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RPL – Provocation de Kiev concernant le point de passage de Zolotoye

Auteur : Christelle Néant | Editeur : Walt | Mardi, 26 Mars 2019 - 15h47

Alors que les élections présidentielles ukrainiennes approchent, les discussions des groupes de contact à Minsk sont devenues un enjeu électoral, que Kiev utilise au maximum à des fins de propagande pour améliorer le score de Porochenko. Ainsi en est-il de la déclaration unilatérale par l’Ukraine de l’ouverture du point de passage de Zolotoye (situé en République Populaire de Lougansk – RPL).

La déclaration faite le vendredi 22 mars par la représentante ukrainienne au sein du groupe de contact sur les questions humanitaires à Minsk, Irina Guerachtchenko a fait l’effet d’une bombe. Cette dernière a en effet annoncé que le dimanche 24 mars, le point de passage de la ligne de front situé sur la localité de Zolotoye serait ouvert.

Un peu plus tôt, un autre représentant ukrainien, Evgueni Martchouk avait annoncé que l’Ukraine prévoyait de réparer unilatéralement le pont de Stanitsa Louganskaya (un pont détruit par l’armée ukrainienne le 19 mars 2015, qui est actuellement le seul point de passage entre l’Ukraine et la RPL, et qui ne peut accueillir que des piétons comme on peut le voir sur la photo d’illustration de l’article).

Ces deux déclarations ont fait bondir les autorités de la RPL, pour plusieurs raisons. La première, est que l’ouverture d’un nouveau point de passage doit se faire en coordination avec les deux parties du conflit, et surtout, il faut que la zone soit parfaitement déminée et qu’elle ne soit pas régulièrement bombardée.

Or à Zolotoye, la zone n’est absolument pas déminée, le retrait des armes lourdes n’a jamais pu avoir lieu à cause des sabotages récurrents de Kiev, et l’armée ukrainienne bombarde le village de Zolotoye plusieurs fois par semaine ! Résultat, le porte-parole de la milice populaire de la RPL, le Lieutenant-colonel Andreï Marotchko a dénoncé ces annonces comme étant une provocation cynique et criminelle.

« L’ouverture (prévue) du point de passage de Zolotoye dans la « région de Lougansk » peut faire des victimes, c’est une autre provocation. La MSS de l’OSCE fait régulièrement état de la présence d’armes et d’équipements militaires déployés dans la zone de désengagement, de coups de feu et de munitions non explosées (trouvées dans la zone) », a-t-il déclaré.

Ce n’est pas la première fois que l’Ukraine tente d’ouvrir unilatéralement ce point de passage à des fins de provocation. Kiev avait déjà tenté cette approche le 20 octobre 2017.

Mais comme l’a rappelé le ministre des Affaires étrangères de la RPL, Vladislav Deïnego, la RPL a toujours posé comme condition le retrait des Forces Armées Ukrainiennes (FAU) de Stanitsa Louganskaya et l’ouverture en simultané des points de passage de Chtchastye et de Zolotoye.

« Pour Lougansk et une grande partie du territoire de la RPL, il est beaucoup plus important d’ouvrir le point de passage par le pont de Chtchastye, en termes de logistique et de capacité », a déclaré le diplomate.

Le chef de la RPL, Léonid Passetchnik a rappelé que le point de passage ne serait ouvert du côté de la République qu’une fois que toutes les conditions seront réunies et que la RPL aura donné son accord.

« Malgré l’absence d’accords entre la RPL et l’Ukraine sur l’ouverture du point de passage de Zolotoye, Kiev va l’ouvrir le 24 mars de manière unilatérale et laisser passer un grand nombre de personnes. Pour garantir la sécurité, le poste de contrôle restera fermé du côté de la RPL jusqu’à ce que la décision coordonnée soit adoptée par les deux parties du conflit, la RPL et l’Ukraine, lors des négociations de Minsk », avait déclaré le chef de l’État.

Devant le risque qu’une telle provocation faisait courir, la République Populaire de Donetsk (RPD), a elle aussi dénoncé publiquement cette ouverture unilatérale à visée électoraliste.

