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Les milliardaires américains s’affrontent pour le contrôle politique de l’Europe

Auteur : Eric Zuesse | Editeur : Walt | Mardi, 07 Août 2018 - 22h29

Deux « philanthropes » vont maintenant se battre pour le contrôle des marchés politiques (ou institutions) européens.

Un concours pour le contrôle politique de l’Europe se prépare entre deux camps Américains, l’un dirigé par George Soros, établi de longue date, et l’autre mis sur pied par Steve Bannon, l’ancien directeur de campagne du président américain Donald Trump. Soros a longtemps conduit les milliardaires libéraux américains à contrôler l’Europe, et Bannon est en train d’organiser une équipe de milliardaires conservateurs américains pour arracher ce contrôle aux milliardaires libéraux.

Alors que Soros prétend représenter les intérêts du public, Bannon prétend représenter les intérêts de la population – c’est le côté « populiste » des milliardaires américains, contre le côté « d’intérêt public » (Soros).

Deux modèles américains de « philanthropes » vont donc se battre pour le contrôle des marchés politiques (ou institutions) européens.

C’est une bataille pour servir soit « le public« , soit « le peuple« , et chaque modèle politique se battra pour que l’Europe reste un allié dans la guerre des milliardaires Américains contre la Russie (que tous les milliardaires Américains veulent défaire), mais chaque équipe le fait dans une perspective idéologique différente, l’une étant « libérale » et l’autre « conservatrice« .

Tout comme il existe une polarisation politique libérale et conservatrice entre milliardaires au sein d’une nation, il y a également une polarisation politique entre milliardaires en ce qui concerne les politiques étrangères de leur nation ; et les milliardaires Américains sont très fortement polarisés politiquement, à la fois au niveau national et, de plus en plus, au niveau international. Aucun d’entre eux n’est progressiste ou gauchiste. Le seul « populisme » qu’un milliardaire promeut actuellement est le « populisme de droite« , qui est le camp de Bannon. (Staline était de gauche -« populiste »; et Hitler était de droite -« populiste »; mais aucun dictateur n’a jamais vraiment été « populiste ».

le 9 mai 1950, le ministre français des affaires étrangères, Robert Schuman propose que les pays européens unissent et forment le CECA

Les deux camps se diabolisent l’un l’autre aux États-Unis pour le contrôle du gouvernement américain, mais tous deux sont maintenant en compétition l’un contre l’autre à l’échelle internationale pour le contrôle du monde entier, par deux modèles différents : libéral contre conservateur. Les deux modèles soutiennent la « démocratie » ou « les alliés » ; et tous deux soutiennent la propagation de cette « démocratie«  par l’invasion et l’occupation de pays « sous dictature » ou « ennemis »En Europe, on l’appelle « impérialisme » ; en Amérique, on l’appelle « néoconservatisme » ; mais aucun milliardaire Américain ne s’y oppose activement (car s’y opposer serait s’opposer à l’aristocratie elle-même, au contrôle des milliardaires sur le gouvernement – le système même qui leur a réussi, bien plus que le public ne le reconnaît lui même).

Après la Seconde Guerre Mondiale, les milliardaires américains ont pris le contrôle, d’abord de l’Europe Occidentale, puis, après 1990, une fois que l’Union Soviétique, son communisme et son alliance militaire du Pacte de Varsovie prirent fin, ont progressivement pris le contrôle de toute l’Europe. Ils l’ont fait non seulement en agrandissant l’OTAN après 1990 (même si son organisation miroir, le Pacte de Varsovie avait disparu et sa raison d’être par la même occasion), mais aussi par le biais de l’UE, qui a été créée dans les années 1950 comme un effort conjoint des milliardaires américains et européens et de leurs agents – tous étant anti-Russes (ou, comme tout le monde disait à l’époque, « anticommuniste« ). Leur véritable objectif était la conquête, tout d’abord absorber tous les alliés de la Russie, puis, en fin de compte, absorber la Russie elle-même – une conquête mondiale complète.

L’annonce publique de cette nouvelle guerre de milliardaires américains pour le contrôle de l’Europe, est apparue le 20 juillet 2018, dans le site de propagande néoconservateur (c’est-à-dire pro-impérialisme) néolibéral américain, The Daily Beast (pro-Soros et anti-Bannon ; il déclare ainsi que Soros a « donné 32 milliards de dollars à des causes libérales » au lieu de « payer 32 milliards de dollars pour des causes libérales » – pour isoler et finalement vaincre la Russie). Cet article « libéral », contre le Bannon « conservateur », commençait comme suit :

https://www.thedailybeast.com/inside-bannons-plan-to-hijack-europe-for-the-far-right

HELLFIRE CLUB

Plan de détournement de l’Europe pour l’extrême droite

Bannon s’installe en Europe pour créer The Movement, une fondation populiste afin de rivaliser avec George Soros et déclencher une révolte de droite à travers le continent.

NICO HINES 07.20.18 9:57 PM LONDRES

Steve Bannon a décidé de se confronter à George Soros et de déclencher une révolution de droite en Europe.

L’ancien conseiller en chef de Trump à la Maison-Blanche a déclaré au Daily Beast qu’il est en train de créer une fondation en Europe appelée The Movement qui, espère-t-il, mènera une révolte populiste de droite à travers le continent à partir des élections du Parlement Européen au printemps prochain…

le couple de miliardaires Miriam et Sheldon Adelson

Après l’armée, Bannon a passé sa carrière en tant qu’agent pour divers milliardaires Américains, plus récemment pour ceux qui ont soutenu Donald Trump dans les primaires républicaines et ont ainsi acheté la nomination du Parti pour lui.

