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Dimanche, 19 Mai 2024

Jusqu’à quand supportera-t-on l’imposture de la communication ?

Auteur : Paul Bernard | Editeur : Walt | Lundi, 11 Mai 2015 - 10h18

Notre époque est très fière d’avoir inventé la communication. Ce stratagème permet d’éviter la prise de responsabilité et de reporter à plus tard la prise de décision. Au demeurant, communiquer ne consiste pas à entrer dans un échange sincère et loyal d’informations entre le gouvernement et les citoyens. Il s’agit, plus simplement et cyniquement, de préserver son image et sa place en manipulant unilatéralement l’opinion et en sélectionnant les sondages favorables.

L’essentiel est de s’agiter pour attirer l’attention et de suivre le vent afin de retenir l’intérêt de la population. Mais les politiciens n’ont pas compris qu’en s’agitant en tous sens, ils ne cessent de s’enfoncer dangereusement dans les sables mouvants de la médiocrité et du mensonge.

Cette opération de communication relève d’une orchestration de la manœuvre, nécessitant la complicité des médias qui reprennent en chœur les thèmes dictés par le Big Brother de l’actualité. Au lieu d’informer sur l’évolution des événements, en termes de faits objectifs, les journalistes se contentent désormais de jouer les commentateurs dans des débats répétitifs et stériles qui permettent seulement de mettre en valeur chacun des participants.

À l’occasion, d’autres témoins sont appelés à la rescousse pour faire croire que la France est enfin entrée dans l’étape d’un soi-disant rebond. À cet égard, le recours à l’ancien ministre des Finances Pierre Moscovici, qui avait démontré son incapacité à remplir sa mission gouvernementale, est un exemple abominable de la confusion des genres. Ce personnage, recasé comme commissaire de l’Union européenne, par favoritisme, s’est transformé en donneur de leçons et en conseiller du gouvernement français. L’essentiel est de faire croire que les encouragements suffisent pour différer les efforts.

Progressivement, la fiction de la communication cache la réalité du pays. Les responsables publics ont oublié la priorité de l’intérêt national et sont entraînés à camoufler la pression des problèmes et à étouffer les cris d’un peuple désemparé. Tout se résout à coups de déclarations mensongères (chômage, déficits, impôts, croissance, budgets), de gesticulations médiatiques stériles, de jeux de mots cyniques lorsqu’on s’imagine traiter un défi par l’invocation de la laïcité ou de la République, en refusant bien sûr d’en voir les exigences.

Le résultat de cette fantasmagorie est effroyable. La France, incapable de réaliser les réformes structurelles indispensables, se situe toujours en queue du peloton européen, sans la moindre sanction ni reconnaissance d’erreur. L’essentiel, disent-ils, c’est de continuer à « s’accrocher ».

Comment, dès lors, s’étonner de la lassitude qui s’empare des Français devant ce tintamarre incessant, anesthésiant et surtout abrutissant ? Cette fatigue civique conduit ensuite à l’indifférence, au repli égoïste sur les positions personnelles et, enfin, au mépris que mérite l’autorité politique incapable de gérer la chose publique. En attendant le verdict de l’élection, ce sont les sondages qui occupent les esprits et font gagner du temps à ceux qui, accrochés à leur propre lendemain, oublient l’avenir de la France.


- Source : Paul Bernard

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