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Samedi, 18 Mai 2024

Contrat de travail ou marché de dupe ?

Auteur : Jean-Paul Charbonneau | Editeur : Walt | Vendredi, 26 Févr. 2016 - 11h13

Il y a comme un doute… Et si notre Président était plus habile qu’il y paraît ? Et si, à défaut de conviction, il dévoilait un art consommé de la combinaison ? Depuis quelque temps,en tout cas, il semble « s’amuser » à prendre à contre-pied ses amis comme ses adversaires.

La déchéance de nationalité, bien qu’en passe de rejoindre la décharge des textes abandonnés, a déjà divisé et la droite et la gauche. Les uns et les autres ont épuisé arguties et arguments sur un texte sans portée pratique ; un os à ronger dans le bestiaire parlementaire, un os qui tel le sexe des anges provoque des querelles byzantines et détourne des vrais enjeux.

Et voilà que ça recommence… Mais cette fois-ci, l’os à se disputer est autrement plus conséquent. Il s’agit du temps de travail, du contrat de travail, de sa rupture, de l’expression des salariés, de la place des syndicats et, bientôt, de l’indemnisation du chômage, etc. Un sacré paquet ! Des thèmes qu’on trouve dans le premier programme politique venu, mais des thèmes qui constituent toujours la pierre d’achoppement de nos querelles… Et voilà que le « libéral » président hollande décide de bousculer tous les engagements pris par le candidat « socialiste » du même nom !

Au diable les 35 heures, à la niche les syndicats, la flexibilité aux chefs d’entreprise et le référendum aux salariés. Autant de thèmes – et c’est là que le bât blesse – qui font aujourd’hui une bonne partie des propositions des candidats Fillon, Juppé, Le Maire et Sarkozy, ces candidats-écrivains dont les livres sont remplis d’engagements fabuleux et de promesses mirifiques. C’est même souvent à ces thèmes économiques et sociaux que se résume leur pensée « programmatique ». En effet, depuis deux générations, à gauche comme à droite, ceux qui nous gouvernent et/ou leurs prétendants ont réduit l’action politique à son expression la plus terre à terre : la satisfaction des besoins matériels des individus ; en conséquence de quoi la politique se réduit à l’économie et à son frère jumeau le social.

Pour faire simple, on dira que tout le monde, à droite, pourrait et devrait se retrouver sur les nouvelles propositions du président Hollande.

On voit mal, en effet, un « libéral » de droite se heurter de front avec un « néolibéral » de gauche… Blanc bonnet et bonnet blanc, posé, au demeurant, sur le même « Front » !

Imaginons donc que, même amendé ou édulcoré, le texte présenté par Mme Myriam El Khomri soit finalement voté par l’opposition parlementaire, LR et UDI confondus ; que restera-t-il à chacun de ces partis de leur programme pour la présidentielle ? L’essentiel aura déjà été voté, sinon appliqué.

En poussant la droite à adopter son nouveau « pacte social », Hollande va donc vider les programmes des candidats de droite de la plupart de leurs propositions chocs ou phares (c’est selon !). Là est le piège, là est l’impasse car, sauf à se porter sur des contenus plus sociétaux (identité, laïcité, communautarisme, sécurité, etc.), sauf à répondre, enfin, concrètement aux attentes du « peuple de droite », la droite et le centre n’auront pas grand-chose à proposer aux électeurs.

Il est peu probable que les dirigeants de ces partis comme les commentateurs saisissent la subtilité du piège qui leur est tendu. Et Hollande, paraphrasant Malraux, pourra penser, mais ne le dira pas : « Entre le Front national et nous, il n’y a rien ».


- Source : Boulevard Voltaire

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