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L’Eco, une véritable fin du franc CFA ?

Auteur : Olivier Renault | Editeur : Walt | Jeudi, 26 Déc. 2019 - 06h22

Huit pays d’Afrique de l’Ouest avec la France réalisent une réforme d’envergure du franc CFA, qui, selon les sources officielles, va changer de nom pour s’appeler l’Eco. Cependant cette monnaie unique prévue en 2020 sera toujours arrimée à l’euro et la France restera le garant financier même si elle déclare se retirer des instances de gouvernance.

Au même moment Kemi Seba, le leader panafricain, qui dénonçait encore samedi dernier dans une conférence au Burkina Faso « la nouvelle domination des pays africains » à la France et le rôle d'Emmanuel Macron, a été arrêté.

Le samedi 21 décembre le chef d’État ivoirien, Alassane Ouattara, et Emmanuel Macron ont annoncé à Abidjan une grande réforme du franc CFA. La monnaie utilisée par les pays de l’UEMOA va changer de nom pour prendre celui de l’Eco, la future monnaie unique de la Cedeao. « Mais avant d’atteindre cette étape-là, c’est un Eco à parité fixe à l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA)  et garanti par la France qui servira de transition afin d’attirer les investissements privés, de créer des emplois et de poursuivre le développement de nos pays », a souligné Alassane Ouattara, président en exercice de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA.

« Le Franc CFA était perçu comme l’un des vestiges de la Françafrique. Donc rompons les amarres, ayons le courage d’avancer, de regarder et de bâtir ensemble un partenariat décomplexé. La France n’a rien à cacher, n’a aucun privilège à avoir », a estimé Emmanuel Macron.

L’accord signé ne concerne que les huit pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMO) : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Les six pays d’Afrique centrale utilisant également cette monnaie, mais qui forment une zone monétaire distincte, ne sont pas concernés par cette réforme. Il est mis fin à l’obligation de la Banque centrale d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de placer 50 % de ses réserves de change auprès du Trésor français. Et la France ne siégera plus dans les organes de décision et de gestion de l’UEMOA. Ces deux derniers points étaient devenus un argument d’une France colonialiste pour de nombreux Africains.

Cette parité fixe à l’euro est cependant un point très contesté par des économistes africains qui avertissent que la monnaie, au cours élevé, est un facteur négatif pour les exportations. Ces économistes plaident pour l’indexation sur un panier des principales devises mondiales, le dollar, l’euro et le yuan chinois, correspondant aux principaux partenaires économiques de l’Afrique. Au niveau politique aussi la contestation se fait entendre en Afrique.

« Nous avons vu Emmanuel Macron accompagné de ses maîtres de maison Didier Drogba (ancien joueur de foot) » qui « était capable d’accompagner » lors de l’inauguration d’un stade de football « le président des forces coloniales françaises en Côte d’Ivoire », a lancé Kemi Seba, dans une conférence à Ouagadougou au Burkina Faso tout en dénonçant l’« intelligentsia africaine » et Radio France Coloniale (RFI) au service de cette nouvelle politique coloniale.

« Quand Emmanuel Macron va à la rencontre de  Alassane Ouattara, c’est une réunion pour planifier la recolonisation complète du Sahel sur plusieurs siècles », a dénoncé le leader charismatique du panafricanisme en rajoutant que l’Eco est « en réalité un franc CFA déguisé ». « Le franc CFA, tout le monde comprend que c’est un problème colonial, néocolonial. La seule force qui fait semblant de ne pas entendre, c’est Emmanuel Macron », a dénoncé Kemi Seba en accusant les « nôtres » (les présidents africains) qui font semblant de ne pas entendre les revendications du peuple africain et « qui pensent que la vérité doive sonner « blanche ». Appelant les Africains a se révolter contre la France, Kemi Seba a pris en exemple les Algériens qui « ont dit à l’impérialisme français : la valise ou le cercueil » pour faire partir la France. « Quand le peuple africain ne sera pas prêt à perdre ce qu’il a, la France pourra continuer à dormir sur ces deux oreilles » a encore déclaré le leader panafricain né à Strasbourg en 1981 avant d’être arrêté quelques heures plus tard dans son hôtel.

Nathalie Yamb, conseillière exécutive de Mamadou Koulibaly, Président du parti politique Lider et candidat aux élections présidentielles en Côte d’Ivoire en 2020, qui avait fait fureur à Sotchi en accusant la France d’être la source des malheurs du continent africain et en dénonçant déjà l’Eco http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1198  et qui a été expulsée de Côte d’Ivoire au début du mois de décembre http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1259 , a aussi dénoncé sur Twitter la création de l’Eco : « Macron et Ouattara. L’un est jeune et blanc. L’autre est vieux et noir. Ils sont les deux faces d’une même pièce: la monnaie de la colonie française d’Afrique. Il nous faudra lutter avec vigueur pour nous débarrasser de ces gardiens de prison d’un autre temps. Nous sommes prêts ».

Lire aussi: Macron annonce « la fin » du franc CFA : réaction de François Asselineau (UPR)


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