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Vote protestataire en Italie, vers un Parlement bloqué

Auteur : | Editeur : Admin | Mardi, 26 Févr. 2013 - 10h27

ROME (Reuters) - La puissance du vote protestataire aux élections de dimanche et lundi en Italie, après une année de politique d'austérité, menace le pays d'une impasse politique, aucune alliance ne semblant assez forte pour former un gouvernement stable.

Après dépouillement de plus des deux tiers des bulletins de vote, les projections donnent le centre gauche de Pier Luigi Bersani légèrement en tête à la Chambre des députés, devant le centre droit de Silvio Berlusconi qui fait un retour en force inattendu.

Mais aucun des deux blocs ne semble en mesure d'avoir une majorité au Sénat, la chambre haute du Parlement, dont le rôle en Italie est aussi important que celui de la Chambre des députés.

Les marchés et les partenaires européens de l'Italie, avides de stabilité, craignaient un tel scénario pour la troisième économie d'une zone euro confrontée à la crise de la dette, au chômage et à la récession.

Ce vote de protestation est aussi un camouflet pour le président du Conseil sortant, l'ancien commissaire européen Mario Monti, dont l'alliance centriste n'arrive qu'en quatrième position, loin derrière le Mouvement 5 Etoiles du populiste Beppe Grillo, qui a axé sa campagne sur la dénonciation des "élites" pro-européennes et d'une classe politique "corrompue".

Ce scrutin marque aussi une forte déconvenue pour Pier Luigi Bersani, qui était donné grand favori à la fin de l'an dernier, avec à l'époque une avance de plus de dix points sur Silvio Berlusconi.

Le "Cavaliere", à 76 ans, fait un étonnant retour, alors que ses adversaires l'avaient pratiquement enterré fin 2011, quand le technocrate Mario Monti l'avait remplacé au palais Chigi.

Son alliance de centre droit, qui réunit le Peuple de la liberté (PDL), son parti, et les fédéralistes de la Ligue du Nord, est donnée en tête au Sénat, mais pas suffisamment pour avoir une majorité.

A la Chambre des députés, le centre gauche de Bersani devancerait les amis de Berlusconi d'environ un point de pourcentage. Une maigre avance mais suffisante pour y avoir la majorité car la formation ou l'alliance arrivée en tête au palais de Montecitorio se voit automatiquement attribuer une majorité de 340 des 630 sièges de députés.

"SITUATION INGÉRABLE"

Au Sénat, les choses sont différentes. Les projections de la RAI, la télévision publique, donnent au centre droit de Berlusconi 112 sénateurs, et 105 au centre gauche. Les amis de Beppe Grillo rafleraient 64 sièges et ceux de Monti, après une campagne décevante, seulement vingt. La majorité au Sénat est de 158 sièges.

Au Sénat, la loi électorale en vigueur depuis 2005 prévoit également une prime au parti arrivé en tête, mais sur une base différente, régionale et non nationale. Les 315 sièges sont attribués région par région en fonction du poids démographique.

Les projections montrent que plus de la moitié des électeurs se sont ralliés aux plates-formes anti-européennes de Berlusconi et de Grillo.

La gauche et le centre ont souligné qu'un tel résultat risquait de rendre le pays ingouvernable - avec à la clé de nouvelles élections dans un avenir proche.

"Ces projections laissent à penser que nous nous dirigeons vers une situation ingérable, un pays ingouvernable", a dit Mario Secchi, l'un des candidats de l'alliance centriste de Mario Monti.

Pour Stefano Fassina, économiste du centre gauche, même constat: "Il ne pourra pas y avoir de gouvernement stable et nous devrons revoter", a-t-il dit.

Mais le numéro deux du Parti démocrate, Enrico Letta, a rejeté cette idée. Pour lui, la formation arrivée en tête à la Chambre des députés doit tenter de former un gouvernement. "Quel que soit le vainqueur, celui-ci a la responsabilité de faire les premières propositions au chef de l'Etat" Giorgio Napolitano, a-t-il dit. "Un retour aux urnes se semble pas aujourd'hui la meilleure option à suivre", a-t-il ajouté.

Si les prévisions se confirment, le seul moyen de sortir de l'impasse serait peut-être une "grande coalition" entre la gauche et la droite, comme celle que Mario Monti a menée pendant un an, sous l'étiquette d'un gouvernement de "techniciens", mais qui a finalement cédé sous les coups de boutoir des amis de Berlusconi qui accusaient le "Professore" d'être au service de la chancelière allemande Angela Merkel et de sa politique de rigueur.

Un tel scénario de "grande coalition" a toutefois été écarté pendant la campagne par les intéressés.

Avec Stefano Bernabei, Steve Scherer, Gavin Jones, Naomi O'Leary, Giuseppe Fonte et Lisa Jucca; Eric Faye, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français, édité par Pascal Liétout

 


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