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«Trop, c’est trop !» : l’attaque au vitriol de Martine Aubry contre François Hollande

Auteur : Isabelle Ficek | Editeur : Walt | Jeudi, 25 Févr. 2016 - 14h17

La maire de Lille dénonce « l’impasse » de la politique du gouvernement qui risque selon elle de conduire à un « affaiblissement durable de la France ».

Il y avait déjà eu plusieurs « ras-le-bol ! ». Mais jamais la charge n’avait été aussi violente ni aussi globale. Et jamais elle n’avait coïncidé à ce point avec une montée des mécontentements dans le pays. « Trop, c’est trop ! » lance Martine Aubry dans une tribune collective publiée dans « Le Monde » du 25 février face à la politique menée par François Hollande et Manuel Valls. « Ce n’est plus simplement l’échec du quinquennat qui se profile, attaque d’emblée la maire de Lille, mais un affaiblissement durable de la France qui se prépare, et bien évidemment de la gauche, s’il n’est pas mis un coup d’arrêt à la chute dans laquelle nous sommes entraînés ».

Le réquisitoire, qui fait l’inventaire des « reculs » de l’exécutif, est très sévère. Il vient s’ajouter à la colère qui gronde dans la majorité, les organisations syndicales, étudiantes, voire à la tête du PS et jusqu’au sein du gouvernement sur le projet de loi El Khomri et sur la menace de l’emploi du l’article 49.3 de la Constitution pour le faire voter. Deux « gouttes d’eau » qui ont sans aucun doute contribué à faire déborder le vase. Il est aussi signé de personnalités qui militent pour organiser une primaire à gauche pour 2017, comme Daniel Cohn-Bendit, l’ex-ministre de l’Education nationale Benoît Hamon ou l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot. Il est paraphé également par des proches de Martine Aubry, le chef des députés PS « frondeurs », Christian Paul, l’économiste Daniel Cohen ou encore le sociologue Michel Wieviorka.

Du pacte de responsabilité à la déchéance de nationalité, toute la politique de François Hollande est déboulonnée. Les signataires voient dans le pacte de responsabilité un « pacte avec le Medef qui se révéla un marché de dupes » et « 41 milliards d’euros mobilisés pour rien ou si peu». Ils déplorent au passage que leurs mises en garde, en particulier sur les « contreparties » aient été « ignorées ». La déchéance de la nationalité ? Un « désolant débat » qui « touche au fond à notre conception de l’identité de la France » et aboutirait à « une fêlure profonde pour la gauche » si le texte est voté au Congrès. Dans la même veine, les signataires fustigent « l’indécent discours de Munich à propos des réfugiés », quand Manuel Valls a dit depuis la capitale bavaroise ne pas être favorable au mécanisme de répartition des réfugiés dans l’Union européenne et a au passage critiqué la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel.

Mais les attaques les plus fortes sont réservées au projet de loi de réforme du code du travail. « Que le patronat institutionnel porte ces revendications, pourquoi pas (...)mais qu’elles deviennent les lois de la République, sûrement pas ! Pas ça, pas nous, pas la gauche ! » tonnent les signataires qui dénoncent « la méthode » avec le menace du 49.3 - « la démocratie est atteinte » - et en appellent à l’esprit du « Bourget », à de « vraies réformes » pour « sortir de l’impasse ». Sans plus de précision. D’autres initiatives pourraient être prises à gauche dans les prochains jours. Et à l’instar de la pétition lancée contre le projet de loi de la ministre du Travail, les auteurs de la tribune appellent à la signer. Pression supplémentaire sur François Hollande et pour une primaire à gauche, même si Martine Aubry reste floue sur ses intentions.

«Postures » et « amalgames » sans « argumentation politique » a riposté le ministre des Finances, Michel Sapin, sur LCP. Ce texte « ne propose rien » a rétorqué Matignon,mais « a le mérite de clarifier les camps, avec d’un côté une gauche aux responsabilités et de l’autre, la tradition d’une gauche incantatoire, de l’indignation. » Manière de minimiser une charge qui serait sans lendemain. Et d’acter, un peu plus, le divorce de gauches qui semblent absolument « irréconciliables ». La droite s’est délectée de cette nouvelle bombe à fragmentation. Le député socialiste Christophe Caresche n’a pas exclu le « risque » d’une explosion du PS et la présence de « deux candidats de la gauche gouvernementale » en 2017. Peut-être pour provoquer un sursaut.


- Source : Les Echos

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