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Les racines britanniques de l’État Profond : Comment la Table Ronde a infiltré l’Amérique

Auteur : Matthew Ehret | Editeur : walt | Mardi, 16 Juill. 2019 - 22h34

Avec les révélations presque hebdomadaires selon lesquelles le Ministère britannique des Affaires Étrangères, le MI6 et le Quartier Général des Communications du Gouvernement (CGHQ) sont à l’origine du programme de longue date visant à compromettre la présidence de Donald Trump et l’alliance pacifique entre leaders nationaux en Amérique, Russie, Chine et ailleurs, un regain d’intérêt des Britanniques pour affaiblir les États-Unis est devenu une préoccupation grave pour beaucoup de citoyens. Au cours de la première semaine de la nouvelle année, ce feu a été alimenté par des notes de service internes provenant de l’Initiative pour l’Intégrité menée par les Britaniques, qui présentaient un étonnant exposé des techniques employées par l’opération britannique anti-russe pour infiltrer les institutions américaines du renseignement, les think tanks et les médias.

Pour ceux qui ne le savent peut-être pas, l’Initiative pour l’Intégrité est une organisation de propagande anti-russe financée à hauteur de 140 millions de dollars par le Ministère britannique des Affaires Étrangères. Tout au long de l’année 2019, des fuites ont été signalées dans des documents datant des premiers instants du mandat de Trump, démontrant que cette organisation, déjà active dans toute l’Europe pour promouvoir les relations publiques anti-russes et salir les dirigeants tels que Jeremy Corbyn, était déterminée à infiltrer le Département d’État et à constituer des « groupements » de responsables anti-Trump. Les documents révèlent des réunions à haut niveau que Chris Donnelly, Directeur de l’Initiative pour l’intégrité, a eues avec l’ancien conseiller de Trump, Sébastien Gorka, le Directeur de la Fondation McCain, Kurt Volker, le gourou des relations publiques du Pentagone John Rendon et beaucoup d’autres.

L’exposition de la marque britannique dans les coulisses nous offre un aperçu unique des véritables forces historiques qui ont miné la tradition constitutionnelle américaine tout au long du XXe siècle, puisque Mueller/Les Cinq Yeux/L’Initiative pour l’Intégrité ne sont pas des phénomènes nouveaux mais suivent en fait un modus operandi établi depuis déjà plus d’un siècle. L’un des plus grands obstacles à l’application de ce modus operandi par l’Empire britannique réside dans la croyance en une mythologie ancrée dans le psychisme mondial depuis plus d’un demi-siècle et de laquelle nous devrions nous libérer par tous les moyens.

Démystifier le mythe de « l’Empire américain »

Bien qu’il y ait un récit de longue date, promu depuis plus de 70 ans, selon lequel l’Empire britannique a disparu après la Seconde Guerre mondiale après avoir été remplacé par « l’Empire américain », rien n’est plus loin de la vérité. L’Amérique, telle que représentée constitutionnellement par ses plus grands présidents (que l’on peut malheureusement identifier par leur mort prématurée pendant qu’ils étaient en fonction), n’a jamais été colonialiste et a toujours été en faveur du contrôle des institutions britanniques dans le pays tout en combattant la pensée coloniale britannique à l’étranger.

La lutte de Franklin Roosevelt contre l’État Profond, qu’il a qualifiée de « royalistes économiques qui auraient dû quitter l’Amérique en 1776 », a été clairement définie par son vice-Président patriotique Henry Wallace qui a mis en garde contre l’émergence d’un nouveau fascisme anglo-américain en 1944 en ces termes :

« Le fascisme d’après-guerre poussera inévitablement à l’impérialisme anglo-saxon et finalement à la guerre avec la Russie. Déjà les fascistes américains parlent et écrivent sur ce conflit et s’en servent comme excuse pour leurs haines et intolérances internes envers certaines races, croyances et classes ».

Le fait est qu’en 1944 déjà, une politique d’impérialisme anglo-saxon avait été promue subversivement par des groupes de réflexion dirigés par les Britanniques, connus sous le nom de Mouvement de la Table Ronde et Fabian Society, et les graines avaient déjà été posées pour la guerre froide anti-russe par ces fascistes américains dirigés par des Anglais. Ce n’est pas un hasard si cette politique fasciste de la guerre froide a été annoncée dans un discours prononcé le 5 mars 1946 à Fulton, au Missouri, par nul autre que Winston Churchill, un membre de la Table Ronde.

