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« Les Rouges » dans les pays baltes

Auteur : Anton Dojdikov | Editeur : Walt | Mardi, 12 Avr. 2016 - 00h21

Les analystes du comité d’experts conseillant le Pentagone sont prêts à livrer Riga et Tallinn sans combattre. Mais avec 2,7 milliards de dollars de plus par an, ils sont disposés à arrêter toute hypothétique agression russe contre les pays baltes. Probablement seront-ils d’accord pour diriger la prochaine « invasion multinationale » pour une somme plus importante.

Faisant des recherches sur les questions de sécurité nationale, le centre de recherche étasunien RAND, qui conseille le Pentagone et travaille pour les agences du régime depuis sa création en 1948, en arrive à une conclusion décevante : À la suite d’un conflit militaire avec l’OTAN, les troupes russes seront à même d’occuper Riga et Tallinn en deux ou trois jours.

Le dénouement des exercices théoriques et des modélisations est publié dans le rapport de RAND, sur son site Internet. Ont participé au projet, des analystes du groupe d’experts RAND et des experts civils et militaires, dont ceux de l’US Army, du Département de l’armée de l’air, de la marine de guerre et du corps de Marine, de l’état major US en Europe, du commandement naval de l’OTAN.

L’objectif était d’étudier la forme et les conséquences probables de l’invasion des pays baltes par les Russes. La conclusion est claire: actuellement l’OTAN est incapable de protéger ses membres les plus vulnérables contre une éventuelle agression.

Après la défaite tactique initiale de l’OTAN, « il y a un nombre limité de scénarios appropriés, et ils sont tous affligeants. » À savoir, la contre-attaque est associée au risque d’escalade nucléaire (la probabilité de succès de la guerre conventionnelle seule étant insignifiante); la situation se rapportant à la « deuxième guerre froide » avec Lituanie, Lettonie et Estonie comme frontière entre les blocs.

 « Les Bleus » n’ont aucune chance

Les forces de l’OTAN et les armées régulières des États européens jouxtant la Russie qui sont déployées en ce moment, sont capables de contenir la pression seulement pendant quelques jours. En moins de 60 heures (selon le scénario), les troupes russes arriveraient à Tallinn et Riga. C’est la conclusion de la série de jeux de stratégie militaire tenus de l’été 2014 au printemps 2015 par RAND Corporation.

En plus de l’avantage numérique des forces armées russes (22 bataillons, ce qui est nettement moins qu’à l’époque de l’Union Soviétique), le comité d’experts ajoute ceci :

– présence d’une population minoritaire au penchant pro-russe (population russophone et soi-disant non-citoyens) ;

– facteur géographique : Tallinn et Riga sont plus proches de la frontière russe que, par exemple, la Pologne; terrain marécageux infranchissable, parsemé de lacs et de rivières qui limitent l’usage de l’équipement roulant ;

– existence de l’enclave de Kaliningrad qui partage la ligne de front ;

– faible probabilité que les élites locales des États baltes défendent leur ville jusqu’au dernier.

Les forces disponibles semblent plutôt insuffisantes pour l’OTAN, en particulier celles basées dans les États baltes eux-mêmes: équipées surtout d’armes légères, sans mobilité tactique suffisante et mal équipées pour lutter contre un adversaire lourdement blindé. L’Alliance n’a déployé là-bas aucune unité équipée de chars de bataille. C’est nettement insuffisant pour contrer les véhicules de combat de type char de bataille « Stryker ». La région de Kaliningrad, avec ses puissants moyens antiaériens et d’interdiction d’accès, est un problème coriace.

La grande puissance de feu, la supériorité de la force de frappe tactique (dix bataillons d’artillerie), ne laissent même pas la chance de réussir sa retraite à l’infanterie mécanisée de l’OTAN.

Un adversaire capable

Les forces aériennes de l’OTAN sont théoriquement capables de prendre le dessus sur la Russie. Mais il y a de fortes probabilités qu’en tant qu’« adversaires compétents », les Russes utilisent leurs propres forces aériennes et leurs efficaces moyens de guerre électronique pour annuler la supériorité technologique de l’OTAN.

La « compétence raisonnable » de l’armée russe est désormais une raison de paniquer pour les experts de RAND. Jusqu’à présent, les pays de l’OTAN effectuaient leurs opérations malgré leur supériorité écrasante : aviation, avantage qualitatif de la maîtrise de la guerre électronique, avantage quantitatif par le nombre de véhicules de combat, d’avions, de navires et de missiles de croisière. L’écart étant faible à présent, les chances de succès ne sont plus considérées écrasantes.

La conclusion exprime donc la déception : La quasi-absence de défenses aériennes combinées à des capacités antiaériennes de courte portée dans les forces de contre-attaque des USA et de l’OTAN, qui auraient pu frapper le flanc de l’armée russe avançant, conduira à de grosses pertes.

