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La réponse ferme et rapide de Moscou bouleverse à jamais le grand échiquier

Auteur : Fort Russ (Russie) | Editeur : Walt | Dimanche, 29 Nov. 2015 - 23h24

La réponse ferme et rapide de Moscou change pour toujours le grand échiquier. Incapable d’arracher des assurances fermes à ses partenaires atlantistes de Washington, le Français a paru vaciller. Cela a-t-il poussé Hollande vers Poutine ?

Les événements se sont enchaînés très rapidement après qu’un chasseur F16 turc ait abattu un bombardier russe Su-24 au-dessus du territoire syrien, à proximité de la frontière turque. Cet acte a été qualifié de « coup de poignard dans le dos » des Turcs par le Président russe Vladimir Poutine. Les autorités et le public russes sont particulièrement courroucés par la mort de l’un des pilotes, et plus encore par les vidéos du corps de l’un d’eux traité avec un mépris total par des terroristes turkmènes dans le nord de la Syrie – l’un des groupes dont on sait parfaitement qu’il est parrainé par la Turquie.

Pour les Russes, il semble que la ligne rouge ait été franchie et qu’ils ne toléreront aucune agression contre leurs forces sans conséquences et représailles graves. Pour prouver que les actes valent mieux que les paroles, des avions russes ont férocement pilonné la région syrienne où se trouvait ce groupe de terroristes particulier, et des systèmes réputés de défense antiaérienne S400 ont été immédiatement déployés sur la base aérienne russe de Khmeimim, près de la ville syrienne de Lattaquié. Ce système a immédiatement modifié l’équilibre des forces dans la région, car sa portée de tir dépasse le territoire syrien. Inutile de dire que d’autres retombées ont été décidées par les autorités russes, par exemple, un embargo économique, allant des importations de volaille et accords gaziers, au tourisme.

Pourquoi donc Recep Tayyip Erdogan a-t-il pris cette décision ? Une raison pourrait être la crainte de l’alliance russo-iranienne, qui a été rendue publique à Téhéran seulement un jour avant que le bombardier russe ne soit abattu. Une autre pourrait être que les Russes ont détruit environ 1000 camions citernes pour le transport de pétrole et une raffinerie de pétrole de l’EI, une grande source de pétrole bon marché pour la Turquie, et aussi pour la famille Erdogan, d’après certaines sources. Ou bien la Turquie voulait peut-être se venger pour son avion F4 abattu au-dessus de la Syrie par l’armée arabe syrienne il y a trois ans.

Quelle qu’en soit la raison, il semble que les Turcs regrettent ce qu’ils ont fait car leurs dernières déclarations officielles sont devenues plus contrites, mais pas suffisamment, et Moscou n’acceptera rien de moins que des excuses franches. Mais ce qui est plus important, c’est que les Turcs ont annoncé officiellement que leurs avions de chasse aérienne ne patrouilleront plus sur la frontière syrienne. Ils craignent manifestement de les voir abattus par le S400.

Les Turcs n’ont pas non plus évalué un autre paramètre avant de décider d’abattre le bombardier russe. Après le carnage à Paris, la France semble revenir sur le droit chemin avec ses bonnes relations avec la Russie. Il y a seulement quelques mois, ils s’opposaient dans une polémique diplomatique sur l’affaire des Mistral et des sanctions économiques imposées à la Russie. Mais après la tragédie de Paris, essayant de se rattraper, François Hollande rejoint la guerre contre les Islamistes et oublie même la rhétorique anti-Assad.

La Turquie a aussi essuyé une réaction glaciale de la part de ses alliés. Le soutien de l’OTAN à la Turquie est vraiment allé jusqu’au bout, car l’alliance de l’Atlantique Nord a déjà montré de la réticence à se battre du côté turc dans l’éventualité d’une guerre russo-turque, et il y a à peine deux mois, l’OTAN a ôté de Turquie quelques écumoires Patriot. Dans le même temps, le Royaume-Uni a remanié d’importante manière sa position et projette à présent de combattre énergiquement les Islamistes. Cela pourrait avoir quelque chose à voir avec la récente visite de David Cameron en Chine, où il a signé un certain nombre de grands accords commerciaux avec l’empire asiatique émergent.

La vraie question est, les USA ont-ils d’autres chats à fouetter, et peut-être, uniquement pour assister à ce qui va se passer sans s’engager davantage dans les événements, vont-ils laisser la Turquie affronter la Russie ? Ou peut-être que les USA ne veulent tout simplement pas se salir les mains et, pour la dernière guerre, veulent-ils combattre la Russie par une série de conflagrations par procuration, avec la Turquie, l’Ukraine ou l’Allemagne (comme l’a suggéré George Friedman), comme dans le « bon vieux temps » de la guerre soviétique en Afghanistan, dans les années 1980. Quelles qu’en soient les raisons, pour leurs actions, les Turcs sont sur le point de faire face à de graves conséquences. Les événements s’enchaînent de façon linéaire, dans un seul sens : les Turcs ne peuvent pas revenir sur ce qu’ils ont fait, et les réactions russes, aussi sûrement que celles dont nous avons parlé plus haut, ont changé à jamais le jeu géopolitique. Si tel était le but de l’OTAN, alors il a peut-être réussi – mais du coup, les Russes ont liberté d’action, et sont désormais maîtres du jeu.

Stevan Gajic

Traduction Petrus Lombard


- Source : Fort Russ (Russie)

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