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Kiev assassine ses opposants à tour de bras, mais quoi de plus normal pour un président normal ?

Auteur : Novorossia | Editeur : Walt | Vendredi, 24 Avr. 2015 - 23h07

Quand un président européen se déplace dans certains pays, ses communicants et sa presse lui ont déjà préparé un discours de dénonciation des atteintes aux droits de l’Homme, passage obligé avant toute négociation. Curieusement, pour l’Ukraine les assassinats politiques ne sont pas considérés comme des crimes. François Hollande préfère y voir une forme de gouvernance normale et, en digne représentant du pays des droits de l’Homme, entend ne pas s’ingérer dans les affaires internes d’un pays souverain.

Des opposants politiques à la Junte de Kiev sont tués nous le savons depuis le début de la Révolution brune du Maïdan. Jusqu’à présent, ces meurtres n’étaient pas dénoncés par les médias occidentaux, soit complètement occultés, soit le fait d’une ligne indiquant qu’un « opposant pro-poutine » à l’Ukraine de Porochenko avait été retrouvé mort. Nous ne verrons aucun journaliste larmoyant, aucune ONG telle que la Cosmopolitan Project Foundation du socialiste Quentin Guilemain venir agiter langues et bras pour dénoncer ces assassinats politiques que Kiev organise depuis un an dans « sa démocratie ». Sans doute est-ce pour la « cause » démocratique ? Un « pro-russe » en moins est-ce probablement pour ces gens aux idées fluctuantes et à géométrie variable, un fait divers à peine digne de figurer à la page des chiens écrasés… Ceci n’empêchera pas notre gouvernement de recevoir comme hier le président de l’Ukraine brune à Paris et même de lui donner une tribune à i-Télé.

Dans son allocution, avec un grand cynisme, il révélait au public français que « la coopération Ukraine/France est multiple, y compris en matière d’armement et d’assistance, mais il ne s’agit pas d’armes létales », puis se lançant dans une comparaison entre la Crimée et l’Anschluss de l’Autriche par les nazis en 1938, en oubliant de dire que dans le Donbass, d’authentiques néo-nazis dans les bataillons Aydar, Svoboda, Donbass et tant d’autres sont le fer de lance de son armée. Les Français ont eu droit ce jour à leur dose quotidienne d’aliénation mentale.

Kiev donc assassine et à tour de bras. Le 16 avril dernier à Kiev, l’écrivain ukrainien, journaliste et historien Oles Bouzina (1969-2015) a été l’une des dernières victimes. Il était diplômé de l’Université de Kiev depuis 1992, en philologie, spécialiste de la langue et de la littérature russe. Il devînt journaliste dans la foulée et il était une personnalité connue dans son pays ayant collaboré à de nombreux journaux puis à la télévision où il était présentateur d’émissions sur le canal Inter depuis 2006. Il s’était engagé en politique après 2010, militant pour le Parti du Bloc russe fondé en 2002. Ce parti militait pour l’intégration de l’Ukraine russophone et de la Biélorussie dans la Fédération de Russie et avait une position ouvertement opposée à l’extrême droite des Ukrainiens de l’Ouest. Son programme politique était l’unité des peuples slaves, le rejet de l’idéologie nationaliste, donner un pied d’égalité aux langues ukrainienne et russe dans le pays ainsi que nombre de revendications sociales typiquement de gauche. Sa position marginale ne lui avait pas permis de faire des scores électoraux lui permettant de faire décoller sa carrière politique. Le président de son parti Guénady Basov inquiet de la tournure du Maïdan et des conséquences sur la population russophone avait appelé dès le 23 février 2014 à former des milices de défense pour contrer les paramilitaires néonazis qui furent ensuite à l’œuvre (et de quelle manière !) dans tout le pays. A l’instigation de la Junte de Kiev, il manqua d’être enlevé par un groupe armé qui fut maîtrisé le 15 mars suivant.

