Que cherche DAESH en Libye ?

A question simple, réponse simple : rien. Et d’abord, qui sont-ils ? Sont-ils Libyens, arabes du Golfe, des rescapés des Frères musulmans d’Egypte, des talibans en rupture de bans, des Tchétchènes, des Italiens, des Français… ? Personne n’en sait absolument rien. Ce sont juste des islamistes. On ne leur accorde même plus d’idéologie fanatique. Pas la moindre velléité d’émirat, ni la plus petite étincelle de charia au programme. De programme, il n’y en a point. Leur seule raison d’être c’est d’être là et de représenter une menace, une menace qu’ils sont tenus d’entretenir tous les jours, obligeant les pays voisins à réagir, et les autres pays du reste du monde à tenir compte de leur existence et à adapter leur politique aux lubies du groupe.

Certains veulent les présenter comme des factions rebelles. Qui dit rebelle, dit objectifs politiques. Quel rapport y aurait-il alors entre des rebelles libyens (ou de n’importe quel autre pays) avec l’Etat Islamique supposé être animé par une idéologie religieuse, dans un contexte complètement différent ? De même, quel rapport peut-il y avoir entre un groupe comme Boko Haram semant le chaos dans divers pays d’Afrique pré-désignés pour un changement de régime et les rebelles libyens, ou les voyous de Bagdadi en Irak ? L’Islam, disent leurs créateurs. Ah bon ? Ce ne serait donc plus des rebelles ayant des visées politiques ?

Qu’ils soient djihadistes, islamistes, rebelles, pirates ou simples terroristes anonymes, ils ont été lancés à la face du monde par la même fabrique comme n’importe quel produit de grande consommation, avec les mêmes méthodes marketing et de communication que pour un baril de lessive ou un dessert lacté, avec un choix de noms évocateurs comme ISIS (déesse mythique de l’ancienne Egypte) ou à consonance très orientale comme Al Qaida, nom dont même les compagnons de Ben Laden n’étaient pas au courant qu’il les désignaient, mais qu’ils ont fini par adopter à force de s’entendre s’appeler ainsi, ou carrément DAESH (ou comment recycler un nom de lessive qui a marché. Il faudra chercher à qui vont les royalties), le tout accompagné d’un slogan caractéristique de la marque, « Allahou Akbar » qui, à lui tout seul dit tout à force d’être répété ad nauseam dans des spots sans queue ni tête qui n’ont d’autre raison d’être que de placer les slogans accompagnant des images choc.

Le cynique dans l’affaire, c’est que le produit est vendu principalement aux occidentaux, alors que le tournage des spots et la mise en œuvre des démos se fait presque entièrement en dehors de l’Occident. Dans une pub, la crédibilité des historiettes des spots n’a aucune importance, Seuls la force des slogans et le choc des images comptent. Il en est de même avec le produit ISIS-DAESH-AL-QAIDA, mais cette fois avec de vrais morts, délibérément sacrifiés par les concepteurs du produit.