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L’Empire étatsunien, la CIA et les ONG

Auteur : Interview de William Engdahl par le Dr Ludwig Watzal (Between The Lines) | Editeur : Walt | Jeudi, 12 Oct. 2017 - 20h41

Entrevue de William Engdahl avec Ludwig Watzal, parue dans l’American Herald Tribune, 17 juillet 2017.

La CIA a recruté les Frères Musulmans pour faire une guerre par procuration à l’Union soviétique en Afghanistan, laquelle a mené au retrait des Soviétiques de la région de l’Hindou Kouch. Depuis lors, la CIA a utilisé les mercenaires d’autres guerres par procuration telles qu’en Tchétchénie, Azerbaïdjan et dans les Balkans. A cause des guerres d’agression contre l’Irak, la Libye, la Syrie et le Yémen, les Etats-Unis et leurs Etats vassaux, ont créé des violences sectaires qui ont mené a des guerres civiles. A présent, la CIA et les Frères Musulmans sont présents sous la forme de l’Etat islamique en Syrie et en Irak.

Personne n’a étudié cette triade [CIA, Frères Musulmans, Etat islamique] aussi scrupuleusement que William Engdahl, analyste de renom en géopolitique, consultant en gestion des risques, auteur et conférencier. Engdahl est né à Minneapolis dans le Minnesota et a grandi au Texas. Après avoir obtenu un diplôme en Sciences Politiques à l’Université de Princeton, des études supérieures en économie comparative à l’Université de Stockholm, il a travaillé comme économiste et comme journaliste d’investigation aux Etats-Unis et en Europe.

Il a été nommé Professeur Invité par l’Université de Technologie Chimique de Pékin et a présenté des conférences et séminaires privés à travers le monde entier sur différents aspects de l’économie et de la politique, avec toujours en ligne de mire, la géopolitique et ses évènements. Engdahl vit en Allemagne depuis ces 30 dernières années.

Il a écrit de nombreux livres à succès sur le pétrole et la géopolitique : « Pétrole une guerre d’un siècle », « The Lost hegemon: Whom The Gods Would Destroy », “Full Spectrum Dominance », « Les Semences de la destruction : l’agenda caché de la manipulation génétique », et sans oublier « Target China », pour n’en nommer que quelques-uns ici. Ses livres sont traduits dans 14 langues.

Son livre le plus récent, sur le rôle des ONG, fait la mise au point sur leur participation dans les “Changements de régime“ orchestrés par les Etats-Unis. En organisant et en agitant d’importantes manifestations, de manière à faciliter les efforts de l’Empire étatsunien et de la CIA visant à remplacer des gouvernements résilients a tendance nationaliste par d’autres plus obéissants qui mettront en place l’agenda de Washington. Tout ceci se déroulant sous le prétexte de démocratie à l’américaine. L’entrevue qui suit se focalise sur le dernier livre en allemand de Engdahl : « Geheimakte NGOs [Les documents secrets des ONG]”. Elle est conduite par le Docteur Ludwig Watzal, journaliste et éditeur qui vit a Bonn en Allemagne et dirige le Blog bilingue : http://betweenthelines-ludwigwatzal.com/.

 ***

Question de Ludwig Watzal : Je pense que nous sommes d’accord sur le fait que la CIA est la pire des organisations terroristes. Après la 2eme guerre mondiale, presqu’aucun coup d’état ou soulèvement organisé ne s’est produit sans l’aide de la CIA.

Si j’ai bien compris votre livre, durant ces 25 dernières années, la CIA a reçu de nombreuses fois de “petites aides” de ceux qu’on nomme communément les ONG. Est-ce que vous pourriez, s’il vous plait, nous en dire plus à ce sujet ?

Réponse de William Engdahl : Durant la présidence de Ronald Reagande très dommageables scandales sont apparus au public à propos d’opérations sordides de la CIA à travers le monde. Chili, Iran, Guatemala, le projet top secret MK-Ultra, le mouvement étudiant durant la guerre du Vietnam, pour n’en nommer que certains. De manière à ne plus être sous les feux de la rampe, le Directeur de la CIA, Bill Casey a proposé à Reagan de créer une ONG “privée”. Un peu détachée, elle se prétendait privée mais en fait, elle était là pour comme l’a dit l’un de ses créateurs, le défunt Allen Weinstein, dans une ultime interview au Washington Post : « faire ce que fait la CIA, mais de manière privée ».

