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Le petit-fils de Nelson Mandela dénonce l’apartheid israélien

Auteur : Gavin O’Toole | Editeur : Walt | Samedi, 13 Juill. 2019 - 15h44

Le petit-fils du héros anti-apartheid Nelson Mandela a condamné sans équivoque « l’apartheid israélien », dans un discours très médiatisé, où il exprimait la solidarité des Sud-Africains envers les Palestiniens.

Zwelivelile Mandela, député du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, a fait cette déclaration samedi à l’Exposition universelle sur la Palestine, un événement annuel organisé à Londres pour mettre en avant l’histoire, le patrimoine et la culture palestinienne. L’an dernier, elle a attiré 15 000 visiteurs.

S’adressant à un large public, Mandela a déclaré que la loi de l’État-nation adoptée en 2018 déclarant qu’Israël était la patrie historique du peuple juif « a confirmé ce que nous savions déjà de la véritable nature d’Israël : Israël est un Etat d’apartheid ».

Il a également décrit ce qui avait constitué l’apartheid pour les Sud-Africains noirs – depuis la création des bantoustans jusqu’à l’expropriation des terres et aux atteintes quotidiennes contre la dignité des personnes.

« Toutes les caractéristiques de l’apartheid étaient présentes en Israël depuis sa création, mais elles ont maintenant été définies, codifiées et constitutionnalisées par la loi de l’État-nation ».

« L’état d’apartheid, Israël, institutionnalise à son tour la discrimination en se définissant légalement comme un État juif ; ce faisant, il fait des non-juifs des citoyens de seconde classe, devenus des étrangers dans leur pays d’origine ».

Allégations d’antisémitisme

Le journaliste israélien Gideon Levy, qui a critiqué les efforts des Etats-Unis pour résoudre le conflit israélo-palestinien par des investissements, a également pris la parole lors de cet événement.

Il a déclaré à son auditoire londonien que, non seulement l’Accord était une honte, mais que s’il devait être mis en œuvre, il sonnerait le glas de « tous les droits et toutes les aspirations des Palestiniens », et qu’il fallait donc que le monde entier se mobilise pour faire pression sur Israël.

« Nous avons besoin de tout le monde parce qu’Israël ne changera pas de son propre chef – tant qu’Israël et les Israéliens ne seront pas sanctionnés et ne paieront pas pour l’occupation, pour les crimes qu’ils ont commis, il n’y aura aucun changement. Il ne viendra jamais de l’intérieur d’Israël ».

Levy a également critiqué la façon dont les politiciens et les médias occidentaux se sont laissé convaincre par une campagne « très efficace » menée par Israël pour qualifier d’antisémite toute critique des activités du pays.

« Nous en sommes arrivés au stade où toute critique d’Israël devient non seulement impossible, mais presque criminelle. Je ne connais pas d’autre situation dans laquelle la lutte pour la justice est criminalisée – c’est du jamais vu ».

« La formule est très au point et très efficace et nous ne devrions pas nous laisser intimider : vous osez critiquer l’occupation ? Vous osez critiquer Israël ? Vous osez avoir de la sympathie pour les Palestiniens, les victimes ? Vous osez parler de justice ? Vous savez ce que vous êtes : vous êtes un antisémite. Cela paralyse tout le monde ».

Ilan Pappe, professeur à l’Université d’Exeter et directeur du Centre européen d’études palestiniennes, a également dénoncé la couverture médiatique des activités d’Israël et la manière dont ces dernières se sont dissimulées derrière la « fabrication de l’antisémitisme institutionnel ».

Pappe a déclaré qu’il était important de remettre ce qui arrive aux Palestiniens de zones comme Gaza dans le contexte historique.

« Malheureusement, le monde ne sait pas ce qui se passe à Gaza. Dans ce pays, les médias grand public, qu’il s’agisse de Sky News, de la BBC ou des principaux journaux, ne parlent pas de la bande de Gaza ».

« Ils montent en épingle chaque mot qui, selon eux, atteste de l’antisémitisme institutionnel au sein du Parti travailliste, mais ils n’ont pas parlé des 49 jeunes Palestiniens tués hier par des snipers israéliens. Ni des 52 Palestiniens abattus la semaine dernière ».

Les démolitions de maisons

Le militant des droits de l’homme Issa Amro, qui est basé à Hébron – le fer de lance de l’appropriation des terres palestiniennes par les colons israéliens – a déclaré à son auditoire que la ville était devenue le « micro-centre de l’apartheid, de la discrimination et de la ségrégation ».

Amro se consacre à essayer de s’opposer aux démolitions toujours plus nombreuses de maisons palestiniennes par les autorités israéliennes pour que les colons puissent s’emparer des terres et des ressources.

Il a déclaré que les démolitions avaient considérablement augmenté depuis que Donald Trump était devenu président des États-Unis au début de 2017, et qu’actuellement Israël allait même jusqu’à forcer les Palestiniens à démolir eux-mêmes leurs maisons.

« Il ne faut pas avoir peur d’être accusé d’antisémitisme, au contraire il faut que cette conférence envoie le message que critiquer les violations des droits de l’homme en Israël n’est pas de l’antisémitisme », a-t-il dit.

Daphna Baram, directrice du Comité israélien contre les démolitions de maisons au Royaume-Uni, a décrit l’ampleur des démolitions, soulignant que 201 structures palestiniennes ont été démolies en juin seulement, portant à 49 336 le nombre des bâtiments détruits depuis 1967.

« C’est le quotidien d’une occupation qui rend la vie des Palestiniens impossible », a-t-elle dit. « Ce n’est pas un hasard, rendre la vie des Palestiniens impossible est le but.

« Depuis des générations, l’objectif du gouvernement israélien est de se débarrasser des Palestiniens en les forçant à partir de mille manières différentes, et l’une des principales est de démolir leurs maisons ».

Les pays du sud « négligés »

Le journaliste et écrivain palestinien Ramzy Baroud – qui revenait tout juste d’une tournée de solidarité de 10 jours au Kenya – a déclaré lors de l’événement dans la capitale britannique que les activistes palestiniens devaient ouvrir un nouveau front en direction du monde en développement.

L’activisme palestinien a négligé le « Sud global » à cause du processus de paix d’Oslo et d’un discours qui a laissé penser que le destin de la Palestine dépendait des capitales du monde développé.

« Mais Israël a redécouvert l’hémisphère sud et a élargi sa zone d’influence à l’Afrique, l’Amérique du Sud et à d’autres régions », a dit Baroud. « Nous devons y retourner et ranimer leur solidarité ».

« J’ai remarqué qu’en Afrique, on ne subit pas de basses attaques à chaque mot qu’on prononce – personne ne vous accuse d’antisémitisme, cela ne fait pas partie des préoccupations des auditeurs africains : ce qui les intéresse, c’est la libération nationale ».

Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet


- Source : Al-Jazeera (Qatar)

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