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L’Etat islamique en Ukraine: un cadeau de Noël des occidentaux

Auteur : George Galloway | Editeur : Walt | Mercredi, 02 Janv. 2019 - 21h02

Les combattants islamistes tchétchènes qui ont perfectionné leurs compétences au combat dans des camps d’entraînement de l’Etat islamique sont en guerre contre les rebelles ukrainiens, confirme le Times.

Le reportage du journal britannique The Times, selon lequel des islamistes tchétchènes, dont beaucoup ont été ébranlés par la défaite en Syrie et en Irak, base du fanatisme, étaient effectivement arrivés sur le front de la guerre dans l’est de l’Ukraine,  m’a réveillé de toute torpeur liée à Noël.

Un précédent article publié dans le New York Times avait révélé que les Tchétchènes islamistes étaient sous le commandement du parti fasciste Secteur droit et qu’ils étaient là pour «combattre les Russes» car «nous aimons combattre les Russes» et «nous ne cesserons jamais de les combattre».

Pour le Times, à Noël, il a suffi de citer l’un de leurs commandants : «Poutine est notre ennemi commun». Citation qui bien sûr aurait pu émaner du rédacteur du Times!

Si cet article m’a frappé, il n’en est pas de même du reste des médias britanniques, encore moins de la classe politique britannique. Il a survolé les espaces médiatiques alors qu’il aurait dû susciter la peur et la haine. «Strictly Come Dancing» suscitait plus d’intérêt que ces extrémistes islamistes barbus, devenus une fois de plus nos partenaires dans le crime (Strictly Come Dancing est une émission de télévision britannique. Dans chaque saison, chaque célébrité est associée à un professionnel de la danse et doit, chaque semaine, s’entrainer pour montrer le résultat devant le jury et le public).

Mais il en a toujours été ainsi.

Lorsque je suis revenu à la Chambre des Communes en 2012, après une brève absence, j’ai demandé au Premier ministre de l’époque, David Cameron, s’il avait lu Frankenstein de Mary Shelley. Et si oui, s’il l’avait lu jusqu’à la fin. La fin au cours de laquelle le monstre, que le bon docteur avait si imprudemment créé, se libère de son contrôle et commence à se comporter réellement comme un monstre.

À une autre occasion, me trouvant coincé quelques instants dans un ascenseur avec le Secrétaire aux Affaires étrangères de l’époque, William (aujourd’hui Lord) Hague, je lui ai dit: «William, vous vous êtes trompé dans le passé, en fait vous vous êtes trompé toute votre vie. Mais vous n’aviez jamais été fou auparavant. Cette politique qui consiste à mettre des couteaux entre les mains de fanatiques islamistes et à leur permettre d’aller en Syrie n’est pas seulement mauvaise, elle est folle.

«Et un jour, ai-je ajouté solennellement, ces mêmes hommes avec ces mêmes couteaux seront dans ce bâtiment à votre recherche, à ma recherche.» Ce qui s’est réalisé trois ans plus tard.

Photo : Cyberberkut

Mes pouvoirs de prédiction au Parlement remontent cependant encore plus loin.

La  veille de la chute de Kaboul face aux hordes islamistes, il y a près de 30 ans, j’ai dit à l’ancienne Premier ministre Margaret Thatcher: «Vous avez ouvert les portes aux barbares et une longue nuit noire va maintenant s’abattre sur le peuple afghan.»

Ce n’est certainement pas la pire prédiction que j’ai faite.

Si j’avais été dans les parages à l’époque, j’aurais sonné la même alarme à propos de l’appui accordé par les Britanniques au régime des Frères musulmans en Egypte contre le président Nasser, à propos du soutien britannique et américain aux obscurantistes pendant la guerre civile au Yémen dans les années 1960, au sujet du concours apporté par Israël à ce qui est devenu le Hamas, à Gaza, opposé au président Arafat, à propos de l’aide apportée par l’Occident aux extrémistes du Groupe de combat islamique libyen contre Kadhafi et à de nombreux autres. Je leur aurais dit à tous : «Lisez Mary Shelley, lisez Frankenstein et lisez-le jusqu’à la fin.»

La politique consistant à dire «l’ennemi de mon ennemi est mon ami» est profondément immorale et a échoué régulièrement, et pourtant elle a été reproduite à maintes reprises.

Au milieu des années 90, j’ai donné au Département international du Comité central du Parti communiste chinois une conférence sur les informations que j’avais eues en travaillant avec l’opposition saoudienne à Londres selon lesquelles un certain Oussama Ben Laden avait été dirigé par les Etats-Unis vers la région du Xinjiang en Chine pour y agiter la minorité musulmane ouïgoure, exacerber son éloignement de l’État, tirer parti des faiblesses de la politique de l’État chinois à l’égard de ses citoyens musulmans. Et semer la terreur.

Le nom d’Oussama Ben Laden était si inconnu à l’époque que les cadres du Département international m’ont entouré à la fin pour me demander de l’épeler. Cette information a semblé si importante qu’une semaine plus tard, j’ai dû la réitérer à l’intention du vice-ministre des Affaires étrangères de Chine.

En 2015, le New York Times a tenu à préciser que les fanatiques présents à Mariupol étaient des «volontaires non rémunérés» et que ni eux ni leurs commandants du Secteur droit n’avaient été payés ou entraînés par les forces spéciales américaines, ni par les fonctionnaires américains. Mais c’est ce qu’ils disent toujours.

Les États-Unis ne soutiennent que les fanatiques «modérés», comme en Syrie. Si vous le croyez, j’ai un pont ici, à Londres, je peux vous le vendre à bas prix.

C’était déjà assez grave quand il s’agissait seulement du Secteur droit, composé d’une demi-douzaine de groupes ultra-nationalistes comme le Marteau Blanc, le Trident de Stepan Bandera et le groupe Azov, qui utilisent ouvertement le symbole «Wolfsangel» des SS.

Ces groupes sont des partisans déclarés des pogromistes antisémites qui se sont jetés sur leurs voisins juifs et les ont assassinés pendant l’occupation nazie en Ukraine. Il n’a pas été nécessaire d’attendre les trains ou les camps de concentration. Et pourtant, ils sont devenus des partenaires politiques pour les «démocraties libérales».

Un axe du mal formé entre ceux-ci et les adeptes criminels de l’extrémisme islamiste, qui coupent les têtes, qui dévorent les cœurs,  qui crucifient, représente une nouvelle bassesse de la politique occidentale. Et le pire cadeau de Noël possible pour les chrétiens en Ukraine orientale.

L'auteur, George Galloway, a été membre du Parlement britannique pendant près de 30 ans. Il présente des émissions de télévision et de radio (y compris sur RT). C’est un cinéaste, écrivain et orateur de renom.

Photo d'illustration: Un commandant d’unité tchétchène du bataillon Sheikh Mansur en Ukraine (crédit photo: Getty Images/Celestino Arce)

Traduction: La Gazette du Citoyen

Lire aussi: Des islamistes formés par Daech se battent pour Kiev dans le Donbass (DI)


- Source : RT (Russie)

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