Ce fut la création, en 1983, de l’ONG dénommée : “National Endowment for Democracy [Dotation Nationale pour la Démocratie] ». Peu de temps après, dirigées depuis Washington, d’autres ONG virent le jour, telles que “The Freedom House” ou celles de Soros, les “Open Society Foundations”, “l’Institut pour la paix” et d’autres encore. Les fonds étaient souvent acheminés via l’USAID du Département d’Etat pour en cacher leur provenance.

Toutes les tentatives de changement de régime par le Gouvernement américain depuis cette époque, telle que Solidarnosc en Pologne, le coup d’état russe de Eltsine épaulé par la CIA, la “révolution orange“ de 2004 en Ukraine, les émeutes de 2008 au Tibet, les printemps arabes de 2011 à aujourd’hui, furent organisées par ce groupe particulier d’ONG prônant la “démocratie“. Il n’est pas étonnant que des pays comme la Russie et la Chine ou encore la Hongrie fassent le nécessaire pour les bannir en tant qu’ONG “indésirables“.

LW : Vous citez Allen Weinstein, co-auteur de l’acte fondateur de l’ONG National Endowment for Democracy (NED), disant : « presque tout ce que nous faisons aujourd’hui, la CIA le faisait il y a 25 ans ». Des ONG telles que NED, CIPE, USAID, NDI sans parler des réseaux Soros, ne sont-elles pas la cinquième colonne de la CIA?

William Engdahl : Comme je l’ai mentionné plus haut, je dirais que c’est mon opinion. Comme toujours, l’agenda de ces ONG correspond chaque fois à celui énoncé par la politique extérieure de Washington. Coïncidence ? Je ne le pense pas.

LW : Vos critiques convergent essentiellement sur quelques ONG américaines, ou bien y joindriez-vous toutes autres organisations non gouvernementales de manière plus générale ? Ces ONG ne sont-elles pas toutes portées par une noblesse d’esprit et de bonnes intentions, de manière a répandre la démocratie et la liberté sur la planète?

William Engdahl : C’est ce qu’il y a de démoniaque dans le concept de Bill Casey. Cacher de véritables opérations nauséabondes et anti-démocratique de la CIA derrière des ONG politiques et privées agitant la bannière des “droits de l’homme“, a été très efficace pour Washington et son l’agenda global de renversement de régimes non-coopératifs partout sur la planète. En réalité, la CIA a militarisé les droits de l’homme.

Etrangement, des régimes utiles à Washington tels que l’Arabie saoudite se maintiennent sans jamais être inquiétés par les appels à la démocratie. Leurs pétrodollars financent l’agenda global du terrorisme de Washington…

Prenez le cas récent de la fausse ONG “démocratique“, les “Casques Blancs“ en Syrie, faisant leur propagande en collaboration étroite avec l’EI, pour justifier une guerre dirigée par les Etats-Unis contre le régime élu démocratiquement d’Assad. Ces “Casques Blancs” reçoivent de l’argent des fondations de Soros, des gouvernements américain et britannique et ont été créées par un ancien officier du Renseignement britannique, James Le Mesurier. Leurs atroces vidéos ont plusieurs fois été prouvées comme ayant été fabriquées, tournées par des acteurs. Leur soi-disant vidéo sur le gaz Sarin montrant des casques blancs sans protection, prodiguant les premiers soins et traitant les victimes présumées de ce gaz Sarin sans équipements de protection individuels contre les substances toxiques [HAZMAT] relève de la blague, c’est un faux comme cela a été largement démontré par plusieurs experts en substances toxiques et gaz Sarin.

Les ONG politiques de Washington ou d’Europe dans certains cas, sont efficaces parce qu’elles peuvent attirer bon nombre de personnes innocentes et de bonne volonté. J’ai reçu, récemment, une lettre personnelle, très touchante de la part d’un docteur qui avait travaillé pendant 18 mois avec les meilleures intentions, pour Médecins Sans Frontières (MSF), au Sud-Soudan avant son indépendance appuyée par les Etats-Unis. Elle était si reconnaissante, après avoir lu mon livre sur les ONG, de pouvoir enfin comprendre toutes les instructions, qui semblaient absurdes, données par les responsables américains de MSF à leur personnel. Elle avait démissionné pour cause d’épuisement et disait maintenant comprendre pourquoi. D’honnêtes docteurs étaient utilisés par Washington pour son agenda secretLe sud Soudan était la cible parce que la Chine recevait une grande partie de son pétrole de là-bas via Khartoum.

Bien sûr, toutes les ONG ne font pas le travail de la CIA. Je me concentre sur celles qui ont un agenda politique caché, qui, comme je le décris dans mon livre, ont instrumentalisé les “droits de l’homme“ et le mot “démocratie“ à des fins détournées.

