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Vendredi, 29 Mars 2024

Guerre commerciale: Pékin tire une salve contre le pétrole américain

Auteur : Olga Lechtchenko | Editeur : Walt | Dimanche, 07 Oct. 2018 - 17h00

Sur fond de guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine a arrêté en septembre ses importations du brut américain qui avaient été multipliées par sept en moins de deux ans. Ce geste sera-t-il sensible pour le pétrole américain et où le géant asiatique assoiffé d’hydrocarbures ira-t-il désormais s’approvisionner? Éléments de réponse.

Le pétrole américain ne semble plus être le bienvenu en Chine. Xie Chunlin, président de l’entreprise chinoise de transport maritime China Merchants Energy Shipping (CMES), a annoncé mercredi que les livraisons du brut en provenance des États-Unis avaient été «entièrement arrêtées» en septembre sur fond de guerre des tarifs douaniers avec Washington. Le même constat a été fait par la plateforme de données Refinitiv Eikon, indiquait Reuters.

Ce n’est qu’en 2016 que les États-Unis ont commencé à vendre leur pétrole à l’Empire du milieu. «Pour Pékin, c’était alors un geste politique censé montrer à Washington que la Chine était prête à faire des concessions et à contribuer à réduire le déficit commercial américain», explique à Sputnik Sergueï Loukonine, responsable du secteur Économie et politique de la Chine, au sein de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales, basé à Moscou (IMEMO).

Un an plus tard, en 2017, le géant asiatique était déjà le deuxième importateur de l’or noir américain, en consommant 20% annuellement et ne cédant le terrain qu’au Canada, selon les chiffres de l’Agence d’information sur l’énergie (EIA).

Si en février 2017, la Chine importait près de 2 millions de barils par mois, ce chiffre a en peu de temps été multiplié par sept pour atteindre en juin 2018 14 millions de barils avant de chuter en septembre jusqu’à 0,6 million de barils, découle-t-il des données diffusées par Reuters.

«Le refus du pétrole américain cause des dégâts minimaux à la Chine», poursuit M.Loukonine. «En revanche, pour les États-Unis, cela pose un problème, car ils cherchent à se placer sur le marché avec leur pétrole, leur gaz de schiste, et ils sont intéressés à augmenter leurs débouchés. Ils comptaient sur Pékin, et maintenant Pékin refuse».

Si l’Empire du milieu prend officiellement la décision de renoncer au pétrole américain, il ne devrait pas patienter longtemps pour trouver d’autres sources d’approvisionnement. Pékin pourrait notamment se tourner vers son voisin russe, dont le rapprochement inquiète déjà depuis longtemps Washington. S’ajoute ici l’option d’augmenter les importations depuis l’Afrique ou encore celles en provenance de ses partenaires traditionnels en la matière, soit les pays du Proche-Orient.

Premier acheteur au monde de pétrole iranien, la Chine pourrait ainsi augmenter encore davantage ses importations en provenance de la République islamique. Or, la perspective de sanctions américaines attendues en novembre fait quand même réfléchir à deux fois ses sociétés avant de se lancer dans l’aventure.

«Les décisions seront prises dans chaque cas individuel, avec l’évaluation des risques et des bénéfices, mais j’estime que la coopération avec l’Iran sera maintenue, d’autant que la Russie, la Chine et l’UE cherchent à mettre en place une entité pour échapper aux sanctions américaines», conclut Sergueï Loukonine.

Rappelons dans ce contexte qu’en mai dernier, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait prévu dans une interview à Fox News que les ventes des hydrocarbures américains vers le marché chinois doubleraient d’ici trois à cinq ans.


- Source : Sputnik (Russie)

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