L’Empire attaque

Lorsque le Mouvement de la Table Ronde a été créé avec des fonds du Rhodes Trust en 1902, un nouveau plan a été élaboré afin de créer une nouvelle élite technocratique pour gérer la réémergence du nouvel Empire britannique et écraser l’émergence du nationalisme d’inspiration américaine dans le monde. Cette organisation serait composée des générations de Boursiers Rhodes qui recevraient leur endoctrinement à Oxford avant d’être renvoyés dans leurs pays respectifs pour promouvoir un programme « d’État post-nation ».

Comme ce programme suivait en grande partie le mandat établi par Cecil Rhodes dans son Septième Testament, qui disait :

« Pourquoi ne devrions-nous pas former une société secrète avec un seul objectif : l’avancement de l’Empire britannique et le rassemblement de tout le monde non civilisé sous domination britannique, pour la récupération des États-Unis et pour faire de la race anglo-saxonne un empire à part ? »

Avec l’aide d’un président anglophile et raciste en Amérique, des personnalités organisatrices de ces groupes de réflexion ont d’abord proposé un programme visant à créer une « Société des Nations » comme solution au « problème nationaliste » qui a été vendu à l’humanité comme la « cause » de la Première Guerre mondiale. Les forces nationalistes en Amérique ont rejeté l’idée que la Constitution devait être rendue obsolète et le plan de gouvernance mondiale a échoué. Mais cela n’a pas empêché le Mouvement de la Table Ronde d’essayer à nouveau. Lord Lothian (ambassadeur britannique aux États-Unis), contrôleur de la Table Ronde, s’est plaint du « problème américain » en 1918.

« Il existe un concept fondamentalement différent sur cette question entre la Grande-Bretagne et les États-Unis quant à la nécessité d’un contrôle civilisé sur les peuples politiquement « retardés »… Les habitants d’Afrique et de certaines parties d’Asie se sont avérés incapables de se gouverner eux-mêmes… Pourtant, non seulement l’Amérique n’a aucune idée de cet aspect du problème, mais elle a été amenée à croire que la prise en charge de ce genre de responsabilité relevait d’un impérialisme injuste.

Ils adoptent une attitude à l’égard du problème de gouvernement mondial exactement analogue à celle qu’ils ont adoptée [plus tôt] à l’égard du problème de la guerre mondiale. S’ils sont lents à apprendre, nous serons condamnés à une période de relations tendues entre les différentes parties du monde anglophone. Nous devons faire comprendre aux Canadiens et aux Américains qu’une part du fardeau du gouvernement mondial est une responsabilité tout aussi grande et glorieuse que la participation à la guerre ».

Un dirigeant chinois de la révolution républicaine de 1911 inspirée par les États-Unis, Sun Yat-sen, a mis en garde contre des gens comme Lord Lothian et la Société des Nations en 1924 :

« Les nations qui emploient l’impérialisme pour conquérir les autres et qui essaient de maintenir leurs propres positions favorites en tant que seigneurs souverains du monde entier prônent le cosmopolitisme [gouvernance mondiale/mondialisation] et veulent que le monde les rejoigne… Le nationalisme est cette possession précieuse par laquelle l’humanité maintient son existence. Si le nationalisme s’effondre, alors quand le cosmopolitisme s’épanouira, nous serons incapables de survivre et nous serons éliminés ».

Nouveau nom. La même bête

En 1919, le mouvement de la Table Ronde a changé de nom pour devenir l’Institut Royal des Affaires Internationales (alias Chatham House), le nom de « table ronde » étant relégué à son périodique géopolitique. Au Canada et en Australie, des succursales ont été créées en 1928 sous l’égide des Instituts Canadien et Australien pour les Affaires Internationales (CIIA, AIIA). Mais en Amérique, où la connaissance du rôle subversif de l’Empire britannique était plus largement connue, le nom « Institut Américain pour les Affaires Internationales » était encore trop fragile. Au lieu de cela, le nom  » Conseil des Relations Étrangères » (CFR) a été choisi en 1921.

William Yandall Elliot, boursier de la Fondation Rhodes, entouré de quelques-uns de ses principaux disciples : Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski, Samuel Huntington et Pierre Trudeau

Composé de Boursiers Rhodes et de Fabians, le CFR (et ses homologues de l’International Chatham House) se sont surnommés « think tanks indépendants », ce qui a permis aux Boursiers Rhodes et aux Fabians des universités, du gouvernement et du secteur privé de collaborer à la mission de promouvoir une politique étrangère conforme au rêve de l’Empire britannique, qui était de créer des relations spéciales angloaméricaines. L’un de ces boursiers Rhodes était William Yandall Elliot, qui a joué un rôle majeur de mentor auprès de Henry Kissinger et d’une génération de géopoliticiens de Harvard, dont Zbigniew Brzezinski, Pierre Elliot Trudeau et Samuel Huntington, notamment.