LW : En 1984, le spéculateur milliardaire Georges Soros, implanta la Fondation Soros à Budapest. Sa première cible fut la Pologne. Le Pape Jean Paul II et le Président des E-U Ronald Reagan se rencontrèrent en 1982 au Vatican pour discuter de la déstabilisation du bloc Communiste. Dans cet effort, y a-t-il eu une participation de la Fondation Soros?

WE :  En 1988, La Fondation Soros créa à Varsovie la Fondation Stefan Batory, pour qu’elle forme des activistes qui finirent par faire basculer le régime communiste. Ils jouèrent un rôle majeur dans “l’avancée démocratique”, et immédiatement après l’effondrement du gouvernement du Général Czeslaw Kiszczak d’aout 1989, Soros fit venir en Pologne, l’économiste de l’Université de Harvard Jeffrey Sachs, spécialiste de la “Thérapie du Choc“, pour faire avancer la privatisation des entreprises nationales. Pour créer de l’hyperinflation et permettre la mise aux enchères des actifs de l’Etat polonais au profit d’investisseurs de l’Ouest comme les amis de Soros, pour quelques pennies ou a l’époque, quelques pfennigs.

LW : Les deux chapitres, sur le pillage de l’ex-URSS par la CIA, Soros, et sa bande de Harvard en collaboration avec le clan Eltsine et des anciens du KGB, c’est assez choquant. S’il vous plait, pourriez-vous nous expliquer cette mainmise quasi-mafieuse?

WE : Je dois renvoyer les lecteurs vers le livre, car le traitement du sujet a été recoupé et est exhaustif. Brièvement, la CIA, sous la direction du Président américain de l’époque, Bush Sr., parvint à corrompre de très haut-gradés du KGB qui recrutèrent leur “protégés” au sein du syndicat des jeunes Komsomol ou du syndicat des jeunes communiste, tels que Boris Berezovsky et Mikhail Khodorkovsky, pour que ceux-ci deviennent leurs “oligarques” triés sur le volet, et pillent les actifs de l’Etat pour une poignée de roubles au lieu de leur véritable valeur. Ce fut le tristement célèbre scandale des privatisations par “vouchers” qui évalua la totalité des avoirs de l’Etat, incluant pétrole et gaz, machines-outils, haute-technologie, a un peu moins de 16 milliards de $. Ils ont littéralement dépecé la Russie pour leur gain personnel. Et la CIA et son réseau de banques occidentales telle que la banque Riggs à Washington, leur a permis de faire sortir les capitaux hors de Russie. J’ai moi-même été choque en vérifiant ces détails. C’était criminel. Eltsine était leur toutou. Certains disaient que tant qu’on lui garantissait un approvisionnement en vodka de qualité, il faisait tout ce que Soros et ses économistes de Harvard lui demandaient.

Un détail intéressant sur lequel il faut se pencher, est celui-ci : le Président Bush Sr., ancien Directeur de la CIA, ordonna 3 opérations simultanées de déstabilisation par des ONG dans la même année 1989. Les trois furent :  Russie, Chine avec la place Tiananmen et la Yougoslavie. Le livre explique tout cela avec force détails.

LW : Apres avoir succédé à Boris Eltsine comme Président de la Russie, Vladimir Poutine a immédiatement arrêté le pillage de la Russie. Vous pensez que ça pourrait être une des raisons pour lesquelles la classe politique, a Washington, le hait et le diabolise avec une telle insistance, ce qui est irrationnel ?

WE : Poutine provenait d’une faction nationaliste russe (opposée à celle qu’on appelait la faction “cosmopolite“ ou “internationaliste“) du KGB et de son successeur. Ils savaient devoir agir avec discrétion jusqu’à ce que leur contrôle soit garanti en 2000 quand Eltsine fut forcé de se retirer ou de faire face à des révélations, et il fut contraint de nommer Poutine comme Président par intérim.

LW : Il y a eu une guerre non déclarée contre un Etat-Nation stable en Russie depuis bien avant 1917. Le fondateur de Statfor, Georges Friedman, l’un des analystes américains les mieux informés en géopolitique, ancien consultant pour le Pentagone et la CIA entre autres, a récemment donne une interview après le coup d’état de la CIA en Ukraine que Friedman a appelé “le plus flagrant coup d’état dans l’histoire des E.U.” Celui, si vous vous en souvenez ou Viktoria Nuland, Assistante Secrétaire d’Etat, était allée à Kiev, avait remis des barres de céréales aux manifestants sur la place Maidan et téléphoné à l’Ambassadeur Américain à Kiev, pour lui exprimer son mépris de l’Union Européenne.

