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Jeudi, 28 Mars 2024

Le conseiller de Trump à la Sécurité nationale feinté – Pas de désunion entre la Chine et la Russie

Auteur : M K Bhadrakumar | Editeur : Walt | Vendredi, 21 Avr. 2017 - 22h50

« Nous sommes un empire désormais, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre . (…) Nous sommes les acteurs de l’histoire… et vous, vous tous, vous resterez cantonnés dans l’étude de ce que nous faisons ». — Karl Rove, consultant  américain et ancien conseiller de George W. Bush

Une nouvelle démonstration fascinante de la déconnexion des USA, qui donnent vraiment l’impression d’habiter un univers parallèle où ils créent leur propre réalité et où leurs désirs deviennent des faits de terrain. A rapprocher de l’article de Justin Raimondo du 18 avril dernier.

Le Ministères des Affaires étrangères chinois a annoncé que le directeur du Bureau général du Parti communiste chinois, Li Zhanshu, se rendra en Russie du 25 ou 27 avril à l’invitation de son homologue, le chef de l’administration présidentielle du Kremlin Anton Vaino. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lu Kang, les discussions des deux officiels porteront sur les  sino-russes, « comme prévu par les leaders des deux pays », et le côté chinois a pleine confiance dans cette visite pour cimenter les liens sino-russes. (TASS)

Li sera le deuxième officiel chinois de haut niveau à visiter Moscou en avril. Le président Vladimir Poutine a reçu le premier vice-premier ministre de la République populaire de Chine, Zhang Gaoli (qui est également membre du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois) au Kremlin le 13 avril dernier, incidemment le jour suivant la visite du Secrétaire d’État américain Rex Tillerson à Moscou.

Zhang est l’un des tsars économiques du système chinois et ses réunions avec des officiels russes se sont concentrées sur les investissements chinois en Russie, et sur la coopération énergétique. Mais une part de ces discussions était dévolue à la « visite de travail » de Poutine à Pékin dans le cadre du sommet sur l’initiative One Belt, One Road (nouvelle Route de la soie) prévu pour le 14 et le 15 mai prochains. Le sommet sera inauguré par le président Xi Jinping.

Les discussions prévues au Kremlin seront d’une importance exceptionnelle. C’est seulement avec la Russie que le Comité central du Parti communiste chinois (qui est directement placé sous l’autorité du Secrétaire général Xi) a instauré un arrangement de consultations annuelles – bien que la Russie ne soit pas un pays communiste. Li est un des hommes-clé de Xi et son homologue Vaino ne rend de compte qu’à Poutine. Le symbolisme saute immédiatement aux yeux. A un niveau opérationnel, cet arrangement unique assure que la dynamique des relations sino-russes reçoive l’attention personnelle de Xi et Poutine. En résumé, il souligne que les deux pays attribuent une priorité absolue à leur relation.

La date de la visite de Li est particulièrement significative. L’administration Donald Trump s’est vantée, la semaine dernière, de l’alchimie spéciale qui s’est développée entre le président américain et Xi à la suite de leur rencontre en Floride du 7 et 8 avril derniers, et de l’aide active apportée par la Chine à la résolution du problème nord-coréen. De plus, Trump et son Conseiller en Sécurité nationale HR McMaster se sont ouvertement flattés de l’abstention de la Chine dans le dernier vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur , selon eux un résultat visible de la merveilleuse alchimie entre les deux présidents.

Incroyablement, McMaster est allé plastronner à la télévision, sur ABC, dimanche, à propos de la distance créée par Trump entre la Russie et la Chine sur le sujet de la Syrie. McMaster a déclaré que la Russie avait été gravement isolée dans le Conseil de sécurité. (Comme l’a démontré le Communiqué commun des BRICS en soutien à la position russe adopté à Visakhapatnam le 12 avril, c’est une déclaration absurde).

Il est probable que McMaster soit un novice en  internationale et que son inexpérience se soit manifestée dans cette interview d’ABC. Mais, il se trouve que c’est le Conseiller à la Sécurité nationale de Trump, et même si c’est un nigaud et un nourrisson en matière de politique mondiale, il détient une autorité. McMaster a dit :

« Ce que nous savons est que, pendant qu’il répondait au massacre de masse du régime syrien, le président Trump et la première dame ont été les hôtes d’une conférence, d’un sommet, extraordinairement positif avec le président Xi et son équipe. Et non seulement ils ont établi une relation très chaleureuse, mais… ils ont aussi travaillé ensemble dans le cadre de la réponse au massacre de masse de la part du régime Assad dans le cadre (sic) du vote de l’ONU. Je pense que le président Xi a eu du courage en prenant ses distances avec les Russes, en isolant les Russes et les Boliviens… et je pense que le monde a vu cela, et que (Xi) a vu, bien, à quel club voulez-vous appartenir ? Le club des Russes et des Boliviens ? Ou – entrer dans le club avec les États-Unis, pour travailler ensemble à nos intérêts mutuels et aux intérêts de la paix et de la sécurité. »

McMaster a probablement naïvement pensé qu’avec ces mots très directs, il allait assommer les Russes. Quels que soient les plans de Trump pour séparer la Chine et la Russie en exploitant les intérêts de Xi dans un « nouveau type de relations majeures » avec les USA, il est absurde d’imaginer que Pékin autorisera la moindre érosion de son entente avec la Russie. Le fait est que, pour la Chine et la Russie, la priorité N°1 consiste à contenir l’hégémonie des États-Unis, et qu’aucune distance entre les deux n’est envisageable dans un avenir prévisible. Pour le dire en termes simples, la relation a créé une ‘profondeur stratégique’ qui permet aux deux pays de sauvegarder leurs principaux intérêts, tout en facilitant la résolution de  spécifiques vis-à-vis des USA, à n’importe quel moment.

Nous ne saurons jamais si la visite de Li n’est que de pure routine, ou si elle a été conçue en réponse aux tentatives de l’administration Trump pour semer la zizanie entre Russes et Chinois. Quoi qu’il en soit, Pékin semble souligner clairement l’aspect prioritaire que la Chine attribue à la préservation de ses liens de confiance mutuels avec la Russie. La visite de Li à Moscou et ses discussions au Kremlin sont vouées à faire ressembler Trump et McMaster à deux ploucs perdus dans une grande métropole.

Traduction Entelekheia

Photo Pixabay


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