Les puissantes forces aériennes russes et leurs moyens de guerre électronique suffisent pour refouler l’OTAN pendant quelques jours. À la fin de la simulation, l’« équipe rouge » a été capable de créer une « bulle » sûre autour du territoire et a eu suffisamment de temps pour lancer une vague massive de raids contre les forces de l’OTAN. Le résultat – de lourdes pertes dans plusieurs bataillons et le fiasco probable des contre-attaques ; des pertes inacceptables, même dans un conflit conventionnel – est une chose excessive pour les copains étasuniens des Européens.

Selon les experts de RAND, pour éviter pareil scénario dans les États baltes, il faudrait la présence permanente de sept brigades déployées (dont trois de chars de bataille), et 2,7 milliards de dollars de plus par an.

La question de l’hypothétique « menace russe » se résume en bloc à la phrase : « Montrez-moi l’argent ». Une partie de ces milliards seront affectés à ces jeux de guerre virtuels, à des projets d’analyse et de développements « scientifiques ». Analystes de RAND, fournisseurs d’équipement, prestataires affectés à l’hygiène et à la médecine, opérateurs de logistique et autres, tous attendent leur part du gâteau. Grâce à leurs efforts, l’hystérie anti-russe enfle en ce moment.

Le crépuscule de l’évaluation

Les analystes de RAND assument dans leurs constructions des choses archi-fausses :

– les États baltes sont pour la Russie un objectif de frappe ;

– la population russophone de ces pays attend avec impatience l’arrivée des « libérateurs » ;

– la Russie déploie officiellement ses forces pour défendre la population russophone ou bien, par leur soutien ultérieur, elles favoriseront la formation de groupes de « militants » locaux.

Vous ne pouvez pas les blâmer parce qu’ils ont dans les yeux l’excitation des subventions prévues et la certitude de la « menace russe », qui est devenue le cercle cognitif cyclique de leur motivation.

Contrairement à l’Ukraine, les pays baltes sont membres de l’OTAN, et le 5ème paragraphe assimile clairement toute attaque contre un pays à une agression contre l’alliance entière. Dans ces conditions, la Russie ne peut pas être l’initiateur de l’offensive. Conclusion : Notre pays doit être provoqué en « mettant la paix en vigueur ». Suivant le scénario de Saakashvili contre l’Ossétie du Sud.

La population russophone des pays baltes est plutôt habituée à des conditions confortables, dont la possibilité de se balader dans la zone euro et de visiter les parents en Russie. Ils tiennent à l’entière liberté de choisir leur résidence. Pour les gens habitués à tout ce confort, changer de statu quo n’est guère souhaitable.

Aussi, la seule option des analystes de RAND et leurs partisans est de verser de l’huile sur le feu, lancer le mouvement du volant d’inertie russophobe et de l’hystérie dans les médias, initier l’adoption par l’État de mesures discriminatoires radicales contre la population russophone, soutenir les partis pro-fascistes, comme ceux de l’Ukraine, pour créer des motifs de protestation et propager la révolution.

Troisième et probablement plus importante antithèse : les recommandations RAND telles que le nombre d’unités « légères » par rapport aux « lourdes », la nécessité de déployer de nouvelles forces aériennes sur les aérodromes de Suède, assurer que le personnel militaire est équipé de moyens antiaériens à courte portée et bien d’autres choses, ne dénotent en rien d’une « stratégie défensive ».

Prendre l’initiative

Aujourd’hui, même dans un scénario de cauchemar, nous ne pouvons imaginer la Russie se lancer à l’attaque d’un État souverain. Toute l’action de la politique étrangère russe repose sur des réponses purement tactiques et en fonction de la situation. Que ce soit en Crimée, Ukraine ou Syrie.

Nous acceptons le défi seulement parce que ne pas répondre amènerait le chaos et l’instabilité sur le territoire de notre pays. Cela changerait l’équilibre du pouvoir, la Russie perdrait ses derniers alliés, et les régimes hostiles entourant nos frontières finiraient par s’unir.

Solution asymétrique et projets orientés de longue durée, stratégies et actions sont nécessaires. Nous pouvons au moins entamer ce genre d’études, ouvrir un débat dans les médias pour dissiper et démystifier les idées russophobes.

La Russie a besoin que ses propres comités d’experts agissent plus promptement, soient plus affirmés sans être aussi coûteux que leurs collègues de l’OTAN. Centres d’analyse, médias, blogosphère, communication politique informelle, réseau d’ONG, outils de « coopération humanitaire », sont les autres éléments structurels dont le monde russe a besoin. Leur zone de responsabilités étant la planète entière, y compris le territoire des pays de l’OTAN.

Traduit du russe en anglais par James Cooksey (Southfront), traduit de l'anglais par Petrus Lombard


- Source : VPK (Russie)

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