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Dimanche, 28 Avr. 2024

La révolte paysanne est-elle une coproduction FNSEA-Macronie ?

Auteur : E&R | Editeur : Walt | Vendredi, 26 Janv. 2024 - 14h30

Au milieu du mouvement des agriculteurs, qu’il faut analyser à plusieurs niveaux, des phénomènes contradictoires émergent.

Comme toujours, sans trop simplifier, il y a le bas et le haut. Le haut, ce sont les militants de la FNSEA, ce syndicat proche du gouvernement de droite et dont les membres éminents profitent des prébendes de l’Union européenne. Un syndicat puissant, comme la CGT ailleurs, qui peut négocier des avantages sectoriels.

En bas il y a la petite paysannerie, celle qui est étranglée par l’industrie agroalimentaire, la grande distribution et les normes européennes, quasi strangulatoires. On dira qu’elle est de gauche, mais de gauche non écologiste, puisque les écolos font partie de ceux qui imposent ces fameuses normes « climatiques » et énergétiques, s’alignant objectivement sur les intérêts de l’agriculture dite verte.

Là encore, entre les écolos et le libéralisme, il y a congruence. certes, les Verts dénoncent les mesures pro-multinationales à la Monsanto, mais globalement, la Commission et les écolos sont partisans d’un greenwashing de l’agriculture, le fameux Pacte vert.

Les agriculteurs en colère, qu’on pourrait écrire agriculteursencolère, tant ça va ensemble, luttent donc, à l’instar des Gilets jaunes, pour leur survie. Pour certains, il s’agit d’une survie économique, sociale, physique même ; pour les autres, de la survie de méthodes de production dont l’oligarchie ne veut plus.

Ce qui nous a mis la puce à l’oreille, ce sont deux interventions : la première, du représentant d’un petit syndicat, qui a conchié les Gilets jaunes. 

La seconde, c’est celle du ministre de l’Intérieur en personne, sur TF1, obusier médiatique à l’impact maximum. On se frotte les oreilles pour y croire, quand on pense au traitement subi par les Gilets jaunes.

« Je suis habitué aux coups de sang légitimes de ceux qui souffrent et qui ne gagnent pas beaucoup d’argent. (...) On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS ».

Si l’on se réfère au mouvement des Gilets jaunes, massif, populaire et trans-courants au départ, puis gauchisé et neutralisé à l’arrivée, on remarque que le mouvement paysan de 2024 y ressemble mais avec les éléments politiques et chronologiques dans un autre ordre : droitisé et contrôlé au départ, il dérape à l’arrivée.

Si la grève n’a été déclenchée par la FNSEA, c’est elle qui négocie avec Attal-Macron, ce qui permet au gouvernement de se poser en pacificateur social à l’écoute des paysans. Or, comme souvent, la base déborde l’organisation oligarchique, et c’est ce qu’on peut voir avec l’incendie de la préfecture d’Agen.

Darmanin, par un non-interventionnisme très inhabituel, prouve que la Macronie va résoudre le problème par le haut, les choses étant peut-être même arrangées depuis le départ. Cela donnera à Attal l’imprimatur social dont il a besoin pour les 2 ans qui viennent et qui mènent à l’échéance 2027.

Tout cela se passe au-dessus de la vraie souffrance paysanne, qui va encore voir ses effectifs et revenus diminuer, sous la pression de l’oligarchie européiste, dont Macron est l’un des piliers.

Les blocages de routes ne sont pas factices, la menace sur Rungis et Paris avec ses 3 jours de vivres n’est pas factice, mais tout laisse à penser que le petit Attal va en sortir grandi : les ingénieurs sociaux lui ont concocté une Gilets jaunes sur mesure, contrôlée partiellement de l’intérieur et de l’extérieur. Sarkozy, en octobre 2005, avait lui aussi, avec son équipe de conseillers, provoqué et organisé l’incendie des banlieues pour l’éteindre (difficilement, quand même) et finir en vainqueur de l’ordre et de la sécurité à la présidentielle 2007.

Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas, dans ce soulèvement général, un vrai soulèvement, mais ce dernier, sincère, non contrôlé, est voué à l’échec. S’il n’est pas contrôlé par les organisateurs du mouvement, il sert leurs desseins, car les révoltés sont comme des chiens fous tenus, sans le savoir, en laisse. Leur violence, qui donne sa crédibilité au mouvement et leur force aux revendications, sert de fer de lance aux organisateurs. La politique est impitoyable.

Tout cela n’empêche pas un vrai débat autour de l’agriculture française, sa survie dans le libéralisme européiste, son poids politique par rapport à l’écologie, et sa lutte des classes interne. Un débat qui génère quelques règlements de comptes. 

Le reste, c’est du spectacle.

Pour rassurer ceux qui pleurent un MacDonald, la viande qu’on y sert n’est française qu’en apparence : la France ne produit plus assez de viande bovine pour toute la restauration rapide et les produits transformés. Elle vient surtout du Brésil et d’Allemagne, qui la vendent plus jeune, moins bonne et moins chère que nous.

Par ailleurs, cette opération spectaculaire est une réponse à un patron de fast-food qui n’a pas voulu servir des cafés aux grévistes, pas un démontage symbolique à la José Bové et sa Confédération paysanne.

On dirait que le pouvoir laisse la colère d’en bas s’exprimer pour faire baisser la tension (qui est réelle, ne l’oublions pas), résoudre le problème dans une grande mise en scène politico-sociale, et en sortir gagnant. L’avenir nous le dira. En revanche, si la population parisienne sous blocus commence à maigrir et mourir, après avoir mangé ses 2 millions de rats et les animaux du zoo de Vincennes, alors nous aurons eu tort.

Même BFM, la chaîne anti-Gilets jaunes, trouve la jacquerie cool !


- Source : E&R

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