Se fiant aux règles démocratiques, l’Ukraine de Kiev avait alors interdit sur son territoire le Parti du Bloc russe par un décret du 13 mai 2014. Oles Bouzina qui s’était refusé à quitter Kiev et restait le rédacteur en chef du journal Segodnia (aujourd’hui) avait dénoncé au début de 2015, la censure radicale imposée par le gouvernement de Porochenko et particulièrement sur les ordres du Premier ministre Arsène Iatseniouk. Malgré les affirmations des médias français, il n’était pas pro-poutine. Le président Poutine n’est pas la Russie, comme vous comprendrez bien que le président Hollande n’est certainement pas la France. Il avait seulement une haute idée de l’union des slaves, convaincu de la possibilité du vivre ensemble et de la tolérance. Il se rendait souvent à Moscou et ses amis le mirent en garde sur le danger de sa position. Il dut démissionner en mars 2015, mais se refusa à prendre des mesures de sécurité pour protéger sa vie, ni à se réfugier en Russie. L’Ukraine et Kiev étaient sa patrie, sa maison. Il avait été attaqué par les FEMEN en mars 2009 et entarté sur un plateau de télévision pour son « sexisme ». Il avait pris des positions fortes, proposant de légiférer dès mai 2009 pour punir par la loi, à la manière de la Loi Gayssot, l’apologie du nazisme, le révisionnisme et la promotion des idéaux nationalistes nazifiés de l’UPA et des collaborateurs d’Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était classé dans les « homophobes », à la manière où les socialistes français classaient les millions de Français dans les rues contre les lois Taubira durant l’hiver 2012-2013.

Avant son assassinat il avait déclaré lors d’une interview en mars 2015 pour le journal Rossiskaya Gaziétaa avoir reçu des menaces de mort. Elles furent mises à exécution le 16 avril 2015, à 13 h 20 dans les rues de Kiev, tout près de son domicile. Deux tueurs cagoulés ayant déboulé dans une voiture immatriculée en Italie l’ont abattu dans la rue à l’arme automatique. Il n’y aura aucun journaliste français, aucun média français, aucun Charlie pour le pleurer. Il avait le tort de ne pas être dans le bon camp, de croire à la liberté, de croire à une autre Ukraine que celles des couleurs orange et brune. Malgré les protestations de Porochenko déclarant à demi-mot que cet assassinat était une provocation pour déstabiliser le pays, les manifestations pour protester contre son assassinat ont été interdites en Ukraine. Il est vrai que Bouzina est loin d’être le seul, et que les tueurs n’ont certainement pas fini de nettoyer le pays avec l’objectif de purifier ethniquement les arrières du pays, du moins de ses élites russophones, au cas où et dans l’attente de lancer une offensive massive contre le Donbass.

La veille, Oleg Kalachnikov (1962-2015) avait lui aussi été assassiné en toute impunité à Kiev. C’était un ancien militaire sorti de la prestigieuse Ecole militaire Souvorov ayant fait de brillantes études du temps de l’Union Soviétique et maintes fois médaillé. Il avait occupé divers commandements entre 1978 et 1997, dans l’Armée Rouge et par la suite dans les forces militaires ukrainiennes atteignant le grade de colonel. Dans le cadre de ses fonctions, il avait participé aux opérations dramatiques lors de l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. Par la suite, il avait été président d’une association d’anciens militaires, l’Union militaire d’Ukraine à partir de 1997 et avait repris des études entre 2001 et 2008 dans les plus grandes écoles de la haute administration ukrainienne. Engagé en politique dans le Parti des régions, il avait été élu député en 2006 et membre du Comité de la sécurité et de la défense nationale. Il n’avait pas été élu en 2012 en se présentant à Kiev et battu sévèrement dans les élections de l’après Maïdan en 2014 (2,57 % des voix). C’était une figure célèbre du mouvement de l’Antimaïdan. Il fut lui aussi abattu, le soir du 15 avril 2015 devant la porte de son appartement de Kiev de plusieurs coups de feu par un ou plusieurs tueurs qui se sont évaporés dans la nature. Il était un chaud partisan de la fête patriotique du 9 mai, commémorant la victoire sur l’Allemagne nazie et désormais interdite en Ukraine au profit du 8 mai. Sa famille a déclaré qu’il avait reçu des menaces de mort comme Bouzina. Porochenko a déclaré après sa mort que l’enquête judiciaire était sous son contrôle personnel… un étrange gage de probité qui augure que l’enquête sera vite enterrée et bâclée.

