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Macron fait le sale boulot de Merkel à propos de la Russie et de la Syrie

Auteur : Tom Luongo | Editeur : Walt | Samedi, 24 Juin 2017 - 16h25

L’UE repensant son rôle en Syrie, Macron est chargé d’ébruiter ce que Merkel ne peut dire franchement sans susciter de nouvelles tensions au sein de l’OTAN.

Hier, la déclaration du Président français Emmanuel Macron a changé la donne en Syrie.

Jusqu’à hier, la France était le principal partisan de la politique US de changement de régime en Syrie. Maintenant, c’est le critique le plus pragmatique de cette politique.

Cela annonce une multitude de changements géopolitiques.

Tout d’abord, cela rejoint ce qu’a dit la chancelière allemande Angela Merkel, que l’UE ne devrait plus considérer les USA comme un partenaire fiable dans les affaires étrangères. L’UE poursuivra effectivement une politique étrangère plus indépendante.

Mais, encore plus important, cela ouvre largement la voie à un plus net rapprochement avec la Russie, chose déjà entamée en mars par Merkel, juste après sa rencontre avec Donald Trump. Nous voyons à présent se déliter l’interdiction de braver la politique US sur le Moyen-Orient et la Russie.

Au fur et à mesure que s’effondrent les affabulations échafaudées par l’oligarchie US, les dirigeants de l’UE voient l’opportunité de sauter du Titanic et de sauver leur réputation en laissant les USA assumer leur responsabilité.

Si les informations disent vrai, si l’Iran s’apprête à fournir la preuve accablante que les USA sponsorisent ISIS en Syrie (ce qui est de toute façon quasiment confirmé), alors la meilleure politique consiste tout simplement à se retirer de l’opération de décapitation du gouvernement syrien.

Merkel sait à présent que la posture antipathique envers la Russie, à laquelle elle coopérait quand les USA semblaient gagner, était non seulement une attitude perdante en vue de sa réélection, mais s’opposait aussi aux meilleurs intérêts durables de l’Allemagne.

Le projet de gazoduc Nordstream 2 sera finalisé. En fixant ouvertement la politique de l’UE, le nouveau projet de loi du sénat US sur les sanctions, a été trop loin. Ce serait trop dur à avaler pour les électeurs allemands.

Ensuite, et encore plus important, dans ma compréhension des événements, cela signale une évolution radicale dans la politique migratoire de l’UE. Cela a la vertu de montrer que les droits de l’homme sonnent creux quand la Russie de Poutine n’est pas chaque jour victime de la violence des immigrants, alors que c’est le lot de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni.

En admettant que la faillite de l’État syrien ne soit plus l’issue souhaitée, Macron dit stop au chaos planifié par l’oligarchie US. L’UE n’appuiera plus la politique qui amplifie le flux de réfugiés sur son territoire.

Et le timing de cela est important. L’agitation dans la péninsule arabique menace maintenant de s’étendre en Iran à travers le golfe Persique. Avec Mohammed ben Salman en charge de l’intégralité des affaires saoudiennes, et pour l’éclairer son opinion détraquée envers l’Iran, la probabilité de la généralisation d’un conflit ouvert ne fait que croître considérablement.

Et puisque Total, la major française de l’énergie, est sur le point de signer un important accord d’exploration et production pétrolière avec l’Iran, un conflit plus étendu menace que ce projet ne soit fichu d’avance.

La fin rapide de la guerre en Syrie devient publiquement souhaitable pour l’UE, puisque qu’en réalité, elle est pratiquement assurée du fait des gains réalisés cette semaine par l’armée arabe syrienne.

Le problème est de savoir si tout ceci n’est pas juste une tactique de négociation visant à obtenir que Poutine renonce à l’intégrité territoriale de la Syrie contre l’allègement des sanctions. L’UE ébruitant d’aimables bobards sur la normalisation des relations en échange de la fin rapide des hostilités, afin de laisser les USA libres de consolider leurs gains à l’est de l’Euphrate.

Nous saurons que cette dernière hypothèse est vraie si Merkel et/ou Macron commencent à parler de l’indépendance des Kurdes.

En tout cas, le boulot de Macron est d’exprimer ce que Merkel ne peut pas dire franchement sans susciter d’autres tensions au sein de l’OTAN.

Traduction Petrus Lombard


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