Alors que le cerveau derrière la campagne démocrate d’Hillary Clinton était le président exécutif de Google Eric Schmidt, le cerveau derrière Donald Trump était Steve Bannon engagé par le mathématicien milliardaire et chef du capital-investissement Robert Mercer qui s’est associé à l’opération avec le capital-risque du milliardaire Peter Thiel.

Après que Trump ait remporté la nomination, Bannon est resté et son opération a été financée en grande partie par le couple de milliardaires américains et israéliens, Miriam et Sheldon Adelson. Mais tous les milliardaires républicains (juifs, chrétiens évangéliques et même certains autres) étaient de grands partisans d’Israël. Israël, bien sûr, est allié aux Saud, qui détiennent l’Arabie Saoudite ; et Israël et les Saud se concentrent encore plus sur la destruction de l’Iran que sur la destruction de la Russie (le but principal de l’aristocratie américaine). Seuls les milliardaires américains sont obsédés par la conquête de la Russie depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Comme le chroniqueur Ambrose Evans-Pritchard l’a bien résumé dans le Britain’s Telegraph :

« L’Union Européenne a toujours été un projet de la CIA, comme le découvrent les Brexiteurs » :

Les services de renseignement américains ont financé secrètement le mouvement européen pendant des décennies et ont travaillé de manière agressive en coulisses pour pousser la Grande-Bretagne dans le projet.

Le journal a déclaré pour la première fois lorsqu’on a commencé à se partager le trésor qu’un mémorandum daté du 26 juillet 1950 révèle une campagne de promotion du parlement européen. Il est signé par le général William J. Donovan, chef de l’American Wartime Office of Strategic Services, précurseur de la Central Inteligence Agency.

William J. Donovan, chef d’orchestre du projet de l’Union Européenne

Le principal front de la CIA était le Comité Américain pour une Europe Unie (ACUE), présidé par Donovan. Un autre document montre qu’il a fourni 53,5 % des fonds du mouvement Européen en 1958. Le conseil d’administration comprenait Walter Bedell Smith et Allen Dulles, des directeurs de la CIA dans les années 50, ainsi qu’une caste d’anciens fonctionnaires du SOSS qui sont entrés et sortis de la CIA.

Bill Donovan, chef légendaire de l’OSS en temps de guerre, fut plus tard chargé d’orchestrer le projet de l’UE.

Les documents montrent que l’ACUE a traité certains des « pères fondateurs » de l’UE comme des mercenaires et les a activement empêchés de trouver un financement alternatif qui aurait brisé la dépendance à Washington.

Il n’y a rien de particulièrement mauvais à ce sujet. Les États-Unis ont agi astucieusement dans le contexte de la guerre froide. La reconstruction politique de l’Europe a été un succès retentissant.

Pendant ce temps, la CIA travaillait avec des milliers d’agents secrets nazis et fascistes en Europe, que l’OSS avait secrètement rassemblés et protégés à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et qui ont continué secrètement pendant toute la guerre froide à mener des opérations de la CIA pour contrer non seulement les agents communistes en Europe mais, plus important encore, les agents démocratiques en Europe qui favorisaient non pas la soumission aux Etats-Unis mais plutôt la souveraineté démocratique des Européens, sur leur propre politique terrestre. Par conséquent, dès le départ, l’UE a été un moyen d’imposer aux Européens le contrôle des sociétés internationales américaines, au profit des entreprises américaines. C’était l’objectif primordial de l’UE – subordination aux milliardaires de l’Amérique, pas de démocratie authentique. Créer des vassaux au sein de l’empire américain a été et est le but de tous – pour conquérir, d’abord, l’Europe, et ensuite, le monde.

Evans-Pritchard exhorte ses lecteurs :

« A mon avis, le camp Brexit devrait présenter des plans pour augmenter les dépenses de défense du Royaume-Uni de moitié pour atteindre 3% du PIB, s’engageant à propulser la Grande-Bretagne en tête en tant que puissance militaire incontestée de l’Europe ».

Cette vision pro-impérialiste est une extension de celle de Cecil Rhodes à la fin des années 1800, pour un empire mondial Royaume-Uni-États-Unis dans lequel ces deux puissances impériales – l’ancienne et la nouvelle – prendraient progressivement le contrôle du monde entier. George Soros a travaillé fébrilement sur cet objectif. Steve Bannon est contre ce point de vue « internationaliste », et favorise plutôt le point de vue « nationaliste », mais dans les versions libérale et conservatrice, les milliardaires de l’Amérique prendront une proportion croissante de la richesse mondiale. La compétition entre ces deux camps porte sur la meilleure façon d’atteindre cet objectif.

Il y a aussi une deuxième raison pour laquelle les milliardaires américains sont enragés contre la Russie d’aujourd’hui, au-delà de celle des milliardaires américains qui exigent de contrôler le monde. Cette raison est que, sous Vladimir Poutine, la politique de la Russie a été d’exiger que tous les milliardaires, tant nationaux qu’étrangers, acceptent qu’en Russie, le bien-être du public russe l’emporte sur le bien-être de tous les milliardaires. C’est un principe que les milliardaires du monde entier, et en particulier les Américains qui, avant la direction de Poutine, volaient le trésor fédéral russe, ne peuvent tolérer. Ainsi, en se rangeant du côté des milliardaires américains, les Européens se sont aussi rangés du côté des milliardaires en tant que classe – du côté des super-riches – contre le peuple, partout dans le monde. Pourquoi les Européens feraient-ils une telle chose ? Ne sont-ils pas censés avoir au moins un certain degré de choix ? Ne sont-ils pas censés vivre en démocratie ?

Traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International


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