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Dimanche, 05 Mai 2024

Internet, liberté d'expression: Tor, Mozilla et RSF à l'unisson contre la NSA.

Auteur : Guerric Poncet | Editeur : Walt | Samedi, 26 Juill. 2014 - 06h30

"Internet est absolument génial !" a martelé jeudi soir le responsable de Mozilla en Europe, Tristan Nitot. "Il faut le dire, parce que ça ne va pas durer", a-t-il immédiatement ajouté. L'éditeur du célèbre navigateur Firefox avait invité deux grands représentants des libertés sur Internet, Tor et Reporters sans frontières (RSF), pour s'exprimer sur la surveillance menée par les agences de renseignements, notamment au sein des grandes démocraties, comme l'a dénoncé l'ex-agent américain Edward Snowden.

Roger Dingledine, fondateur et directeur du réseau Tor, un système qui permet à tout internaute de surfer anonymement via un réseau de connexions éparpillées dans le monde, était la star de la soirée. Équipé de son tee-shirt à l'effigie de l'oignon violet (le symbole du réseau), d'un short et de chaussures de montagne, il a présenté son projet de réseau anonyme à une assemblée de geeks et de curieux. "La ligne devient de plus en plus floue entre les pays que l'on appelle mauvais et nos démocraties", a-t-il dénoncé. "En plus de protéger la vie privée, Tor permet de contourner la censure des États", s'est-il réjoui, citant là encore de grandes démocraties qui censurent le Net, comme l'Australie, les Pays-Bas ou la Suède.

Quatre pistes pour un Net meilleur

L'actualité influence énormément la vie du réseau Tor, dont l'utilisation est facilitée par le logiciel Tor Browser, dérivé de Firefox. "La tentative de contrôle d'Internet par l'État en Égypte, pendant le Printemps arabe, a doublé le nombre d'utilisateurs de Tor dans le pays !" a ironisé Roger Dingledine. En Irak et en Turquie, même scénario : chaque tentative des autorités pour restreindre l'accès a entraîné une explosion du nombre de connexions anonymisées. La Chine, avec sa cyberarmée de dizaines de milliers de hackers, a réussi à bloquer l'accès aux 6 000 relais primaires du réseau depuis son territoire. Qu'importe ! Tor a mis en place des "bridges", des relais furtifs qui ne sont pas listés dans le programme. Même pas mal, comme on dit... 

L'agence nationale de sécurité américaine, la NSA, et son équivalent britannique, le GCHQ, "ont exploré des possibilités pour détruire Tor", selon Roger Dingledine. Pour preuve, ils ont administré certains relais du réseau, "mais seulement pendant quelques semaines", a-t-il rassuré. "Et puis ils n'ont pas besoin de relais pour attaquer le réseau", a-t-il précisé. En réponse, Tor développe de nouveaux protocoles pour "donner au trafic de Tor l'apparence d'un trafic normal". Le but est de "noyer dans la masse" les connexions anonymisées et de rendre plus difficile un blocage, mais "c'est très compliqué", a reconnu le patron de Tor. 

L'utilisation de Tor explose, au fur et à mesure des atteintes à la liberté d'expression en ligne.

"Tous les journalistes, citoyens journalistes et blogueurs souffrent de la surveillance, dans les États démocratiques comme dans les États despotiques", a regretté Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. "La protection de la vie privée est le corollaire de la liberté d'expression", a-t-il rappelé, citant un rapport de l'ONU. Face au bulldozer de la surveillance massive, Tristan Nitot reste combatif : "On n'a qu'à construire le futur qu'on veut, plutôt que ce qui nous est donné !" Pour cela, quatre pistes, selon lui : le chiffrement massif, le logiciel libre, la décentralisation des données et un nouveau modèle économique pour remplacer celui de la publicité ciblée. Quatre pistes sur lesquelles Tor promet nombre de choses.... Ça tombe bien !


- Source : Guerric Poncet

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