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Sommet des Amériques: A Panama, un Continent s'est révolté

Auteur : Aram Aharonian | Editeur : Walt | Jeudi, 16 Avr. 2015 - 15h34

Les présidents latino-américains ont profité de la présence de leur homologue nord-américain Barack Obama pour le réprimander pour la politique de son gouvernement en ce qui concerne les pays de la région. Le président bolivien a rendu Washington responsable du fait que le septième Sommet des Amériques, à Panama, se soit clôturé sans document final. « Je regrette beaucoup de dénoncer au monde entier le fait qu’il n’est pas possible que le Gouvernement des Etats-Unis, avec un certain pays, quittent cette rencontre sans document, sans résolution », a déclaré en clair Evo Morales.

Ce qui est sûr, c’est qu’il y a eu un score de 33 à 2. Les chanceliers des 33 pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, après approbation de leurs chefs d’Etat, étaient d’accord avec l’approbation du document, mais pas 2 du nord; les Etats-Unis et le Canada, ont dit non car ils pensent que la santé n’est pas un droit de l’homme, ils font des réserves sur le transfert de technologies (ils couvrent nos pays avec la leur) et on ne devait pas exiger la levée des sanctions des Etats-Unis envers le Venezuela. Le document n’a pas pu être approuvé parce que, selon les normes de l’OEA, il doit y avoir consensus. C’est pourquoi, ce fut un score de 33 à 2.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro, Evo Morales et leur homologue équatorien Rafael Correa, respectivement, ont mis l’accent sur les sanctions économiques imposées au Venezuela et sur l’ingérence que les Etats-Unis exercent sur les pays de la région. La présidente argentine, Cristina Kirchner, a aussi critiqué le décret états-unien qui qualifie le Venezuela de menace pour la première puissance mondiale, qu’elle a appelé « une injustice et un malheur ».

Peu avant le début du Sommet, les Etats-Unis ont essayé de « faire baisser » la tension provoquée par le décret signé par Obama disant que « le Venezuela constituait un danger pour la sécurité des Etats-Unis ». Thomas Shannon, délégué d’Obama, a rencontré le Président du Venezuela pour lui dire que « les Etats-Unis ne croient pas que le Venezuela représente une menace pour notre sécurité nationale », niant le contenu du décret en question.

La fermeté avec laquelle ont répondu les peuples et plusieurs gouvernements de notre Amérique et les 11 millions de signatures vénézuéliennes demandant l’annulation de ce décret ont motivé cette « retraite tactique » – vraisemblablement dû aux circonstances – de la diplomatie nord-américaine.

Pour la presse hégémonique, le plus important fut la photo de la « conversation informelle » de Raúl Castro et Barak Obama, après 56 ans de « divorce » entre les deux pays. Le président cubain l’annonçait ainsi: « Nous sommes disposés à discuter de tout. Mais pour avancer, il va nous falloir de la patience, beaucoup de patience. Nous pouvons nous persuader de certaines choses. D’autres non. »

Le chancelier cubain Bruno Rodríguez a dit que les deux pays comprennent le processus de normalisation des relations en deux étapes. La première comprend l’exclusion de Cuba de la liste des organisations terroristes, du point de vue du gouvernement de Washington et la normalisation des services bancaires du bureau des intérêts de Cuba aux Etats-Unis, bloqués depuis l’année dernière.

La seconde étape devra aborder la levée du blocus commercial, l’ouverture des ambassades dans les deux capitales, la fermeture de la base militaire de Guantánamo et des mesures concrètes pour que les Etats-Unis cessent de promouvoir des changements intérieurs dans la vie politique de Cuba. Le chancelier a affirmé qu’il y aura une seconde ronde présidentielle de négociations… « bientôt, très bientôt ». Tout le reste est un feu d’artifice.

« Nous ne voulons plus les doctrines Bush. Laissez de côté les discours de double morale du passé. Laissez de côté les menaces, les chantages, les pressions qui tombent sur nos gouvernements depuis le Capitole ou la Maison Blanche » a demandé Morales à Obama à la fin de son discours.

Correa aussi a célébré la présence de Cuba au forum et les négociations de rapprochement diplomatique avec les Etats-Unis. Cependant, il a aussi repris l’idée que « le blocus commercial inhumain et la restitution du territoire de Guantánamo sont encore en suspens. »

Les Etats-Unis ont perdu le contrôle

Comme couronnement, il est clair que ce n’est déjà pas Washington qui réalise l’agenda latino-américain et caribéen même si il peut encore l’influencer. Par chance, nous ne sommes plus ceux d’il y a 21 ans quand, en décembre 1994, le beau Bill Clinton annonçait au premier Sommet des Amériques à Miami que tous les pays du continent (et pour notre bien), devaient faire partie de l’ALCA…

Il y a 10 ans, en profitant de l’effondrement du modèle soviétique, il commença à imposer l’hégémonie du libre marché – sous sa seule conduite – comme unique modèle possible pour son arrière-cour, dans une voie irréversible. Ce modèle comprenait la dépendance économique, politique et aussi militaire. En cette année 1994, Clinton ordonna une inspection des centres de Renseignement, de contrôle et de commandement impliqués dans les opérations anti trafic de drogues et établit 3 Forces de Travail conjoint entre Agences: Ouest, Est et Sud.

Mais les changements latino-américains ont commencé avec Hugo Chavez comme locomotive. En 2001, il rendait compte dans la déclaration finale du Sommet du Québec du fait qu’on s’opposait à l’ALCA. Et les manifestations anti-mondialisation commençaient à grandir dans les rues du monde entier occidental. En 2005, à Mar del Plata, il y eut le surprenant Non à l’ALCA de Chavez, Lula, Kirchner.

Peut-être après ce sommet de 2015 pourra-t-on mesurer combien on a avancé dans l’intégration politique des pays latino-américains et des Caraïbes et dans quelle mesure la région s’est dégagée de la subordination au pôle de pouvoir que représentent les Etats-Unis dans la perspective d’un nouveau schéma de coopération basé sur l’indépendance, la souveraineté nationale et régionale et la multipolarité.


- Source : Aram Aharonian

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