« Les intentions annoncées par l’Ukraine d’ouvrir unilatéralement le point de passage de Zolotoye et de réparer seule le pont de Stanitsa Louganskaya sont de simples provocations, déguisées en initiatives de paix. En réalité, depuis deux ans, la partie ukrainienne ignore la proposition du CICR (Comité International de la Croix-Rouge) de réparer le pont de Stanitsa Louganskaya, et a installé de nouveaux champs de mines à Zolotoye. […] Toute action dans la zone de conflit doit être coordonnée par les deux parties. Les initiatives unilatérales sur la ligne de contact font peser une menace sur la vie et la santé des civils. Nous partageons les préoccupations de la RPL et demandons instamment à l’OSCE et aux pays garants de prêter attention au comportement inacceptable de l’Ukraine. Nous aspirons à un règlement pacifique du conflit par le biais de négociations avec l’Ukraine. Nous espérons que le bon sens prévaudra et que tout se passera sans provocation sanglante faite au nom de la côte préélectorale de quelqu’un, » a déclaré Natalia Nikonorova, ministre des Affaires étrangères de la RPD.

La réparation du pont effondré de Stanitsa Louganskaya, qui est actuellement le seul point de passage entre la RPL et l’Ukraine, est sans cesse repoussée à cause du sabotage de Kiev. La RPL a proposé à plusieurs reprises de reconstruire le pont, en suivant les plans techniques fournis par le CICR, qui prévoient un pont de 3 m de large afin que les ambulances puissent l’emprunter. Or Kiev veut imposer une limite de 2,2 m de large, qui empêcherait les ambulances de traverser la rivière.

Devant la levée de boucliers, Kiev a renoncé à ouvrir réellement le point de passage de Zolotoye, mais pas de s’en servir à des fins de propagande. Le tout au milieu d’un cafouillage communicationnel complet.

Ainsi, dimanche, le service des gardes frontières ukrainien rapportait que le point de passage de Zolotoye avait été ouvert à 7 h du matin, suivant les ordres du commandant de l’Opération des Forces Interarmées (OFI), Sergueï Nayev. Puis vers midi, la partie du texte concernant Zolotoye, a disparu du rapport des gardes frontières.

À peu près au même moment, Irina Guerachtchenko, écrivait sur son mur Facebook que son collègue Evgueni Martchouk était en contact avec Nayev concernant l’ouverture du point de passage. Le même Nayev qui annonçait que tout était prêt, alors que le service de presse de l’OFI avait annoncé sur sa page Facebook qu’il n’était pas possible d’ouvrir le point de passage de Zolotoye.

Pour finir, dans l’après-midi du 24 mars, des rapports annonçaient que le point de passage était opérationnel et que 142 personnes l’avaient franchi, alors que dans le rapport du 25 mars, le point de passage de Zolotoye n’était pas inclus dans la liste des points de passage opérationnels.

Pour finir, la RPL a démenti que qui que ce soit ait franchi ce point de passage imaginaire.

« Personne n’est passé depuis l’autre côté (par le point de contrôle de Zolotoye). Des rapports ukrainiens rapportent que 142 personnes ont traversé… ils auraient pu écrire un millier, mais le fait est que personne n’a traversé », a déclaré Olga Kobtseva, représentante de la RPL au sein du groupe de contact sur les questions humanitaires à Minsk.

« La partie ukrainienne promeut ses intérêts en publiant et en couvrant des événements qui n’ont jamais eu lieu. L’ouverture de Zolotoye ressemble à une provocation arrogante, elle a été approuvée au plus haut niveau. Ils essaient d’améliorer leur cote de popularité et ils montrent qu’ils ne veulent pas que la paix soit rétablie », a ajouté Kobtseva.

Le pompon a été atteint, quand la MSS de l’OSCE a été incapable de confirmer les annonces fantaisistes de Kiev. L’annonce a été faite par Vladislav Deïnego, dimanche, sur place.

Le ministre des Affaires étrangères de la RPL a rencontré des journalistes près de la zone où est censée se trouver le point de passage et a déclaré que « la MSS a déclaré qu’ils n’ont vu aucune activité d’ouverture, ils ne confirment pas les déclarations ukrainiennes sur l’ouverture du point de passage. Il n’y a aucune raison de le considérer comme ouvert. »

Il a ajouté que la RPL avait contacté la MSS pour la deuxième fois afin de revérifier, et d’être totalement sûrs, mais la réponse de l’OSCE a été sans appel : « le point de passage de l’autre côté n’est pas opérationnel ».

Encore un coup de communication de la part de Kiev, sur le dos des civils qui espéraient enfin pouvoir franchir la ligne de contact dans des conditions moins pénibles que par la passerelle de bois de Stanitsa Louganskaya. Le tout afin d’essayer de remonter au cric la côte de popularité désastreuse de Porochenko dans le Donbass, tout en n’excluant pas des scénarios encore plus cyniques d’utilisation de cette provocation, si Kiev avait été jusqu’au bout de celle-ci.

Décidément ces élections présidentielles ukrainiennes sont réellement les plus sales et les plus immondes que le pays n’ait jamais connues.


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