Friedman remarquait ce que j’ai documenté dans plusieurs de mes autres livres, tel que « pétrole, une guerre d’un siècle », à savoir que la politique étrangère des Etats Unis en Amérique au moins pour le siècle dernier, quand les Etats-Unis ont émergé au détriment de l’Empire britannique, la priorité de la politique extérieure américaine a été d’empêcher à tout prix, la réunion d’intérêts économiques et toute coopération surtout entre l’Allemagne et la Russie. Le monde a subi 2 guerres mondiales à cause de ce dogme géostratégique de la politique extérieure des E-U, un dogme repris des Anglais et du père de la géopolitique anglaise, Sir Halford Mackinder.

Washington hait et diabolise Poutine pour la bonne raison qu’il a agi de manière délibérée pour rétablir la Russie en tant que grande nation, ce qui est vraiment le cas comme je peux l’attester après presque 25 années d’expérience personnelle. Et comme une conséquence de la diabolisation de Washington, l’influence de Poutine dans le monde ne semble cesser de grandir – d’abord avec la Chine, après avec les nations d’Eurasie, l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie, et même avec les Philippines et l’Amérique latine. Le monde en a plus qu’assez des Etats-Unis, de leur l’agenda guerrier, caché ou non, sans fin et en tout lieu.

LW : Le démembrement de la Yougoslavie fut une catastrophe. Les Allemands, sous la Chancellerie de Gerard Schroeder et son infame ministre des affaires étrangères, Joschka Fisher, ont joint leurs forces à celle de Clinton pour renverser le Président serbe Slobodan Milosevic. Dans cette opération qui avait tout du coup d’état, y avait-il des ONG impliquées ? Et quelle était leur stratégie ?

WE : Oui. Suivez la carrière subséquente de M. Fischer : un casseur dans les manifestations de Francfort de 1968 est couronné par les E-U et leur presse grand public comme homme d’Etat, apparemment une récompense pour le vote des verts en faveur d’un bombardement de la Yougoslavie en 1999. Après son mandat, Fisher a obtenu un poste de Professeur honoraire à Princeton, mon Alma Mater. Plus tard Georges Soros invitera M. Fisher dans son nouveau LICI[1] “Conseil Européen aux Affaire Etrangere [European Council on Foreign Relations – ECFR]”.

En ce qui concerne le renversement de Slobodan Milosevic, le Gouvernement des E-U et sa clique d’ONG incluant le NED et les fondations de Soros, organisèrent, financèrent et formèrent des représentants d’étudiants et autres pour fomenter un coup d’état réussi, sous le nom de Otpor! (Résistance !), avec le logo omniprésent du poing brandi. Des traductions serbes des écrits de Gene Sharp sur la non-violence active étaient utilisées et les meneurs clef entrainés par l’associé de Sharp, le colonel Robert Helvey de l’armée américaine, dans des locaux secrets de manière à éviter la police. Le Mouvement Otpor reçut, d’après certaines estimations, jusqu’à 30 millions de dollars d’organisations en lien avec les E-U comme le National Endowment for Democracy (NED), le International Republican Institut (IRI), et l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID).

La destruction de la Yougoslavie avait été planifiée depuis les années 80 par Washington, d’abord Bush Sr. et ensuite Clinton. Le but étant de créer une guerre en Europe qui allait justifier la présence continuelle de l’OTAN. Dépenses qu’il aurait été difficile d’expliquer aux contribuables américains après la chute de l’ex URSS et aux Européens qui cherchaient à organiser une défense européenne autonome hors de l’Otan. Pour Washington et l’influent complexe militaro-industriel américain, une telle Independence était Tabou ! L’objectif suivant allait être d’établir une présence américaine massive au Kosovo appelé Camp Bond Steel.

LW : Quand les Arabes descendirent dans la rue, à Tunis, au Caire et à Tripoli, les médias occidentaux et la classe politique étaient aux anges. Finalement la démocratie, la liberté et les droits de l’homme avaient rejoint le monde arabe. Ces révoltes étaient-elles spontanées ou bien étaient-elles orchestrées par des forces extérieures ?

