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Médias français: Qui possède et contrôle l’information ?

Auteur : Filpac | Editeur : Walt | Lundi, 21 Déc. 2015 - 21h34

Drahi, Bolloré… Comment les médias français se recomposent

A moins de deux ans de la présidentielle de 2017, les médias français sont en pleine ébullition, avec des empires en voie de composition, d’autres en voie d’extinction. Derrière ce Monopoly capitalistique, alors que les rachats se multiplient dans le secteur, se mêlent anciens hommes forts et nouveaux aspirants magnats : Patrick Drahi, Xavier Niel, Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Arnaud Lagardère ou Serge Dassault.

« La presse se concentre comme tous les marchés matures, et cela entraîne une recomposition du paysage médiatique », décrit l’historien des médias Patrick Eveno, notant l’irruption de nouveaux acteurs, notamment d’industriels des télécoms, qui « ont de gros moyens financiers ».

Le groupe de Bernard Arnault, LVMH, a racheté Le Parisien. Patrick Drahi a mis la main sur Libération et L’Express-Roularta et vient d’annoncer une alliance avec NextRadioTV, qui possède entre autres BFM-TV et RMC. Aujourd’hui, il n’y a en France quasi plus « d’indépendants », à part le groupe NRJ, ou des titres comme Mediapart et Le Canard enchaîné.

« La recomposition n’est pas terminée », prévient M. Eveno. Les rumeurs circulent. Lagardère vendra-t-il Europe 1 ? François Pinault gardera-t-il Le Point ? Quelles acquisitions fera le nouveau Vivendi de Vincent Bolloré ?

L’appétit insatiable de Patrick Drahi

Depuis qu’il s’est fait un nom en raflant début 2014 l’opérateur SFR au nez de Martin Bouygues, Patrick Drahi a beaucoup fait parler de lui en investissant tous azimuts dans les médias. L’homme d’affaires franco-israélien, qui avait lancé en 2013 la chaîne d’information internationale i24News en Israël et était encore un quasi-inconnu en France il y a un an, malgré Numericable, fait aujourd’hui la « une » des journaux régulièrement.

Et sa fortune a dépassé celle de Xavier Niel au classement Forbes, en 2014. Son investissement dans un Libération en pleine crise a surpris, au printemps 2014. Comme son achat, début 2015, du groupe déficitaire L’Express-Roularta. Ce qui apparaissait à certains comme un geste envers un quotidien de gauche pour améliorer son image en France est alors apparu comme une volonté de constituer un groupe de médias.

Le 27 juillet, en annonçant son partenariat avec NextRadioTV – qui pourra évoluer en un rachat complet à partir de 2019 –, M. Drahi surprend encore. Il s’attache l’un des plus beaux groupes indépendants français et met un pied dans l’audiovisuel, avec notamment la radio RMC et la puissante chaîne d’information BFM-TV. Alain Weill, le fondateur de NextRadio, qui dirigera les activités médias du nouveau groupe, insiste sur les synergies entre télécoms et médias.

Une stratégie contestée par d’autres dans le secteur, qui rappellent la chute de Jean-Marie Messier chez Vivendi. MM. Drahi et Weill, eux, affichent leurs ambitions et annoncent d’autres acquisitions. Avec 575 millions d’euros de chiffre d’affaires – dont 200 millions pour NextRadio TV –, le groupe reste loin des poids lourds de l’audiovisuel. Mais il pourrait grossir. Lire aussi : Patrick Drahi étend son empire à BFM-TV et RMC

Vincent Bolloré veut construire un « Bertelsmann à la française »

L’autre acteur qui a occupé le devant de la scène médiatique ces derniers mois n’est autre que Vincent Bolloré, l’entrepreneur qui a fait fortune dans la logistique en Afrique en partant d’un petit papetier familial. Le milliardaire breton, réputé proche de Nicolas Sarkozy, n’a pourtant rien d’un nouveau venu.

Mais sa reprise en main musclée de Canal +, avec remaniement du management et de la grille, marque les esprits. L’industriel multisecteur, également présent dans la publicité grâce à Havas, a endossé ses nouveaux habits de magnat des médias à la faveur de la vente de ses chaînes de la TNT, D8 et D17, au groupe Canal+, en 2012. M. Bolloré a, en retour, récupéré 5 % du groupe Vivendi, dont il a, depuis, pris les rênes avec le talent d’acrobate financier qu’on lui connaît depuis longtemps.

M. Bolloré ne s’en cache pas. Il veut créer « un Bertelsmann à la française », disait-il fin 2014, faisannt allusion au géant allemand. Après s’être désengagé de SFR et de l’opérateur brésilien GVT, le groupe dispose d’un trésor de guerre de 4,6 milliards d’euros.

