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Jeudi, 16 Mai 2024

« Ne touchez pas à la Russie ! » Le député de l'Oise s'insurge

Auteur : Alexandre Artamonov | Editeur : Walt | Samedi, 12 Juill. 2014 - 02h18

Jean-François Mancel, député français de la 2ième circonscription de l’Oise, membre de la commission des finances de l’Assemblée Nationale s’est insurgé contre l’hallali lancé contre les députés et hommes politiques russes, nullement immiscés dans la crise ukrainienne mais soigneusement poursuivis pas les sbires européens aux petits soins des intérêts américains en Europe.

La Voix de la Russie. Vous avez protesté contre les sanctions prises à l’encontre du président de la Douma russe M. Narychkine et d’autres personnalités de la Russie. Vous avez qualifié cette mesure d’anticonstitutionnelle et aviez adressé votre question au premier ministre.

Jean-François Mancel. En fait, après ce qui s’est passé en Ukraine, l’UE a décidé de prendre des sanctions à l’égard d’un certain nombre de responsables russes. J’ai constaté que parmi ces responsables russes il y avait le président de la Douma M. Narychkine dont la francophilie est parfaitement connue. Et par ailleurs il est titulaire de la Légion d’Honneur et Président de la section des membres de la Légion d’Honneur russe ! Cette situation m’a paru tout à fait aberrante compte tenu des liens qu’il y a avec notre pays ! J’ai donc demandé au ministre des Affaires Etrangères en lui adressant une question parlementaire… D’abord quel était le fondement juridique des sanctions prises par l’UE. Secundo, la France s’y était-elle associée délibérément ? Et troisièmement, a-t-on conscience qu’on avait sanctionné, d’une manière que l’on peut qualifier de quasi grotesque, un responsable russe qui ne le méritait certainement pas ! J’attends pour l’instant la réponse du ministre des Affaires Etrangères, car je crois que c’est important qu’il nous dise exactement ce qu’il en est à la fois sur le plan juridique mais aussi sur le plan politique et sur le plan de l’amitié qui existe entre de nombreux ressortissants russes et la France.

LVdlR. Qu’en est-il, selon vous, de la guerre du dollar livrée par les Américains aux banques françaises ? S’agit-il de punir la France pour sa coopération avec la Russie, notamment pour le contrat des Mistrals comme l’avait préconisé le président Poutine en prenant la défense des banques françaises ?

Jean-François Mancel. En fait la vérité est entre les deux. Il est clair que les Etats-Unis sont souvent très forts mais ça se comprend : le rôle de chaque pays consiste à défendre en priorité ses intérêts. Et puis par ailleurs il faut reconnaître que BBNP Paribas, banque directement concernée, a affiché quelques erreurs assez graves au niveau de la gestion bancaire. Il semblerait que ses dirigeants furent alertés à de très nombreuses reprises sur l’ambigüité de leur situation compte tenu des opérations auxquelles ils se livraient, mais ils n’ont pas obtempéré. Par ce fait ils se sont retrouvés dans une situation qu’ils reconnaissent aujourd’hui ; Elle est particulièrement gênante et vraisemblablement très coûteuse ! Cela étant il est clair que nous sommes confrontés à un affrontement qui ne date pas d’aujourd’hui entre, d’un côté le dollar qui veut rester la monnaie numéro un du monde, et de l’autre côté l’euro qui malgré les difficultés essuyées après la crise financière de 2008, est une monnaie qui aujourd’hui compte de plus en plus dans le monde entier et qui constitue de plus en plus les réserves monétaires de très nombreux pays. Et comme j’avais été un partisan très fort de la monnaie européenne, je crois que l’Europe ne doit pas faire preuve de l’humilité dans ce domaine. C’est une monnaie puissante, forte qui intéresse le monde entier… Elle ne doit pas éviter à s’exprimer à son sujet. Ce qui nous manque c’est d’avoir un peu plus d’Europe que d’avoir moins d’Europe !

LVdlR. Que pensez-vous de l’attitude de l’UE à l’égard du dossier ukrainien ?

Jean-François Mancel. Dans la crise ukrainienne - hélas ! – l’Europe a complètement raté ses objectifs si elle en avait. C’est que nous souffrons d’un déficit d’Europe. Il est clair qu’il n’y a pas de leader européen aujourd’hui. En ce qui concerne l’affaire ukrainienne, il n’y a pas eu de leader européen qui se soit imposé notamment pour entamer une discussion, comme vous le savez, cela a été le cas avec Nicolas Sarkozy et l’affaire géorgienne pour entamer une discussion avec la Russie et pour trouver des solutions qui auraient permis à chacun de sortir la tête haute de cette crise.

L’Europe a été vraiment très inefficace, pleine de contradictions, peu audible… Elle a donné le sentiment aussi qu’elle était à la remorque des Etats-Unis dans cette crise alors que cela se passait sur le territoire européen. A partir de là je réclame évidemment beaucoup plus d’Europe. Je regrette que nous n’ayons plus de leader comme l’a été Nicolas Sarkozy à son époque ce qui permettait aux Européens de se retrouver dans l’attitude énergique, volontaire, courageuse qui était la sienne. Je crois qu’il est d’intérêt européen général d’avoir un dialogue important avec la Russie pour être capable de constituer avec la Russie des liens très forts. La Russie est un pays largement européen pour une part de son territoire et avec lequel l’Europe doit compter. C’est la raison pour laquelle s’opposer de manière fort heureusement diplomatique mais vive comme on a pu le constater au cours des derniers mois avec ses sanctions un peu aberrantes, n’est certainement pas la bonne méthode ! Je crois que nous avons vraiment intérêt à réfléchir à une coopération très forte et des liens le c as échéant institutionnels très forts entre la Russie et l’Europe. Nous représentons deux très grandes puissances qui ont tout à gagner à bien vivre ensemble plutôt que de s’opposer !

Commentaire de l’Auteur. Il est vrai que la Russie a longuement attendu ce mariage de raison avec l’Europe qui tergiversait et louvoyait pour enfin se désister au dernier moment en prenant le large avec les Américains… Cependant Vladimir Poutine, en sérieux prétendant, ne comprend pas l’Europe la volage dont le comportement a tout d’une femme hystérique qui préfère se faire maltraiter par un mari mal aimé mais ne peut déserter le foyer conjugal. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale l’Europe convola en noces officielles avec les Etats-Unis mais à l’heure qu’il est cette union semble être caduque, car si on pousse la comparaison plus loin, le cowboy américain veut faire culbuter sa femme pour toucher son héritage. A l’échelle macro-économique, cela veut dire que les States n’ont plus besoin du Vieux Monde qui les gêne : il impose sa morale dont ils n’ont que faire, il leur sert de concurrent… Bref, il est bon à se faire éliminer. La Russie, quant à elle, ne va pas attendre éternellement : l’Union Eurasienne se fera avec l’Inde, la Chine et le monde musulman. L’Europe, elle, sera transformée en paria du continent eurasiatique.


- Source : Alexandre Artamonov

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