WE : La totalité des Printemps Arabes a été planifiée et financée par Washington et par les ONG finances par les E-U. La Ministre des Affaires étrangères [Secrétaire d’Etat] de l’époque, Hilary Clinton était un personnage clef avec son étrange assistante membre des Frères Musulmans, Huma Abedin. La RAND Corporation, un LICI du pentagone, responsable du développement de la technique de l’“essaimage“ de masse comme d’un essai d’abeilles, utilisant Facebook et d’autres réseaux sociaux pour attiser les protestations, joua un rôle majeur.

Les groupes étudiants de contestation en Egypte étaient entraines par les E-U, utilisant de nouveau des traductions de Gene Sharp, ils étaient amenés en Europe pour être secrètement entraines par les leaders de Otpor.

Dans le cas de la Libye de Kadhafi, un changement urgent de régime était jugé nécessaire, comme nous le révèlent maintenant les fameux courriels de DCLeaks et Wikileaks d’Hillary Clinton à son conseiller privé, Sidney Blumenthal. Kadhafi, qui, contrairement à son image diabolisée, avait créé en Libye les plus hauts niveaux de vie de toute l’Afrique, était sur le point de dévoiler au monde la création d’une alliance de Banques Centrales africaines et la création d’une devise, le Dinar-or pour la vente de pétrole et non plus le dollar américain. Il faisait cela de concert avec Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte. Comme Hilary l’a écrit à Blumenthal, ceci devait être stoppé par n’importe quels moyens. Les moyens pour stopper ceci furent les bombardements illégaux de la Libye et l’assassinat de Kadhafi et la transformation de la Libye en un champ de ruine.

Le plan original du Département d’Etat, de la CIA et du Pentagone était l’immédiat renversement d’un autre renégat juste après Kadhafi, c’était Bachar el Assad en Syrie. Ceci n’a pas très bien fonctionné pour les planificateurs de Washington, et une véritable tragédie humaine, non nécessaire, s’est déployée au cours des 6 dernières années d’une guerre imputable et dirigée essentiellement par les E-U.

LW : Autrefois, les conquérants amenaient à leur suite les missionnaires. Aujourd’hui, les puissances néocoloniales occidentales viennent avec une pléthore d’ONG qui enseignent aux populations indigènes comment la démocratie occidentale est supposée fonctionner. Vous pensez que les ONG servent les intérêts de ces gens? Qu’en est-il des ONG allemandes qui véhiculent énormément de lest idéologique, par exemple, avec l’intégration de la théorie du genre? Qu’est-ce que vous pensez de cela?

WE : Je pense que votre analogie, des missionnaires “chrétiens“ du passé et des “droits de l’homme” ou de la “démocratie” défendue par les ONG d’aujourd’hui, est tout à fait appropriée. Je ne suis pas compétent pour commenter les activités des différentes ONG allemandes. Mon attention principale est portée sur Washington, la puissance hégémonique d’aujourd’hui et la source de tant de destruction, malheureusement.

LW : Au début et à la fin de votre livre, vous vous referez à la double pensée de George Orwell qui dit : « la guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force ». Vivons-nous une époque où la signification originelle des mots change de sens? Est-ce que l’Empire des E-U et ses vassaux mènent une guerre au nom de la démocratie et détruisent des Etats-Nation avec la même rhétorique démocratique ?

WE : C’est pourquoi je trouve la citation d’Orwell si appropriée. Son livre 1984, est, de plusieurs manières, une description de ce qui est arrivé à nos démocraties occidentales, surtout en Grande Bretagne et aux E-U d’Amérique.

LW : Si vous pouviez donner un conseil aux ONG, que leur diriez-vous?

WE : Aux personnes honnêtes qui auraient pu se laisser prendre au jeu de cette jolie rhétorique à propos des valeurs, des droits de l’homme etc., je leur suggèrerais de regarder de plus près qui soutient financièrement leur ONG. Pour ce qu’il en est de la NED ou des fondations de Soros, je leur suggèrerais de fermer leur porte définitivement et de rendre ainsi un grand service à l’humanité, qu’ils permettent aux nations et aux individus de décider de leur propre futur sans leur intervention reprouvée. Je dirais, pour paraphraser Cromwell à son Parlement anglais : « Vous, ONG des droits de l’homme, partez! Vous avez trop longtemps siégé ici pour le bien que vous étiez censé apporter. Partez, je dis, et que nous en ayons fini avec vous, au nom de Dieu, partez! »

LW : M. Engdahl, merci pour cette interview.

WE : Merci à vous pour votre intérêt et pour vos excellentes questions.

Note:

[1] Laboratoire d’Idées et Cercle d’Influence, traduction de think tank.

Traduction par Maxime Barroux, relecture par Jean-Maxime Corneille.


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