www.zejournal.mobi
Jeudi, 25 Avr. 2024

Les États-Unis interviendront-ils dans les élections boliviennes ?

Auteur : Hugo Moldiz Mercado | Editeur : Walt | Jeudi, 04 Avr. 2019 - 20h56

Le Venezuela, le Nicaragua et Cuba sont la priorité des États-Unis. Cela ne veut pas dire qu’ils vont rester sans rien faire face à la Bolivie, où Evo Morales s’élève dans les intentions de vote aux élections générales.

Bien que cela n’ait pas pris l’ampleur des mesures prises contre les révolutions vénézuélienne et nicaraguayenne, l’accent étant clairement mis sur la première, les États-Unis ont envoyé des signaux au Président Evo Morales, par différents moyens, afin de le dissuader de participer aux élections de cette année.

Les messages étatsuniens ne sont pas surprenants. Ils font partie de la contre-offensive impériale et conservatrice contre les processus et les gouvernements révolutionnaires et progressistes d’Amérique Latine, au nom de leur intérêt manifeste pour que le monde ne perde pas son caractère unipolaire. La stratégie « America First » développée par l’administration Trump n’est pas incompatible avec sa « mission », presque messianique, d’être le leader qui modèle et régule le mouvement planétaire, d’autant plus que la Chine et la Russie compliquent l’échiquier géopolitique.

Il n’est pas nécessaire de faire appel aux sciences occultes ni d’être trop rigoureux dans la connaissance de l’histoire de l’Amérique Latine, qui n’est autre que l’histoire des interventions étatsuniennes dans les affaires intérieures des pays, pour assurer que Evo Morales est aussi dans la mire de Washington. La stabilité obtenue par le gouvernement bolivien et la position permanente de condamnation de Evo Morales contre les actions étatsuniennes représentent un mauvais exemple pour l’impérialisme qu’il ne peut tolérer.

L’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures de la Bolivie est de longue date. Pour ne pas entrer dans toute cette histoire pour ne citer que l’ingérence ouverte de l’Ambassadeur Manuel Rocha dans les élections de 2002, lorsqu’il a appelé à ne pas voter pour Evo Morales s’il refusait l’aide apportée au pays sur les questions de développement (à travers l’USAID) ou des transferts de fonds provenant de la communauté bolivienne. Il convient également de noter les rencontres de Philip Golberg avec l’opposition bolivienne, qui a développé des actions antidémocratiques en 2008, ou les missions de renseignement politique déployées par la DEA. La réponse bolivienne a été l’expulsion de l’ambassadeur des États-Unis et de la force antidrogue.

Ce serait donc une naïveté totale, avec des conséquences très graves pour la Bolivie et le processus de changement, que le gouvernement et les mouvements sociaux ne tiennent pas compte de l’histoire passée et présente des États-Unis et ne se préparent pas à affronter les plans qu’ils mettent au point en ce moment même.

Il est vrai, comme le soulignent les stratèges de ce pays, que la priorité est le Venezuela, le Nicaragua et Cuba, qu’ils considèrent comme des pays membres de « l’axe du mal ». Mais il est également vrai que les États-Unis n’ont jamais toléré le moindre gouvernement réformiste dans la région.

De plus, les appels désespérés de la droite bolivienne, tels que ceux de Carlos Mesa, Oscar Ortiz et de l’opérateur du Département d’État Jorge Quiroga, que l’OEA (comprendre États-Unis) active la Charte Démocratique Interaméricaine contre la Bolivie ou que la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme réponde négativement à « l’avis consultatif » quant à savoir si la réélection est un droit humain, montrent que l’objectif est de pouvoir influencer « de l’extérieur », ce qui ne peut pas l’être « de l’intérieur ».

Cette convocation de l’opposition prend de l’ampleur, au moment où Evo Morales est à quelques points de franchir la barre des 51 % d’intention de vote ou, dans le pire des cas, d’atteindre une différence de plus de 10 points sur le second.

Eh bien, examinons les faits politiques qui étayent la thèse de l’ingérence étatsunienne dans les affaires intérieures de la Bolivie dans la perspective des prochaines élections :

Le 30 novembre 2017, un communiqué officiel du Département d’État des États-Unis a « exhorté » le Président Morales à respecter le référendum du 21 février 2016 et à ne pas présenter sa candidature aux élections de 2019, qui définiront le gouvernement qui dirigera le pays andin dans la période 2020-2025.

« Le peuple bolivien s’est exprimé clairement. Les États-Unis le soutiennent et exhortent le gouvernement bolivien actuel à respecter le résultat de ces référendums », déclare le communiqué du gouvernement étatsunien, rejetant la décision de la Cour Constitutionnelle Plurinationale du 28 novembre 2017, qui autorise toutes les autorités élues – dont Evo Morales et Álvaro García Linera – à se présenter aux élections nationales et sous-nationales.

Le binôme Evo Morales-Álvaro García Linera

Un autre communiqué de même origine a été publié le 17 décembre 2018, un mois et dix jours avant les élections primaires qui ont légitimé les binômes présidentiels présentés par les organisations politiques et dans lequel le MAS a reçu un fort soutien de ses militants à la formule Evo Morales-Álvaro García Linera. Ces deux paragraphes du communiqué sont très clairs :

« Les États-Unis se joignent à l’Union Européenne pour souligner que les menaces à l’encontre des juges du Tribunal électoral suprême ne sont pas de nature à créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections libres et régulières en 2019 ».

« Le respect de l’indépendance de la justice, du pluralisme politique et de la liberté d’expression sont des droits fondamentaux et des piliers fondamentaux de la démocratie et de l’État de droit ».

Mais ce n’est pas tout. Les actions contre la Bolivie ne viennent pas seulement de la Maison-Blanche, mais aussi du Congrès des États-Unis :

La députée étatsunienne Ileana Ros-Lehtinen, d’origine cubaine et d’une ligne dure contre les gouvernements de gauche, a demandé au Président Trump lors d’une session du Congrès :

« Le peuple bolivien a besoin de notre aide, Monsieur le Président, et nous devons commencer à prêter attention à ce qui se passe ici dans notre hémisphère ».

Mais la résolution législative, transférée ensuite à la Commission des Affaires Étrangères, dans laquelle trois membres d’une commission bipartite du Congrès soulignent l’importance de la question, est encore plus significative :

« La Bolivie se lance dans une direction très dangereuse, s’alignant sur des régimes illégitimes et illégaux, dont celui de (Nicolas) Maduro au Venezuela. Il est important que tous les partis respectent la Constitution bolivienne, qui prévoit la limitation des mandats », a déclaré le sénateur républicain Ted Cruz.

La résolution, menée par le législateur démocrate Bob Menendez, appelle les démocraties d’Amérique Latine, dont la Bolivie, à respecter « des transferts réguliers et pacifiques du pouvoir par des élections ».

« Nous devons avoir une approche claire et cohérente contre tout dirigeant élu qui tente d’étendre son contrôle du pouvoir en contournant la constitution de son pays », a déclaré Menendez, le plus haut membre démocrate de la commission des relations internationales du Sénat des États-Unis.

En guise de conclusion. Les États-Unis et l’opposition ne s’arrêteront pas à leur stratégie d’ingérence dans les affaires intérieures de la Bolivie. La mesure dans laquelle ils le font dépend d’un certain nombre de facteurs internes et externes, notamment de l’évolution de la situation vénézuélienne.

Traduit par Pascal pour Réseau International

Lire aussi: Le Venezuela, une nouvelle Syrie


- Source : Cubadebate (Cuba)

Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...