al-Asad ou encore l’action de nos alliés irakiens, libanais et yéménites visant les USA et Israël , tout ceci prouve d’abord qu’il ne faut pas reculer devant l’ennemi et ensuite que la doctrine de guerre asymétrique s’avère  largement efficace pour mettre au pas cet même ennemi ».

La stratégie de guerre asymétrique iranienne se base sur le développement et la production en masse d’armements peu coûteux et simples, armements capables de défier, dans le cadre d’une guerre globale, les nouvelles technologies militaires américaines. C’est aussi une stratégie qui tire sa force de son caractère « démocratique », et de son aptitude à mobiliser les foules et à s’en prendre directement aux intérêts américains dans la région.

Cette stratégie s’est affinée au cours des ans en tirant leçon des lacunes et des failles de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, c’est une stratégie qui s’enrichit et est mise à jour au contact permanent des alliés de l’Iran dans la région. Elle est donc parfaitement flexible et d’une grande capacité d’adaptation.

La Russie a tout intérêt à s’ouvrir à ce genre d’expériences maintenant que les États-Unis lui ont déclaré la guerre par Turquie interposée. Ted Galen Carpenter, chercheur principal en études de défense et de politique étrangère au « Cato Institute », faisant référence en août dernier à un éventuel face-à-face direct USA/Iran , a reconnu dans le bimestriel, The National Interest, les cinq raisons pour lesquelles la stratégie de guerre irrégulière iranienne aura raison de l’US Army. Il écrit :

« L’ancien secrétaire adjoint à la défense, Kenneth Adelman, avait prédit en 2002 que la guerre en Irak serait facile à gagner. Cependant, la victoire des premières heures n’a été qu’un leurre, les États-Unis  ayant perdu 4 400 soldats et plus d’un billion de dollars. Ce qui rend inquiétant l’attitude cavalière du président Trump face à  l’Iran, c’est qu’il suppose implicitement que les États-Unis contrôlent le double processus de représailles et d’escalade. Or il n’en est rien : la stratégique asymétrique pour laquelle l’Iran passe maître pourrait devenir un abysse sans dans lequel les forces armées US se noieraient. 

L’amiral à la retraite James Stavridis note que l’Iran a « une capacité de guerre asymétrique exceptionnellement forte » dans plusieurs domaines :  Les cyberattaques, les tactiques de petits bateaux en essaim, les sous-marins diesel, les forces spéciales et les missiles de croisière sol-sol sont tous des atouts de haut niveau ». Ils sont également très expérimentés pour les employer dans l’environnement difficile que présente l’Asie de l’Ouest. Et pire dans tout cela, Téhéran pourrait bien faire appel à ses alliés politiques et militaires en Asie de l’Ouest pour porter atteinte aux États-Unis. L’Iran entretient des liens très étroits avec le Hezbollah au Liban et ses alliés en Irak pour mener des attaques meurtrières contre les forces américaines déployées en Irak. Et il ne faut pas ignorer le rôle potentiel de la majorité chiite en colère à Bahreïn où les USA détiennent leur cinquième flotte. L’Iran est présent en mer Rouge et là aussi les intérêts américains pourraient être en danger ».

Aller en guerre contre l’Iran ne serait pas une mince affaire et le président Trump est irresponsable d’agir d’une manière aussi désinvolte, concluait le chercheur, car « Attaquer l’Iran pourrait déclencher un cauchemar prolongé et coûteux à la fois en trésor et en sang et Téhéran a certainement une multitude de façons de riposter à l’agression américaine et d’intensifier la confrontation directe ».

La guerre asymétrique iranienne contre les USA a donc eu son écho aux États-Unis. Le ministre iranien de la Défense le confirmait ce mardi, « nous sommes en face d’un ennemi coriace et têtu qui ne comprend que le langage de la force. Tout recul devant lui serait fatal ». C’est là un avertissement dont la Russie devra tenir compte.

Lire aussi:

- La Turquie fait abattre 4 officiers du FSB russe (Réseau Voltaire)

- La Turquie menace la Syrie et indirectement la Russie (Réseau Voltaire)


- Source : Press TV (Iran)

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