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La censure, c’est maintenant

Auteur : Philippe Huysmans | Editeur : Walt | Mardi, 23 Mai 2017 - 23h23

Hier, le compte d’une de mes amies sur Facebook, France Del Bosco a été désactivé. Sans aucun avertissement, sans donner la moindre justification. Elle avait un réseau de 5.000 amis et 5.600 personnes supplémentaires qui suivaient ses publications, portant principalement sur la critique politique en France.

Du coup, elle a perdu instantanément l’ensemble de ses contacts, et tous les contenus qu’elle avait publiés. Il lui reste la possibilité de « faire appel » de cette décision, mais sans certitude quant à l’issue de cette démarche.  Récupérera-t-elle ses contacts, ses précieuses archives ?  On ne peut que le souhaiter parce que ceci s’apparente ni plus ni moins qu’à de la censure, et montre que désormais, en France, Facebook n’est plus un lieu d’échange dans le respect de la liberté d’expression mais un lieu où s’applique désormais la dictature de la pensée unique.

Que l’on soit d’accord ou pas avec les idées, dès que la censure arrive c’est la démocratie qui s’en va doucement sur la pointe des pieds.

Facebook n’est pas une solution, c’est le problème

Et j’ajouterais que si Facebook s’arroge aujourd’hui des droits léonins, imposant peu à peu la censure que le système attend qu’il mette en place, c’est tout d’abord parce que les utilisateurs lui ont délégué ce pouvoir. En se regroupant tels des troupeaux de lemmings, et en ayant totalement renoncé à diversifier leurs sources d’information pour les concentrer au sein d’une seule et même application propriétaire, ce sont les utilisateurs qui ont donné à une seule entreprise commerciale le droit de vie et de mort au sein du réseau social.  Un clic et vous êtes rayé des livres.  C’est aussi simple que ça.

Est-ce que c’est légal ?

Mais bien sûr que ça l’est !  Facebook publie exactement ce qu’il veut, rejette ce qu’il estime contraire à ses règles et peut suspendre tout compte qu’il estime contrevenir à sa politique.  Vous aviez quand même remarqué que Facebook est gratuit, et qu’à ce titre, Facebook inc.  n’a aucune obligation contractuelle vis-à-vis de ses abonnés ?  Vous savez ce qu’on dit, quand c’est gratuit, le produit, ben c’est vous.

Et donc Facebook utilise votre réseau de contact et votre « temps de cerveau disponible » pour que vous puissiez bouffer les offres publicitaires qu’il estime cadrer avec vos habitudes de consommateur. C’est cela le prix de Facebook, et non, cela ne les engage à rien vous concernant.

Que peut-on faire ?

Sans vouloir être trop pessimiste, je dirais que la censure va aller en s’aggravant, en raison du climat politique détestable et de la grogne sociale qui s’ensuivra.  C’est dans l’air du temps. Et d’une manière générale, la seule manière d’échapper à l’emprise de la censure c’est de publier ailleurs, et de rester maître de vos contenus. Et de même aller chercher l’information où elle se trouve. Faites votre petite liste des sites intéressants et allez y faire un tour une ou deux fois par semaine. Abonnez-vous aux newsletters pour être tenus informés des nouvelles publications. Faites votre propre veille informationnelle en dehors de Facebook qui de toutes façons vous emballe dans une bulle de filtre en ne vous montrant que des articles qui soient de nature à vous être agréables (parce que cela vous conditionne plus favorablement vis-à-vis des offres commerciales qui vous sont proposées par ailleurs).

Bref, reprenez votre liberté, arrêtez de manger la bouillie prémâchée que Facebook vous sert. Ouvrez un blog ! Mieux, ouvrez un blog et prenez un nom de domaine qui ne puisse pas être censuré (un TLD, comme .net ou .info par exemple, mais surtout pas .fr qui tombe sous le coup de l’Afnic).

Prenez des backups réguliers de vos contenus, et si votre blog devait être malgré tout censuré, allez chez un autre fournisseur, faites pointer votre nom de domaine sur ce nouveau blog et c’est reparti !

Pour les plus courageux (et motivés), prenez un hébergement bien à vous, installez-y WordPress ou Drupal et créez votre propre site, en dehors de la mainmise des multinationales.

Oui mais je vais perdre plein de lecteurs potentiels !

Tout d’abord, rien ne vous empêche de publier vos articles sur votre site, puis d’en faire une publication ad-hoc sur Facebook. Rien de plus simple, vous collez le lien et Facebook fait le reste.  Tant que ça marche, et tant que vous n’y serez pas censuré, pourquoi pas, je le fais bien moi-même !

D’un autre côté, ne vous faites pas trop d’illusions sur les « milliers » de lecteurs que vous risquez de perdre, c’est un miroir aux alouettes.  Ceux qui comme moi ont une page facebook liée à leur médias, et ont donc accès à des statistiques nettement plus élaborées que celles d’un simple compte perso le savent…

On peut parler de la règle des 3%. Sur l’ensemble de vos contacts, ce sont environ trois pour cent qui cliqueront (et liront, on espère) vos articles. Parce que lorsque vous publiez, seul un tiers environ reçoivent cet article dans leur fil, et parmi eux, seul un sur dix cliquera sur le lien. En combinant ces probabilités, on arrive à 3% à deux vaches près.

Donc pour reprendre le cas de France Del Bosco, sur ses 10.600 contacts, ce sont 318 personnes environ qui liront l’article. Ce n’est pas ce que j’appelle un moyen de diffuser largement de l’information, mais était-ce le but ? L’intérêt de Facebook n’est pas que les informations que vous publiez soient largement diffusées (ce qui leur coûte en termes d’infrastructure et de bande passante), mais bien de vous en donner l’impression, et que pendant ce temps vous ayez eu l’occasion de voir un maximum d’annonces publicitaires.


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