Car les meurtres se généralisent, le 14 mars dernier c’était le tour du procureur général du district de Malinovsky, Sergueï Mellick qui fut projeté du neuvième étage du balcon d’un immeuble à Odessa. La police avait tenté de manipuler les journalistes en affirmant qu’il s’agissait d’un suicide, mais l’interrogatoire des voisins a montré qu’ils avaient appelé les forces de l’ordre, alarmés d’entendre dans l’appartement concerné des bruits de lutte. Le procureur avait en fait été sévèrement battu avant sa mort. Les autorités après avoir classé l’affaire comme étant un suicide, avaient ensuite tourné casaque et arrêté dans l’instant un « ancien policier du nom de K. » sans plus de précisions. Le 9 mars fut retrouvé mort à son domicile à Oukraïnka non loin de Kiev, Stanislav Melnik (1961-2015) un ancien député du Parti des régions tué par balle et dont la police comme le précédent a conclu immédiatement au « suicide ». Il était né près de Tcherkassy et avait fait des études d’ingénieur. Il avait été conseiller municipal de la ville de Donetsk entre 2002 et 2006, élu député à la Rada pour le Parti des régions en 2006, 2007 et 2012, directeur général d’une société à Donetsk, membre du parti depuis mai 2006 et à l’Assemblée membre de la commission pour la politique agraire. Le 28 février 2015, un autre ancien député du Parti des régions, Mikhaïl Tchetchetov fut retrouvé mort à Kiev en se jetant du 17e étage de son appartement, la police concluant laconiquement à un suicide. Le 26 février 2015, c’était le tour d’un autre ancien député du Parti des régions, ancien maire de Zaporojié, Alexandre Peklouchenko retrouvé mort à son domicile et dont les autorités ont aussi conclu au suicide. Le même jour le directeur adjoint de la police de Melitopol, Alexandre Bordiouga fut retrouvé mort dans son garage, sans doute également « suicidé ». La veille, dans la même région, le maire de Melitopol, Sergueï Valter s’était pendu avant son procès. Le 29 janvier 2015, Alexeï Kolesnik, ancien président du gouvernement de la région de Kharkov, également membre du Parti des régions est retrouvé pendu, l’enquête conclura à un suicide… Le 26 janvier 2015, Nikolaï Sergienko, ancien directeur adjoint des Chemins de fer ukrainiens , membre du Parti des régions est éconduit de son poste par le gouvernement de Kiev; le 16 avril 2014 il  fut retrouvé mort, selon la police suicidé avec une arme de chasse, l’affaire fut classée.

Il y a parfois en effet des séries noires et des hasards, mais Mesdames et Messieurs les journalistes, combien vous faudra-t-il de morts d’opposants en Ukraine pour que vous reconnaissiez enfin la nature du régime de Porochenko ? Quel salaire, quelle prime de fin d’année, quelle carrière, quel poste, quel pouvoir d’achat vous empêche-t-il, malgré vos brillantes études de faire votre travail ? Devra-t-on dans le futur être pris de vomissements en entendant le nom de « journaliste » ? Pourrez-vous longtemps cacher votre suffisance et votre supériorité de façade, pourrez-vous longtemps et éternellement à longueur d’articles ne nous servir qu’une propagande éhontée et servile ?


- Source : Novorossia

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