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Donald Trump, le candidat mandchou et l’enquête sur la Russie. L’intrigue Rosenstein-Comey-Mueller

Auteur : Michel Chossudovsky | Editeur : Walt | Lundi, 01 Oct. 2018 - 11h57

Le procureur général adjoint Rod Rosenstein devait être limogé par le président Trump le jeudi 27 septembre. Mais la réunion s’y rapportant a été retardée jusqu’à la semaine prochaine, afin d’éviter tout chevauchement avec les audiences du Sénat concernant la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême. Dans l’intervalle, Rosenstein a accepté de rencontrer des législateurs républicains en privé.

Le dénouement de l’affaire Rosenstein est incertain. Elle est intimement liée à l’histoire du « Russia-Gate » qui a commencé avant les élections de novembre 2016 et qui consistait à présenter Trump comme un candidat mandchou contrôlé par le Kremlin.

Déjà avant son inauguration, les médias avaient affirmé que « Trump couche avec l’ennemi ». La trame narrative sous-jacente misait sur sa « destitution ».

Belleville National Democrats,13 janvier 2017

Dès le déclenchement des élections de 2016, l’objectif était de dénigrer Trump, en le présentant comme un candidat mandchouservant les intérêts du Kremlin.

Avant les élections du 8 novembre, l’ancien secrétaire à la Défense et directeur de la CIA Leo Panettaavait déjà laissé entendre que Trump représentait une menace à la sécurité nationale. Le magazine The Atlantic (8 octobre 2016) décrivait Trump comme un « candidat mandchou moderne ».

Vanity Fair, 1ernovembre 2016

The Atlantic, 8 octobre 2016

Cette campagne anti-Trump s’est poursuivie de plus belle à la veille des élections. Ironiquement, Rod Rosenstein, qui avait été nommé au poste de procureur général adjoint par le président Trump en février 2017, a manigancé contre Trump peu après sa confirmation le 27 avril 2017.

Le procureur général adjoint Rod Rosenstein avait pour mandat d’organiser la soi-disant enquête sur la Russie et l’interférence du Kremlin dans les élections de novembre 2016. Rosenstein a commencé par congédier le directeur du FBI James Comey et de nommer l’ancien directeur du FBI Robert Mueller conseiller spécial chargé de diriger l’enquête sur la Russie.

Chronologie en bref

  • Le 1erfévrier 2017, le président Trump nomme Rod Rosenstein au poste de procureur général adjoint.
  • Le 27 avril 2017, il entre en fonction comme procureur général adjoint.
  • Le 9 mai 2017, Rosenstein congédie le directeur du FBI James Comey. Andrew McCabe, qui est copain copain avec Hillary Clinton, est nommé directeur du FBI par intérim.
  • Le 19 mai 2017, soit 10 jours plus tard, le bureau du procureur général nomme l’ancien directeur du FBI Robert Mueller conseiller spécial chargé de diriger l’enquête sur la Russie.

Le procureur général adjoint Rod Rosenstein a joué un rôle déterminant dans le congédiement du directeur du FBI James Comey. Cette décision ne venait pas du président Trump.

Rod Rosenstein (image au-dessus) a rédigé une note de service de trois pages qui critiquait la façon dont James Comey avait mené l’enquête sur les courriels de Clinton et l’envoi, le 28 octobre 2016, de sa deuxième lettre au Congrès 11 jours avant le jour des élections.

Ce geste de Comey, qualifié de « surprise d’octobre » (2016), a beaucoup nui à la candidature de Clinton. Il n’allait certainement pas à l’encontre des intérêts de Donald Trump. En agissant ainsi, Comey ne pouvait pas être accusé d’avoir camouflé la corruption et la fraude au sein du Comité national démocrate (DNC).

Quel était le but du congédiement du directeur du FBI James Comey le 9 mai 2017? Cui Bono? Qui était derrière cela?

En avalisant avec réticence le congédiement de Comey, sur la foi des recommandations de Rosenstein, Trump a pris une décision qui allait lui nuire. Il a ainsi donné le feu vert à Rosenstein pour nommer Mueller et lancer l’enquête sur la Russie.

Capture d’écran de CNN et du tweet de Trump, 24 septembre 2018

Dans les faits, la décision a été prise par le bureau du procureur général, outrepassant ainsi la présidence, en ayant précisément pour objet de lever les obstacles à la prétendue enquête sur la « collusion entre Trump et Moscou ». Une fois Comey hors jeu, la corruption et la fraude sous-jacentes au sein du Comité national démocrate (DNC) du parti démocrate, y compris les courriels de Clinton, n’auraient pas à faire partie de l’enquête sur la Russie.

À cet égard, Comey devait partir. Il était perçu comme imprévisible et non coopératif. La décision visait aussi à affaiblir la présidence de Donald Trump.

Dans la période qui a immédiatement suivi le congédiement de Comey, le procureur général adjoint Rod Rosenstein a demandé à l’ancien directeur du FBI Robert Mueller de servir comme conseiller spécial du département de la Justice des États-Unis chargé d’enquêter sur l’interférence alléguée du Kremlin aux élections présidentielles de novembre 2016. Cette nomination est à l’origine de la soi-disant enquête sur la Russie. Elle visait explicitement à perpétuer la légende du « Russia-Gate » et à miner la présidence de Trump.

Comey et Mueller

L’enquête de Mueller, sous les auspices du département de la Justice, avait comme mandat « d’examiner toute coordination entre la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016 et le gouvernement russe dans le cadre de l’interférence russe alléguée lors des élections de 2016 aux États-Unis. »

Rosenstein était l’architecte derrière tout ce processus. Mais qui était derrière lui?

Pour le moment, le congédiement de Rosenstein est en suspens. S’il est congédié, cela ouvrira une boîte de Pandore. L’enquête sur la Russie dirigée par le conseiller spécial Robert Mueller serait alors potentiellement compromise.

Ce que cela signifie, c’est que si Rosenstein est congédié par Trump, le mandat de Mueller comme conseiller spécial assigné à l’enquête sur la Russie pourrait être prendre fin, ce qui aura de profondes répercussions sur la politique étrangère des USA.

Cela va-t-il se produire? Une lutte de pouvoir contre Trump est en cours, dans le but de maintenir Rosenstein en poste et de protéger Robert Mueller.

Les démocrates ont demandé aux républicains du Congrès des USA « d’adopter une législation afin de protéger l’enquête du conseiller spécial Robert Mueller sur l’interférence russe ».

Les enjeux sont de taille. La lutte de pouvoir consiste à « protéger » la trame narrative du « Russia-Gate » selon laquelle l’interférence alléguée du Kremlin vise non seulement les USA, mais aussi plusieurs des alliés proches des États-Unis, dont la Grande-Bretagne, la France et le Canada.

Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca


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