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Le système financier est une menace plus grande que le terrorisme Par Paul Craig Roberts

Auteur : Paul Craig Roberts | Editeur : Walt | Jeudi, 10 Mars 2016 - 19h02

Les Étasuniens sont distraits au 21e siècle par l’hyper-coûteuse « guerre contre le terrorisme ». Des billions de dollars ont été ajoutés à la charge du contribuable et de nombreux milliards de dollars de profits au complexe militaro-sécuritaire pour lutter contre des « menaces » étrangères insignifiantes, comme les Talibans qui restent invaincus après 15 ans. Pendant ce temps-là, travaillant main dans la main avec les décideurs politiques, le système financier fait plus de dommages aux gens que ne pourraient jamais leur infliger les terroristes.

Le but de la politique du taux d’intérêt zéro de la Réserve fédérale et du Trésor US est de soutenir le prix des instruments financiers sur-endettés et frauduleux, que les systèmes financiers non réglementés pondent toujours. Si l’inflation a été correctement mesurée, ces taux zéro seraient des taux négatifs, ce qui signifie non seulement que les retraités n’auraient aucun revenu de leur épargne-retraite, mais aussi que l’épargne serait une option perdante. Au lieu de gagner des intérêts sur votre épargne, vous payez des intérêts qui diminuent la valeur réelle de votre épargne.

Les banques centrales, les économistes néo-libéraux et la pressetitutée financière, préconisent des taux d’intérêt négatifs afin de forcer les gens à dépenser au lieu d’épargner. L’idée est que la mauvaise performance économique n’est pas due à la politique économique erronée, mais aux gens qui thésaurisent leur argent. Avec sa coterie d’économistes et de pressetitutées, la Réserve fédérale maintient la fiction du trop d’économies, en dépit de la publication de son propre rapport, selon lequel 52% des gens ne peuvent pas lever 400 dolllars sans devoir vendre des biens personnels ou emprunter de l’argent.

Les taux d’intérêt négatifs, qui ont été introduits dans certains pays, comme la Suisse, et menacent dans d’autres pays, ont fait que les gens évitent cette taxe sur les dépôts bancaires en retirant sous la forme de grosses coupures leur épargne des banques. En Suisse, par exemple, la demande de billets de 1000 francs (environ 1000 dollars) a fortement augmenté. Ces grosses coupures représentent désormais 60% de la monnaie suisse en circulation.

La réaction des déposants aux taux d’intérêt négatifs a poussé les économistes néolibéraux, comme Larry Summers, à exiger l’élimination des grosses coupures pour dissuader les gens de garder leurs soldes de trésorerie en dehors des banques.

D’autres économistes néolibéraux, comme Kenneth Rogoff, veulent remplacer complètement l’argent liquide uniquement par la monnaie électronique. La monnaie électronique ne peut pas être retirée des dépôts bancaires, sauf en la dépensant. Avec de la monnaie électronique comme seul argent, les établissements financiers peuvent utiliser les taux d’intérêt négatifs pour voler les économies de leurs déposants.

Les gens pourraient tenter de recourir à l’or, à l’argent métal et à des formes de monnaies privées, mais les autres méthodes de paiement et les économies pourraient être interdites, et le gouvernement pourraient mener des opérations d’infiltration afin de réprimer les évasions de monnaie électronique avec de sévères amendes.

Ce que montre ceci, c’est que le gouvernement, les économistes et les pressetitutées se sont alliés pour que les citoyens ne puissent jouir d’aucune indépendance financière avec leur épargne. Les décideurs ont une politique économique dingue, et ceux qui ont le contrôle sur votre vie tiennent plus à leur combine qu’à votre bien-être.

Voilà le sort des gens dans les fameuses démocraties. Toute la maîtrise qu’il leur reste sur leur vie est confisquée. Les gouvernements servent quelques puissants groupes d’intérêt dont les ordres du jour se traduisent par la destruction des économies hôtes. La délocalisation à l’étranger des emplois de la classe moyenne transfère le revenu et la richesse de la classe moyenne aux dirigeants et propriétaires des compagnies, mais détruit aussi le marché national de la consommation pour les biens et services délocalisés. Comme l’écrit Michael Hudson, cela tue l’hôte. La financiarisation de l’économie tue aussi l’hôte, de même que les propriétaires des entreprises. Quand pour augmenter le prix des actions de l’entreprise et leurs primes de rendement, des patrons empruntent auprès des banques pour racheter leurs actions détenues par le public, les bénéfices futurs sont convertis en paiements d’intérêts aux banques. Les rentrées futures des entreprises sont alors financiarisées, et si elles viennent à manquer, les entreprises hypothéquées peuvent être saisies, et les banques en deviennent propriétaires.

Entre la délocalisation à l’étranger des emplois et la conversion de plus en plus de sources de revenus en paiements d’intérêts aux banques, il reste de moins en moins à dépenser en biens et services. De cette façon, l’économie ne se développe pas et tombe en déclin permanent. De nos jours, beaucoup de gens ne peuvent débourser qu’une somme minime par rapport au solde qu’il ont sur leur carte de crédit. Il en résulte une énorme croissance du solde qui ne peut jamais être liquidé. Ce sont ces gens, qui ont la possibilité de moins servir la dette, qui sont frappés de charges draconiennes. Du fait des méthodes adoptées maintenant par les sociétés de cartes de crédit, si vous faites un paiement en retard ou si votre paiement est refusé par votre banque, vous êtes frappé d’une pénalité au taux annuel de 29,49% pendant les six prochains mois.

En Europe, des pays entiers sont saisis. La Grèce et le Portugal ont été contraints de liquider des patrimoines nationaux et les systèmes de sécurité sociale. Tant de femmes ont été contraintes à la pauvreté et à la prostitution, que le prix horaire d’une prostituée est descendu à 4,12 dollars.

Partout dans le monde occidental, le système financier est devenu exploiteur du peuple et perte sèche sur l’économie. Il n’y a que deux solutions possibles. La première consiste à diviser les grandes banques en entités plus petites et locales, comme elles étaient avant la concentration favorisée par la déréglementation. L’autre est de les nationaliser et de les exploiter dans le seul intérêt du bien-être général de la population.

Les banques sont actuellement trop puissantes pour que se présente l’une ou l’autre de ces solutions. Mais la cupidité, la fraude et le comportement égoïste des systèmes financiers occidentaux, aidés et encouragés par les gouvernements, pourraient entraîner un tel délabrement de la vie économique que l’idée de système financier privé deviendra aussi répugnante dans l’avenir que l’est le nazisme aujourd’hui.

Traduction Petrus Lombard


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