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Dimanche, 05 Mai 2024

Baltimore : Le racisme d'état

Auteur : Le Figaro | Editeur : Stanislas | Mardi, 28 Avr. 2015 - 19h18

FIGAROVOX/ENTRETIEN - L'état d'urgence a été décrété après des émeutes déclenchées par la mort en détention d'un jeune Noir à Baltimore. Alors que les associations dénoncent le racisme de la police locale, l'historien des États-Unis François Durpaire réagit.

François Durpaire est historien des Etats-Unis. Il est également responsable de l'antenne de France Diversité Médias TV. Suivez son actualité sur son site.

Les émeutes à Baltimore ont éclaté après la mort de Freddie Gray, jeune Noir de 25 qui est décédé en prison après avoir été blessé lors de son arrestation. Ce drame s'ajoute à de nombreuses bavures policières qui ont exacerbé les tensions raciales ces derniers mois. Après les deux mandats d'Obama et neuf mois après les violences de Ferguson, les tensions raciales semblent toujours aussi fortes. Comment l'expliquer?

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il s'agit en effet d'une absence de politiques publiques suffisamment puissantes pour résoudre ce type d'affaire. Les problèmes qui avaient été révélés par l'Affaire Michael Brown à Ferguson ont persisté et se sont manifestés par la suite dans plusieurs villes des Etats-Unis, notamment à New York, et actuellement à Baltimore.

Or, il n'y a pas d'unités des Américains autour du diagnostic.

Une grande partie des minorités estime qu'il est question d'un racisme de la police américaine. La majorité blanche, elle, se positionne sur un autre terrain. Elle estime que ces évènements ne sont pas nécessairement en relation avec la question raciale ou de relations intercommunautaires mais sont surtout liés à la délinquance.

Cette absence d'unité dans l'analyse des causes fait qu'il est difficile d'apporter des solutions de politique publique. A ceci s'ajoute le fait que dans un état fédéral, toutes les décisions ne sont pas prises du bureau ovale. Les polices mises en cause dans ces affaires sont des polices municipales. Contrairement à la France, il ne s'agit pas de la même police. Le rapport entre le ministère de l'Intérieur et les différentes polices n'est donc pas le même, la situation est bien plus complexe. La police municipale est indépendante, son chef est élu par des électeurs et sa souveraineté est différente de la police fédérale.

Peut-on parler de «racisme ordinaire» de la police locale envers la communauté noire comme le dénoncent les minorités?

Depuis les années 1980, les associations noires, notamment la NAACP, dénoncent les brutalités policières.

La police locale est en majorité blanche dans un pays qui s'est fortement diversifié, notamment dans des villes où la communauté noire est majoritaire -comme c'est le cas à Ferguson et à Baltimore (65% de Noirs américains pour 2 millions d'habitants). Cette police possède effectivement des préjugés et une manière d'intervenir trop brutale dont une politique de tolérance zéro, comme à Baltimore, qui est mal acceptée par la population.

Il est frappant de noter que dans cette ville, entre 1992 et 2012, 127 personnes ont été tuées par la police. Un chiffre deux fois plus élevé que ceux de villes de taille similaire comme Seattle ou Oklahoma city. La violence est bien plus importante à Baltimore.

Les préjugés raciaux persistent au sein de la population américaine. Ce sont ceux-ci qui tuent lorsqu'un policier se trouve confronté à un Noir américain lors d'une altercation.


- Source : Le Figaro

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