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Dehors, Fabius !

Auteur : Boulevard Voltaire | Editeur : Walt | Dimanche, 22 Nov. 2015 - 14h08

Laurent Fabius est un vieux routier de la politique. Le temps est loin où, jeune énarque normalien, il avait concouru pour une très ancienne émission de télévision, « Cavalier seul », en bombe de velours et bottes de cuir. C’était quand il hésitait à faire carrière chez Giscard, avant de rencontrer Jacques Attali et de trouver en Mitterrand le meilleur des princes.

Quand, le dix mai 1981, la France passa de l’ombre à la lumière (ainsi disait-on alors), comme le socialo-communisme (ainsi disait-on aussi) régularisait les clandestins et nationalisait le crédit, il fallut rassurer un peu Passy, et l’on nomma cet enfant de Janson-de-Sailly au Budget. Il s’y distingua, honorant son père qui était l’un des plus riches antiquaires de Paris, en retirant les objets d’art de l’assiette de l’impôt sur les grandes fortunes.

En 1984, il remplace Pierre Mauroy à Matignon. À 37 ans, il fait rêver les dames : un sondage publié à l’époque indique qu’une forte proportion de Françaises rêvent de passer une nuit avec celui qu’elles imaginent en bombe sexuelle.

Aux affaires (c’est le mot qui convient), il montre un sens aigu de la responsabilité des autres. Lors du dynamitage foireux du Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande, qui coûte la vie à un photographe portugais, il ouvre son parapluie et coule le ministre de la Défense Charles Hernu, pourtant populaire, franc-maçon et grand ami de Mitterrand.

Quant au sang contaminé par des donneurs porteurs du virus du SIDA et fourni notamment aux hémophiles, alors que le risque était connu et les tests de dépistage disponibles, il retombe sur des administratifs, et sur le secrétaire d’État à la santé Edmond Hervé.

Laurent Fabius a d’autres chats à fouetter, il fait de la politique planétaire. Avant de quitter Matignon en 1986, il aura cette phrase prophétique : « Il faut engranger les dividendes de la paix ! » Traduite en français, elle signifiait : il faut considérer le budget de la Défense comme une variable d’ajustement que l’on diminue à volonté. Et c’est de lui que date le début du déclin des lois de programmation militaire qui a mené l’armée française à la misère et à l’impuissance où elle se trouve réduite.

Cependant, attentif à sa carrière, le plus jeune Premier ministre de la République va se refaire une virginité politique à l’Assemblée nationale, dont il sera le président par deux fois, de 1988 à 1993 et de 1997 à 2000. C’est alors que Lionel Jospin le tire du perchoir pour prendre le ministère des Finances, où il assure le passage à l’euro.

Puis viennent des années de confusion où il se bat avec ses camarades, échoue à prendre le Parti socialiste, officialise ses ambitions présidentielles mais perd la primaire face à Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn en 2007, puis finit par se rallier à Hollande en 2012. On lui donne alors le Quai d’Orsay comme bâton de maréchal. Entre deux malaises, il y tourne son action vers « trois filières à fort potentiel : le sport, la transition énergétique et le tourisme ».

Accessoirement, il fait une fixette sur l’Iran et la Syrie de Bachar el-Assad. Notre politique au Proche-Orient, c’est lui. Notre alignement sur les Américains, c’est lui. Notre aveuglement sur la situation, c’est lui. Notre soutien à l’illusion d’une opposition démocratique, c’est lui. Notre posture morale sans le moindre rapport avec la réalité, c’est lui. Notre faiblesse militaire – on l’a vu plus haut -, c’est lui. Comme quoi un vieux profiteur de la République peut être, aussi, dangereux. Il faut le dire sans élever le ton mais fermement : le bilan est accablant. En temps de paix, Marianne est bonne fille, mais en temps de guerre, il serait bon d’envoyer à Limoges ce vieil éléphant repu faire valoir ses droits à la retraite. Fabius, dehors ! Et en silence.

Martin Peltier


- Source : Boulevard Voltaire

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