Aujourd’hui, Canal+ est, avec Universal Music, le navire amiral de Vivendi. Concurrencé sur les droits sportifs et la vidéo à la demande, il perd des abonnés en France. Mais reste rentable, avec 5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Présent dans l’information (i-Télé), la télévision gratuite ou la production, il a acquis la plate-forme de vidéo Dailymotion en 2014.

Martin Bouygues reste le maître de TF1

Propriété de Martin Bouygues – le PDG du groupe familial est aussi un proche de Nicolas Sarkozy –, TF1 reste, avec 2,1 milliards de chiffre d’affaires, une puissance de la télévision gratuite. Même si les perspectives publicitaires tassent son résultat (103 millions hors cessions). Pour se développer, la filiale médias de Bouygues a développé un bouquet de chaînes TNT (TMC, NT1, HD1), a réduit ses coûts et s’est diversifiée (services, téléshopping…).

TF1 a arrêté en 2015 la version papier du quotidien gratuit Metronews et espère faire passer sa chaîne d’information LCI sur la TNT gratuite. Il s’est aussi désengagé d’Eurosport, ce qui lui laisse près de 1 milliard d’euros de disponibles. De quoi relancer les rumeurs d’acquisitions que le groupe pourrait mener ces prochains mois, par exemple sur le front du numérique.

M6 et RTL, la puissance allemande

Bertelsmann est un puissant groupe allemand spécialisé dans l’édition et les médias. La France est son troisième marché, avec M6 pour navire amiral. Avec 1,2 milliard de chiffre d’affaires en 2014, le groupe reste assez rentable. Comme TF1, il s’est développé dans la TNT avec les chaînes W9 et 6ter et espère être autorisé à passer Paris Première en gratuit. A ses côtés, on trouve le groupe de presse magazine Prisma Media (VSD, Capital, Femme actuelle…), mais aussi RTL, qui, avec les musicales Fun Radio et RTL2, réalise 160 millions de chiffre d’affaires.

« Le Figaro », navire amiral de Serge Dassault

Le PDG du groupe industriel Marcel Dassault et sénateur Les Républicains (LR) de l’Essonne possède le Groupe Figaro. Le grand quotidien de droite possède aussi les magazines Le Figaro Magazine ou Madame Figaro, et a multiplié les acquisitions dans les services et les petites annonces (Explorimmo, Le Particulier, Cadremploi…). Rentable ces dernières années, le groupe estimait avoir la taille critique nécessaire et se concentre désormais sur la numérisation. Il a toutefois cherché récemment à acquérir des titres spécialisés de L’Express-Roularta ou à obtenir une fréquence de télévision TNT en Ile-de-France.

« BNP », un trio inédit aux manettes du « ?Monde ? »

Le Monde a été repris en 2010 par un trio d’entrepreneurs inédit : le cofondateur du groupe Yves Saint Laurent, Pierre Bergé, le fondateur de l’opérateur Free, Xavier Niel, et le banquier d’affaires Matthieu Pigasse. Début 2014, ils ont acheté à l’industriel Claude Perdriel la majorité de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, accentuant la coloration de centre gauche de leurs activités médias. Le Monde, qui possède également des titres comme Courrier international ou Télérama, réalise 350 millions d’euros de chiffres d’affaires environ, et Le Nouvel Observateur quelque 40 millions. L’axe de développement central est la numérisation, même si le trio BNP a manifesté son intérêt pour LCI.

Arnaud Lagardère a fait le tri

Arnaud Lagardère préside aux destinées d’un groupe dont il a hérité et dont les activités se centrent sur l’édition, la distribution et le sport, ainsi que les médias. Cette dernière branche, Lagardère Active, réalise encore 958 millions d’euros de chiffres d’affaires. Même si, sous l’impulsion de l’homme d’affaires, qui se présentait un temps comme « l’ami » de Nicolas Sarkozy, le groupe s’est désengagé de ses magazines internationaux puis, plus récemment, de la moitié de ses magazines français. M. Lagardère dit vouloir se concentrer sur les marques les plus influentes, dont Le Journal du dimanche, Paris Match ou Elle. Et sur l’audiovisuel, avec la grande radio Europe 1, ou sur l’activité de production.

Bernard Arnault, des « Echos » au « Parisien »

En entrant en mai en négociations exclusives avec le groupe Amaury pour le rachat du Parisien pour un « montant supérieur à 50 millions d’euros », LVMH a mis la main sur l’un des titres les plus populaires de France. Le journal passe des mains d’une famille de presse (famille Amaury) à celles d’un industriel (Bernard Arnault), par ailleurs propriétaire de Radio Classique et des Echos.

Bernard Arnault, qui est classé à droite (comme François Pinault, propriétaire de l’hebdomadaire Le Point), justifie ce rachat par la volonté d’atteindre une certaine taille critique sur le marché publicitaire. Les deux titres réalisent ensemble un chiffre d’affaires autour de 335 millions d’euros.


- Source : Filpac

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