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Dimanche, 28 Avr. 2024

L'annonce d'une possible confrontation directe entre l'OTAN et la Russie : acte politique ou élément de communication ?

Auteur : Karine Bechet-Golovko | Editeur : Walt | Lundi, 15 Janv. 2024 - 12h18

Des signaux de plus en plus précis, d'une escalade ultime du conflit en Ukraine vers une confrontation directe des pays de l'OTAN avec la Russie, parviennent de sources différentes. D'une part, la Grande-Bretagne vient de signer un accord de coopération avec l'Ukraine en matière de défense, qui prévoit une assistance mutuelle en cas d'agression. D'autre part, le Bild annonce que l'OTAN prévoit d'envoyer 300 000 militaires des pays de l'OTAN dans la zone de conflit, nous conduisant au maximum d'ici l'été 2025 à une guerre mondiale. 

Lors de sa visite surprise en Ukraine, le Premier ministre britannique a annoncé la signature d'un accord de coopération sans précédent dans le domaine de la défense. Cet accord, conclu pour 10 ans, prévoit des clauses classiques et in fine la prolongation de ce qui est déjà réalisé, à savoir la fourniture d'armement, la formation des Ukrainiens, la fourniture du renseignement, la propagande et l'entretien de l'infrastructure critique.

Mais cet Accord prévoit également une assistance mutuelle en cas d'agression. Et notamment du côté ukrainien :

"Les participants veilleront à ce que les capacités militaires de l'Ukraine soient telles qu'en cas d'agression militaire extérieure contre le Royaume-Uni, l'Ukraine soit en mesure de fournir une assistance militaire efficace. Les modalités, le format et la portée de cette assistance seront déterminés par les participants".

Le mirage de la possibilité d'une aide de l'Ukraine a rempli de joie le ministre ukrainien des Affaires étrangères, qui comme la grenouille se prenant déjà pour un boeuf, s'est exclamé :

"Ce n'est pas seulement le Royaume-Uni qui doit réagir dans les 24 heures en cas d'agression contre l'Ukraine, l'Ukraine protégera également son allié et partenaire en répondant dans les 24 heures d'une manière ou d'une autre pour soutenir le Royaume-Uni si la Russie veut attaquer notre ami, partenaire et allié".

La Russie n'agressera pas le Royaume-Uni, c'est une certitude. En revanche, elle ne se laissera pas non plus agresser. Et comme l'a rappelé Dmitri Medvedev, si cette "assistance mutuelle" va jusqu'à la dislocation de forces militaires britanniques en Ukraine, cela signifiera une déclaration de guerre contre la Russie. 

Notons, que cet Accord doit s'interpréter dans le cadre de l'intégration de l'Ukraine dans l'OTAN et dans le cadre de la coordination du commandement militaire avec les Etats-Unis et l'OTAN, comme cela est indiqué noir sur blanc :

"The UK is working with the US to develop the governance framework for the Capability Coalitions. All the Capability Coalitions will improve the interoperability of Ukrainian and NATO forces".

Or, l'OTAN est en train de modifier sa stratégie et prépare les pays membres de l'Alliance à une confrontation directe avec la Russie. Cela ne signifie pas que ces pays se plieront, que certains ne résisteront pas ou ne tenteront pas de résister, mais la volonté est affichée. Et dans cette idée, l'on voit se développer la volonté de restaurer la capacité industrielle de production d'armement en Ukraine, sous l'égide des pays atlantistes bien sûr.

En allant plus loin se pose la question de savoir ce qui se passera après la défaite de l'armée ukrainienne. Cette défaite est désormais plus ou moins sur toutes les langues : les pertes en hommes et en matériels sont énormes, les capacités de renouvellement seront bientôt épuisées. Que faire ? Des optimistes parlent déjà de la victoire de la Russie, espérant que par magie l'OTAN reconnaîtra sagement sa défaite et viendra négocier sa reddition - et son suicide, ainsi que celui des Etats-Unis.

Les fantasmes parfois se réalisent, par hasard, mais cela est extrêmement rare. Il y a des fortes chances que n'ayant plus rien à perdre, la guerre par procuration ayant atteint ses limites objectives depuis un certain temps, il faille passer à un stade supérieur : l'envoi de forces militaires atlantistes ouvertement dans le conflit. Pour "aider", "protéger", "défendre". Personne ne parlera de guerre avec la Russie, mais chacun la fera.

Selon le Bild :

"Le jour X", selon un document secret de la Bundeswehr, le commandant en chef de l'OTAN donnera l'ordre de transférer 300 000 soldats sur le flanc oriental, dont 30 000 soldats de la Bundeswehr.

L'escalade pourrait commencer, selon le journal allemand, dès février 2024, avec une activation d'une offensive de la Russie sur les positions ukrainiennes, provoquant un recul des forces de l'armée atlantico-ukrainiennes. Or, l'OTAN ne peut pas perdre en Ukraine. Dans le scénario alors prévu et décrit dans le Bild, l'armée allemande considère le corridor de Suwalki, entre la Biélorussie et la région russe de Kaliningrad comme le lieu le plus probable de lancement de la confrontation.

Cette annonce ouverte d'une possible confrontation directe entre l'OTAN et la Russie, est-elle d'un élément de communication ou d'un acte politique ? 

Un peu des deux. Il s'agit d'une part de communication, car c'est un message envoyé à la Russie : si vous passez à l'offensive et repoussez l'armée atlantico-ukrainienne déjà épuisée, on envisage la possibilité d'une intervention directe, dont on vous fera porter (une fois n'est pas coutume) la responsabilité. Mais c'est aussi un acte politique, car les Accords bilatéraux de défense commencent à se mettre en place entre les pays de l'OTAN et l'Ukraine, afin de donner une base juridique à l'intervention des forces armées de ces pays lorsque la décision sera prise.

Mettre une possible offensive de la Russie en sourdine, comme les faux pacifistes le soufflent déjà - si nous ne faisons rien, ils nous laisserons tranquilles, est une illusion de sortie de crise. Si la Russie ne remporte pas cette guerre, elle la perdra. Il n'y a pas d'autre alternative. Cette élite globaliste y travaille depuis la chute de l'URSS, elle veut terminer le travail laissé un temps en suspens. Et si la Russie perd ce combat, nous le perdons tous : la globalisation dans sa version totalitaire écrasera nos sociétés pour toute une période et réalisera la vision de Cioran dans Histoire et utopie :

"Le troupeau humain dispersé sera réuni sous la garde d'un berger impitoyable, sorte de monstre planétaire devant lequel les nations se prosterneront dans un effarement voisin de l'extase. L'Univers agenouillé, un chapitre important de l'histoire sera clos. Puis commencera la dislocation du nouveau règne et le retour au désordre primitif".

Certes, rien n'est éternel, le totalitarisme globaliste ne le sera pas non plus. Mais que restera-t-il alors de notre civilisation, si nous ne la défendons pas aujourd'hui ?  


- Source : Russie politics

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