La Table ronde au Canada et le coup d’État contre le Roosevelt

Au Canada, en 1931, cinq éminents boursiers Rhodes se sont employés à créer la Ligue pour la Reconstruction Sociale, une « Société Fabienne du Canada » qui se décrivait comme une réponse fasciste et technologique au chaos du « nationalisme avide » qui aurait causé l’effondrement économique du Vendredi Noir en 1929. Dans le même temps, en Amérique, ces réseaux ont emprunté une voie différente vers le fascisme au début des années 1930. Ce plan consistait à installer un général nommé Smedley Butler au pouvoir en tant que dictateur fantoche dirigé par l’establishment anglo-américain. Heureusement pour l’Amérique et le monde, le général Butler a raté son coup d’État contre Franklin Roosevelt à la dernière minute.

La prise de contrôle britannique de l’Amérique par Kissinger

Bien qu’il ait fallu quelques assassinats au cours des années d’après-guerre, la prise de pouvoir du Département d’État par Kissinger marque le début d’une nouvelle ère d’occupation britannique de la politique étrangère américaine, où la république devient de plus en plus le « Géant muet » agissant comme le « Bras américain pour le cerveau britannique » selon les mots de Churchill. Tandis qu’une génération nihiliste de jeunes prenait du LSD et qu’une vieille garde de patriotes entourant Wallace et Kennedy était tombée dans la chasse aux sorcières de la « peur rouge », la théorie géopolitique était introduite comme un doux poison dans la gorge d’une nation endormie, remplaçant une politique de paix et une « coopération gagnant-gagnant » menée par de vrais nationalistes comme Roosevelt, Wallace et les Kennedy par un clone impérial se faisant passer pour une république.

Kissinger n’a rien fait de moins que de révéler son allégeance totale à l’Empire britannique le 10 mai 1981 lors d’une conférence à Chatham House en Grande-Bretagne, lorsqu’il a décrit sa relation avec le Ministère britannique des Affaires Étrangères en ces termes :

« Les Britanniques ont été si utiles qu’ils ont participé aux délibérations internes américaines, plus qu’ils ne l’ont probablement jamais fait entre nations souveraines… Dans mon incarnation à la Maison-Blanche, j’ai tenu le Ministère britannique des Affaires Étrangères mieux informé et plus étroitement engagé que le Département d’État américain… C’était symptomatique ».

Au cours de cette période, Kissinger a travaillé en étroite collaboration avec le directeur de la CIA George Bush Senior, qui a ensuite été récompensé pour son rôle dans l’avancement de la première guerre prévue par les Britanniques contre le Koweït avec un titre de chevalier. Cette guerre a ouvert la voie à la deuxième vague de guerres au Moyen-Orient, à commencer par l’opération orchestrée par les Anglo-Saudiens, connue sous le nom de 11 Septembre, et par l’entrée en vigueur du nouvel « ordre d’État post-nation » de Kissinger et Blair.

C’était l’époque que Kissinger et Bush célébraient en divers endroits sous le nom de « Nouvel Ordre Mondial ».

Le Nouvel Ordre Mondial dystopique menacé par un nouveau pacte du XXIe siècle

C’est cet ordre géopolitique dystopique qui a été remis en question par l’alliance russo-chinoise qui s’est sérieusement manifestée avec l’annonce par Xi Jinping en 2013 de l’Initiative Ceinture et Route en tant que grand projet d’infrastructure à grande échelle au niveau international et en septembre 2015 avec l’intervention de Vladimir Poutine en Syrie qui a fait échec au modèle du changement de régime hobbésien qui empoisonne l’Ouest. En 2016, l’élection du Président nationaliste américain Donald Trump a ouvert la porte, pour la première fois en plus de 50 ans, à une véritable coalition nationale de nations souveraines pour éliminer à jamais le cancer de la pensée coloniale.

C’est ce même État Profond dirigé par les Britanniques qui contrôle Robert Mueller, qui avec l’Initiative pour l’Intégrité, Les Cinq Yeux et d’autres agents de l’État Profond se consacrent à renverser le président Trump et à détruire le grand potentiel auquel le monde fait face actuellement, comme l’ont décrit l’Institut Schiller et le politicien américain Lyndon LaRouche : 1) une réorganisation à la Roosevelt du système bancaire en faillite ; 2) le lancement mondial de la Nouvelle Route de la Soie, le New Deal du XXIème siècle.

Traduit par Réseau International


- Source : Oriental Review

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